Biden choisit l'architecte de sa politique chinoise comme numéro deux de la diplomatie américaine

La Maison Blanche a annoncé mercredi le choix de Kurt Campbell, architecte de la politique de fermeté de Joe Biden envers la Chine, comme futur numéro deux de la diplomatie américaine. Il faut désormais que le Sénat, où le président dispose d'une très mince majorité, confirme ce spécialiste de l'Asie au poste de secrétaire d'Etat adjoint.

Kurt Campbell est considéré comme le grand architecte de la politique de Joe Biden envers la Chine, avec laquelle les Etats-Unis ont des relations extrêmement tendues. A l'heure où l'exécutif américain est en première ligne face à la guerre en Ukraine et au conflit entre le Hamas et Israël, sa nomination signale que la rivalité avec Pékin reste, malgré tout, l'axe prioritaire de politique étrangère du président Biden.

Ce dernier a plusieurs fois dit qu'il voulait livrer à la Chine une concurrence acharnée, qu'elle soit idéologique, stratégique, économique ou technologique, tout en évitant que cette compétition ne se transforme en conflit. Dans les faits, cela s'est traduit par des investissements massifs dans l'appareil industriel américain, ainsi que par une activité diplomatique acharnée pour approfondir et élargir les alliances des Etats-Unis en Asie - ce que Pékin voit d'un très mauvais oeil.

Déjà très tendues, les relations entre les deux superpuissances se sont détériorées en début d'année, après le survol du territoire américain par un ballon chinois.  L'activité diplomatique a toutefois repris par la suite, et Joe Biden espère avoir un tête-à-tête avec son homologue Xi Jinping à la mi-novembre, en marge d'un sommet à San Francisco.

Kurt Campbell a fait son apparition sur le devant de la scène diplomatique et politique pendant la présidence de Barack Obama, articulant ce qui a ensuite été qualifié de "pivot" vers l'Asie de la politique étrangère des Etats-Unis. C'est d'ailleurs le titre de l'un des nombreux livres publiés par le diplomate. Personnalité incontournable sur la scène des "think tanks" de politique étrangère à Washington, fondateur d'une société de conseil, il a sillonné la région Asie-Pacifique pendant plusieurs années, et en a retiré la conviction que les Etats-Unis devaient prendre davantage au sérieux les ambitions chinoises.

Ce natif de Californie, qui est allé étudier la musique et la philosophie politique à Erevan quand l'Arménie était une république soviétique, est considéré par conséquent comme le représentant d'une ligne dure face à la Chine, ce qui lui vaut quelques sympathies dans le camp républicain. Kurt Campbell, qui comme de nombreux hauts fonctionnaires américains a fait des allers-retours entre le public et le privé tout au long de sa carrière, est l'époux de Lael Brainard, également une personnalité qui compte dans l'administration Biden. Elle préside le Conseil économique national, c'est-à-dire l'équipe de conseillers économiques de la Maison Blanche.