Des chauffeurs routiers occupaient depuis juillet une aire d'autoroute en Allemagne. Kirill KUDRYAVTSEV/AFP
Des chauffeurs routiers qui occupaient depuis juillet une aire d'autoroute en Allemagne ont mis fin à cette grève « sans précédent » après un accord avec leurs employeurs polonais, selon leur syndicat. « Toutes les réclamations à l'encontre des routiers de Gräfenhausen ont été retirées. L'argent a été payé et la grève est terminée », a écrit sur X (ex-Twitter) dans la nuit de samedi à dimanche Edwin Atema, qui appartient au syndicat néerlandais FNV représentant les routiers à travers l'Europe.
Originaires pour la plupart d'Ouzbékistan et de Géorgie - pour quelques-uns de Turquie, du Tadjikistan et d'Ukraine - quelque 80 hommes avaient monté en juillet un campement de protestation sur l'aire de Gräfenhausen, près de Francfort. Certains avaient affirmé s'être mis en grève de la faim. Routiers et employeurs avaient réciproquement porté plainte les uns contre les autres. « Un grand merci et respect à @AtemaEdwin », a de son côté écrit le ministre allemand SPD du Travail Hubertus Heil faisant allusion à la « résolution » du conflit de Graefenhausen, sur le réseau social.
Les grévistes assuraient ne pas être payés régulièrement - au tarif journalier d'environ 80 euros - et être soumis à des horaires de travail excessifs. Au total, ils réclamaient un demi-million d'euros d'impayés alors que leur employeur conteste tout manquement à ses obligations contractuelles. « Ces routiers étaient invisibles au sein de la chaîne des fournisseurs en Europe. Nous avons ouvert la voie à des changements fondamentaux. Ils ne sont plus invisibles. Ils sont invincibles », a ajouté M. Atema sur X.
Les chauffeurs travaillent pour plusieurs filiales du groupe de transport Mazur, qui compte une importante flotte et d'importants commanditaires. Dans un communiqué transmis à l'AFP pendant le conflit, le groupe avait assuré que tous les salaires avaient été payés « dans les délais » tandis qu'une récente visite de l'inspection du travail n'a « pas relevé d'irrégularités dans le paiement de salaires ». L'entreprise avait démenti également les allégations selon lesquelles elle exigeait de la part des chauffeurs des frais indus pour qu'ils obtiennent des visas ou des recommandations de travail.
Leur travail conduit ces routiers loin de leur famille pendant des semaines, circulant entre Allemagne, France, Italie, Autriche, Pays-Bas et Suisse, avaient expliqué ces grévistes à l'AFP sur place. Ils affirmaient recevoir certes régulièrement de petites indemnités pour leurs repas mais pas toute leur paie, qu'ils attendent parfois pendant des mois, selon eux.
Une grève d'une telle durée est « sans précédent » dans l'histoire des routiers européens, affirme Edwin Atema.