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Moyen-Orient - Repère

Ce qu’il faut savoir sur la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur Gaza

Adopté par 12 voix pour et 3 abstentions, le texte « appelle à des pauses et couloirs humanitaires étendus et urgents pendant un nombre de jours suffisant ».

Ce qu’il faut savoir sur la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur Gaza

Des Gazaouis marchent au milieu d’un site détruit par une frappe israélienne sur une maison à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 15 novembre 2023. Ibraheem Abu Mustafa/Reuters

Incapable jusqu’à présent de parvenir à un consensus, miné par ses fortes divisions sur la question israélo-palestinienne, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté mercredi par 12 voix pour et 3 abstentions une résolution préparée par Malte sur Gaza, après le rejet de quatre projets concurrents depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre. Les propositions précédentes avaient notamment été rejetées en raison de divergences sur l’appel à un cessez-le-feu, absent du texte adopté, tandis que s’intensifie la campagne militaire terrestre de l’État hébreu dans l’étroite langue de terre – plus de 11 000 morts palestiniens selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.

Les faits

• Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté mercredi par 12 voix pour une résolution préparée par Malte, qui « appelle à des pauses et couloirs humanitaires étendus et urgents pendant un nombre de jours suffisant », en vue d’apporter une aide humanitaire aux civils pris au piège dans l’enclave palestinienne. Le nombre de jours « suffisant » n’est pas précisé dans le texte, qui insiste sur « la garantie d’un accès humanitaire immédiat ».

• Les États-Unis, plus proches alliés d’Israël, le Royaume-Uni et la Russie se sont abstenus. Pour être adoptée, une résolution requiert neuf voix pour et aucun veto – un droit réservé aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU – États-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Chine.

• Insistant sur la protection des enfants – un habitant sur deux est âgé de moins de 18 ans à Gaza –, le texte « exige que toutes les parties respectent leurs obligations en vertu du droit international, surtout concernant la protection des civils, en particulier des enfants ». Il appelle également à « la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages détenus par le Hamas et d’autres groupes », en référence notamment au Jihad islamique.

• Expliquant ce qui a motivé l’abstention de son pays, l’ambassadrice des États-Unis, Linda Thomas-Greenfield, s’est dit horrifiée par le fait que certains membres du Conseil « ne parviennent toujours pas à se résoudre » à condamner les actes perpétrés par le Hamas contre Israël le 7 octobre. Même son de cloche du côté de Londres, alors que l’ambassadrice et représentante permanente du Royaume-Uni, Barbara Woodward, a ainsi justifié l’abstention de sa délégation. Et d’ajouter : « Nous continuerons à travailler avec les membres du Conseil pour résoudre cette crise » et créer un horizon pour « faire de la solution à deux États une réalité ».

• De son côté, Moscou a notamment justifié son abstention par l’absence de disposition appelant à un cessez-le-feu. « Les pauses humanitaires ne peuvent pas remplacer un cessez-le-feu ou une trêve », a déclaré l’ambassadeur russe Vasily Nebenzya.

• Cette position est également défendue par Riyad Mansour, l’ambassadeur de l’État de Palestine, pour qui le Conseil aurait déjà dû appeler à un cessez-le-feu et « au moins faire écho à l’appel de l’Assemblée générale en faveur d’une trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue conduisant à la cessation des hostilités ». Le 27 octobre, l’Assemblée générale avait adopté à une large majorité un texte non contraignant exigeant une « trêve humanitaire immédiate », Washington et Israël ayant voté contre en ce que le Hamas n’était pas mentionné.

• L’État hébreu a, pour sa part, immédiatement fustigé l’adoption de la résolution, estimant qu’elle était « détachée de la réalité », selon l’ambassadeur d’Israël aux Nations unies. « Il est regrettable que le Conseil continue d’ignorer et refuse de condamner ou même de mentionner le massacre perpétré par le Hamas, a déclaré sur X (anciennement Twitter) Gilad Erdan. Israël continuera d’agir jusqu’à ce que le Hamas soit détruit et que les otages soient rendus. »

Le contexte

• Le vote de mercredi intervient plus de cinq semaines après la triple incursion du Hamas en territoire israélien, suivie d’intenses bombardements et d’une campagne terrestre de l’État hébreu dans l’enclave palestinienne. Jeudi matin, l’armée israélienne poursuivait son opération dans le principal hôpital de Gaza, où s’entassent des milliers de civils déplacés.

• Aux prises avec un siège total ordonné par Israël le 9 octobre, la bande de Gaza voit les camions d’assistance humanitaire arriver au compte-gouttes depuis la reprise partielle de l’acheminement de l’aide le 21 octobre. Mercredi, le chef des opérations humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths, a indiqué qu’Israël avait décidé de ne pas limiter le nombre de camions autorisés à pénétrer dans l’enclave palestinienne, ajoutant que l’ONU disposait d’environ 460 camions en attente dans la ville égyptienne d’el-Arish, proche du point de passage de Rafah.

• Le premier camion de carburant est également entré le même jour à Gaza depuis l’Égypte, livrant un peu plus de 23 000 litres, une quantité jugée largement insuffisante par l’ONU. « Cela ne représente que 9 % de ce dont nous avons quotidiennement besoin pour soutenir les activités vitales », a indiqué sur X le responsable de l’Unrwa à Gaza, Thomas White, ajoutant qu’Israël a restreint l’utilisation de ce carburant « pour le transport de l’aide humanitaire ».

• Première résolution adoptée par le Conseil depuis fin 2016 sur le dossier israélo-palestinien, le texte de mercredi fait suite à l’échec de quatre projets soumis au vote dès le 7 octobre. Des projets contre lesquels la Russie et la Chine d’un côté, et les États-Unis de l’autre, ont respectivement opposé leur veto.

• Les négociations de ces dernières semaines piétinaient notamment sur le terme employé pour réclamer l’interruption de la guerre, tandis que des sources diplomatiques citées par le journal Le Monde ont indiqué que Washington s’était notamment opposé à toute référence à un cessez-le-feu.

• Selon une version précédente de la résolution adoptée mercredi, à laquelle l’AFP a eu accès, une pause initiale de cinq jours consécutifs dans les 24 heures suivant le vote était exigée, le texte retenu s’étant contenté d’une formule large d’un « nombre de jours suffisant ».

Les enjeux

• Si elle ne figure pas dans le texte, l’adoption d’un cessez-le-feu à Gaza pourrait aboutir prochainement. Selon trois sources au fait des négociations citées par le site Axios, les négociations entre Israël et le Hamas sur un éventuel accord de libération des plus de 240 otages détenus à Gaza se concentrent sur le nombre de jours que l’État hébreu accorderait pour un cessez-le-feu en échange du retour de ses ressortissants.

• Au cours des pourparlers menés par le Qatar depuis deux semaines, les médiateurs de ce pays du Golfe auraient présenté au gouvernement israélien deux propositions du Hamas. Tandis que la première a immédiatement été rejetée, la seconde – à l’étude – prévoit une pause dans les combats de cinq jours, au cours desquels 50 femmes et enfants détenus à Gaza seraient libérés le premier jour, suivis de 10 autres otages quotidiennement jusqu’à l’expiration du cessez-le-feu. Selon ces sources, Israël libérerait, en plusieurs groupes, des femmes, des adolescents et des personnes âgées palestiniens détenus dans ses prisons.

• Le vote de mercredi met également en lumière la légère inflexion de la position américaine vis-à-vis de son allié, ayant remis en question l’inconditionnalité de son soutien à l’État hébreu sur le plan humanitaire notamment, alors que la guerre fracture le camp démocrate. Les Américains n’avaient pas opposé leur veto, à la fin du mandat de Barack Obama en 2016, à la résolution 2334 du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la colonisation israélienne en Cisjordanie – dernier texte adopté sur le dossier avant celui de mercredi –, mais l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2017 avait marqué le retour du soutien inconditionnel de Washington à Israël.

Incapable jusqu’à présent de parvenir à un consensus, miné par ses fortes divisions sur la question israélo-palestinienne, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté mercredi par 12 voix pour et 3 abstentions une résolution préparée par Malte sur Gaza, après le rejet de quatre projets concurrents depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre. Les propositions...

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