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Dernières Infos - Afghanistan

Libération d'un défenseur du droit à l'éducation des filles

Des élèves dans une école de Kaboul, le 23 mars 2022. Photo Ahmad SAHEL ARMAN / AFP

Un défenseur afghan du droit à l'éducation des filles dans son pays a été libéré jeudi après sept mois de détention par les autorités talibanes, qui avaient déjà relâché ce mois-ci plusieurs détenus dont les dossiers avaient été médiatisés à l'étranger. Matiullah Wesa, fondateur et président de l'organisation Pen Path, avait été arrêté fin mars dans la capitale en raison, selon sa famille, de ses activités dans le secteur de l'éducation.

Il a été remis en liberté jeudi après une audience judiciaire et « est sur le chemin du retour à la maison », a indiqué à l'AFP son frère, Attaullah Wesa, précisant n'avoir pas encore d'informations sur son état de santé. Depuis plus d'une décennie, PenPath oeuvre à promouvoir l'éducation dans les campagnes afghanes, aide à rouvrir les écoles pour filles et garçons fermées à cause des violences et à établir des bibliothèques. Depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans sont revenus à l'interprétation austère de l'islam qui avait marqué leur premier passage à la tête du gouvernement (1996-2001), et ont multiplié les mesures liberticides à l'encontre des femmes.

Ils les ont exclues des établissements d'enseignement secondaire et des universités, faisant de l'Afghanistan le seul pays au monde où l'éducation des filles est interdite après l'école primaire. Parmi les raisons avancées, le gouvernement avait estimé que les femmes, qui doivent porter le hijab couvrant entièrement le corps et la tête, n'étaient pas assez vêtues. Il avait également assuré que ces établissements leur seraient rouverts une fois qu'un programme d'enseignement islamique aurait été élaboré, ce qui n'a pas été le cas jusqu'ici.

Les femmes ont aussi été en grande partie bannies des administrations publiques, il leur est interdit d'entrer dans les parcs, jardins, salles de sport et bains publics, et elles sont obligées de se couvrir intégralement lorsqu'elles sortent de chez elles. Malgré l'interdiction des écoles secondaires pour filles, Matiullah Wesa continuait de se rendre dans les zones reculées pour faire comprendre aux habitants l'importance de l'éducation des filles.

Arrêté « pour propagande »

Attaullah Wesa a précisé que son frère avait été condamné à sept mois de prison « pour propagande contre le gouvernement », qu'il a purgés. « Mais il n'a pas été clarifié de quelle propagande il s'agissait », a-t-il ajouté. « Je ne sais pas comment réagir. J'ai à peine dormi et mangé depuis hier parce que je suivais son dossier », a-t-il dit. Les autorités afghanes n'ont pas immédiatement répondu aux demandes de commentaire de l'AFP.

L'arrestation de Matiullah Wesa avait suscité une réaction de l'ONU et un tollé de groupes de défense des droits humains, de diplomates et de célébrités telles l'actrice Angelina Jolie. Quelques jours avant sa libération, Index on Censorship avait attribué à Matiullah Wesa un prix récompensant la liberté d'expression. Les groupes de défense des droits humains ont rapidement salué sa remise en liberté et pressé le gouvernement afghan de libérer d'autres détenus, notamment les militantes féministes afghanes Zholya Parsi et Neda Parwani.

« Bonne nouvelle d'Afghanistan », a posté Amnesty International sur X (ex-Twitter). Matiullah Wesa « n'aurait jamais dû être emprisonné pour avoir défendu le droit à l'éducation des filles », a estimé l'organisation. Le rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits humains en Afghanistan, Richard Bennett, s'est aussi félicité sur X de cette nouvelle et a réclamé « la libération immédiate et sans condition de tous les défenseurs de droits humains en Afghanistan qui sont arbitrairement détenus ».  La mission de l'ONU en Afghanistan (Manua) avait annoncé fin septembre l'arrestation de Zholya Parsi et Neda Parwani avec des membres de leurs familles et les avait qualifiées de « profondément inquiétantes ».

Plusieurs prisonniers ont été relâchés ce mois-ci en Afghanistan. Le journaliste franco-afghan Mortaza Behboudi, détenu depuis le 7 janvier, est rentré en France la semaine dernière après avoir été acquitté par la justice talibane d'une série d'infractions, incluant l'espionnage, et le +soutien illégal à des étrangers+ ». Au début du mois, quatre Britanniques, dont un médecin et un YouTubeur emprisonnés depuis janvier avaient aussi été libérés et avaient pu quitter l'Afghanistan.

Un défenseur afghan du droit à l'éducation des filles dans son pays a été libéré jeudi après sept mois de détention par les autorités talibanes, qui avaient déjà relâché ce mois-ci plusieurs détenus dont les dossiers avaient été médiatisés à l'étranger. Matiullah Wesa, fondateur et président de l'organisation Pen Path, avait été arrêté fin mars dans...