Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Conflit

Israël se prépare à une invasion terrestre, les civils fuient


Des soldats israéliens patrouillent dans la ville de Sderot, dans le sud d'Israël, le 15 octobre 2023. Photo YURI CORTEZ / AFP

Israël se prépare dimanche à une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza, pilonnée sans relâche, pour anéantir le mouvement islamiste palestinien Hamas, responsable de l'attaque la plus meurtrière commise sur son sol, le 7 octobre.

« Nous sommes déployés le long de la bande de Gaza avec nos forces terrestres, nous nous préparons pour la prochaine étape de l'opération », a affirmé dimanche un porte-parole de l'armée, Jonathan Cornicus. Il a exhorté les Gazaouis vivant dans le nord du territoire --environ 1,1 million de personnes sur une population totale de 2,4 millions-- à fuir vers le sud au plus vite, tout en accusant le Hamas, qui s'oppose à cette évacuation, de ne pas « laisser les gens » partir.

Israël affirme cibler la ville de Gaza, au nord, pour y détruire le centre des opérations du mouvement islamiste palestinien, classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne. L'armée a annoncé dimanche la mort dans des frappes d'un troisième chef militaire du Hamas, responsables selon elle de l'attaque du 7 octobre.

Dimanche matin, des colonnes de fumée noire s'élèvent au dessus de la ville et des carcasses éventrées de ses immeubles. Plus de 1.300 personnes ont été tuées en Israël lors de l'attaque des commandos du Hamas, surtout des civils, dont des enfants et environ 150 personnes prises en otage, selon des responsables israéliens.

L'armée israélienne, qui a jusque-là identifié 120 personnes enlevées, a annoncé avoir retrouvé lors d'incursions dans le territoire « des cadavres » d'otages. Le Hamas a fait état de 22 otages tués dans les frappes israéliennes. La riposte israélienne a tué plus de 2.300 personnes, dont plus de 700 enfants, dans la bande de Gaza, un territoire pauvre contrôlé par l'organisation islamiste depuis 2007, et fait plus de 9.042 blessés, selon les autorités locales.

Des dizaines de milliers d'habitants de Gaza ont déjà gagné le sud, selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), et tentent d'y trouver abri, nourriture et eau. Au total, plus de 423.000 Gazaouis ont dû quitter leur foyer depuis le début des frappes, selon l'ONU. Les habitants de Sdérot, localité israélienne toute proche de Gaza sont aussi évacués dimanche.

« Deuxième Nakba » 

A Rafah, dernière localité avant l'Egypte, des familles entières s'entassent dans une école des Nations unies, sur des matelas à même le sol, a constaté un journaliste de l'AFP. Plus au nord, dans la cour de l'hôpital Nasser, à Khan Younès, se pressent des milliers de déplacés. « C'est un désastre, il n'y a rien à manger, nous ne savons pas où dormir, nous ne savons pas quoi faire et où aller », se lamente Juma Nasser, un quadragénaire.

Cette évacuation massive, et la perspective d'une offensive terrestre dans un territoire surpeuplé, désormais placé sous un strict siège, suscitent critiques et inquiétudes au sein de la communauté internationale. Samedi soir, le président américain Joe Biden a souligné au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, oeuvrer avec l'ONU et des pays du Moyen-Orient « pour veiller à ce que les civils innocents aient accès à l'eau, à la nourriture et aux soins médicaux ».

Plus tôt, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait réclamé un accès humanitaire « immédiat » à cette petite bande de terre, soumise à un blocus israélien depuis plus de 15 ans et désormais privée d'alimentation en eau, électricité et nourriture.

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a lui assimilé un tel « déplacement » à une « deuxième Nakba » ( »Catastrophe », en arabe), en référence à l'exode de quelque 760.000 Palestiniens à la création en 1948 de l'Etat d'Israël. Face au risque d'embrasement régional, les Etats-Unis ont annoncé samedi l'envoi d'un second porte-avions en Méditerranée orientale. L'ambassade des Etats-Unis en Israël a aussi annoncé dimanche que les ressortissants américains pourraient être évacués lundi par bateau du port israélien de Haïfa (nord) vers Chypre.

La perspective d'une extension du conflit à la frontière nord d'Israël avec le Liban concentre les craintes. Une personne a été tuée et d'autres ont été blessées dimanche dans le nord d'Israël par des tirs en provenance du Liban, a indiqué l'armée israélienne, précisant avoir frappé le territoire du pays voisin en représailles. Elle a fermé la zone frontalière aux civils. L'armée avait dit samedi avoir tué à cette frontière « plusieurs terroristes » tentant de s'infiltrer. Le Hamas a confirmé dimanche la mort de trois combattants infiltrés. L'armée a aussi indiqué avoir frappé samedi soir à l'artillerie la Syrie après des alertes aériennes dans la partie du plateau du Golan annexé par Israël en 1967.

Aide bloquée à Rafah 

Les Etats Unis ont appelé samedi la Chine, partenaire de l'Iran, à user de son influence pour une désescalade. Le président brésilien Lula et son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sisi se sont eux accordés sur la nécessité d'autoriser l'entrée d'aide humanitaire d'urgence à Gaza. L'Egypte contrôle la seule ouverture de Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien, le point de passage de Rafah, actuellement fermé.

L'aide humanitaire arrivée de plusieurs capitales s'y empile dimanche, dans l'attente. Le conflit a selon l'ONG Reporters sans frontières (RSF) coûté jusque-là la vie à 10 journalistes, dont sept tués à Gaza et au Liban. Un vidéaste de l'agence Reuters a été tué et six journalistes de l'AFP, Reuters et Al-Jazeera blessés vendredi dans des bombardements dans le sud Liban. L'armée israélienne a déploré ce décès, indiquant « enquêter » sur les responsabilités. L'armée libanaise l'a accusée d'être responsable du tir.

Le 7 octobre à l'aube, en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, des centaines de combattants du Hamas avaient infiltré Israël à bord de véhicules et par les airs depuis Gaza. Ils ont tué plus d'un millier de civils, semant la terreur sous un déluge de roquettes lors de cette attaque d'une ampleur inédite depuis la création d'Israël en 1948. Environ 270 personnes, d'après les autorités, ont été abattus ou brûlés dans leur voiture dans un festival de musique. Le conseiller à la sécurité nationale du gouvernement israélien a reconnu samedi des « erreurs » des services de renseignement en amont des attaques.

Israël se prépare dimanche à une offensive terrestre dans le nord de la bande de Gaza, pilonnée sans relâche, pour anéantir le mouvement islamiste palestinien Hamas, responsable de l'attaque la plus meurtrière commise sur son sol, le 7 octobre.« Nous sommes déployés le long de la bande de Gaza avec nos forces terrestres, nous nous préparons pour la prochaine étape de l'opération »,...