La Finlande a annoncé jeudi fermer de nouveau l'intégralité de sa frontière avec la Russie, quelques heures après avoir rouvert deux postes-frontières, accusant Moscou d'orchestrer une crise migratoire. « Aucun passage de quelque nature ne sera autorisé par la frontière », a déclaré la ministre de l'Intérieur Mari Rantanen lors d'une conférence de presse.
Cette décision sera effective à partir de vendredi 20H00 (18H00 GMT) jusqu'au 14 janvier, a-t-elle ajouté. Helsinki accuse Moscou de délibérément laisser passer ces migrants, dénonçant une « attaque hybride » visant à déstabiliser la Finlande. Des accusations rejetées par le Kremlin.
La Finlande avait décidé mardi de rouvrir une partie de sa frontière avec la Russie pour « vérifier s'il y avait un changement pour le mieux », prévenant qu'il pouvait revenir sur sa décision si « la migration instrumentalisée » se poursuivait, selon le Premier ministre Petteri Orpo. Les deux postes-frontières ont rouvert ce jeudi à minuit.
Au moins 40 personnes ont traversé la frontière pour demander l'asile dans cette seule journée, ont rapporté les gardes-frontières finlandais. Ce qui a mené le gouvernement finlandais à faire immédiatement volte-face. « Le nombre de migrants a augmenté rapidement et le phénomène s'est accéléré plus vite que prévu », a insisté Mme Rantanen, estimant qu'il s'agissait d'une « menace pour la sécurité nationale ».
Près de mille demandeurs d'asile, notamment de Somalie, d'Irak et du Yémen, se sont présentés depuis début août aux postes-frontières entre les deux pays, selon les autorités finlandaises. « Il s'agit d'une activité organisée », avait souligné fin novembre le Premier ministre finlandais à propos de cette hausse.
La Finlande est tenue par le droit international de garantir que les migrants puissent demander l'asile, et ce droit ne peut être limité dans des circonstances exceptionnelles, selon des experts juridiques finlandais.
« Sentiments russophobes »
Plus tôt dans la journée de jeudi, Arthur Parfentchikov, le gouverneur de Carélie, une région russe frontalière de la Finlande, a indiqué qu'il y avait « des groupes de migrants parmi les gens qui souhaitent traverser la frontière ».
« Nos forces de l'ordre vérifient leurs documents. Les personnes dont les passeports ont été contrôlés et jugés non conformes sont emmenées dans des postes de police (...) Les autres sont autorisés à passer le poste de contrôle par petits groupes », a-t-il précisé.
Pour Helsinki en revanche, cela est un « signe que les autorités russes poursuivent leur opération hybride contre la Finlande », a fait valoir Mme Rantanen en conférence de presse. Les gardes-côtes russes poussent les migrants vers la frontière, assurent les autorités finlandaises.
« Les autorités finlandaises commencent à trouver des excuses maladroites, attisant les sentiments russophobes », a répliqué en novembre la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Les relations entre les deux voisins, qui partagent une frontière longue de 1.340 kilomètres, se sont considérablement détériorées depuis février 2022 et l'offensive russe en Ukraine, une attaque qui a conduit la Finlande, inquiète pour sa sécurité, à rejoindre l'Otan en avril 2023.
Moscou avait alors promis de prendre des « contre-mesures » après cette adhésion. Anticipant que son voisin pourrait utiliser les migrants comme moyen de pression politique, la Finlande a commencé en février à construire une clôture de 200 kilomètres le long de sa frontière russe.
Les plus commentés
Berry à L'OLJ : La 1701, rien que la 1701
Scène apocalyptique à Nabatiyé : l’aviation israélienne détruit des souks plusieurs fois centenaires
Khamenei désormais seul face à l’abîme