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Culture - Exposition

Quand l’Orient rencontre l’Occident à travers 70 œuvres de 45 artistes

Dans la résidence de l’ambassadeur d’Espagne, au palais Chéhab à Hadeth, l’exposition « Armonia de Dos Mundos » est organisée par la banque BEMO dans le cadre de son programme Rotating Art.

Quand l’Orient rencontre l’Occident à travers 70 œuvres de 45 artistes

Des toiles d'artistes exposées à l'ombre des arbres du palais Chéhab. Photo DR

Il y a d’abord les arbres ! Nobles et majestueux aux troncs imposants, centenaires probablement, qui vous accueillent dans les jardins du palais Chéhab, portant très haut leurs branches et leur feuillage, presque au-dessus de la résidence. Il y a ensuite le palais qui semble reposer sous leur ombrage, construit par les émirs Maan au XVIe siècle, joyau historique du patrimoine libanais, à l'architecture traditionnelle, témoin d'événements importants de l’histoire du Liban et de ses légendes. Habité par l'ambassadeur d’Espagne, il est une réplique, à échelle réduite, du modèle de la citadelle de Hasbaya, et a gardé son cachet d'origine. C’est dans les intérieurs de cette demeure exceptionnelle et dans ses jardins que se tient l’exposition Armonia de Dos Mundos. Réalisée par la banque BEMO en partenariat avec Gabriel Rizkallah Art Consultancy, le Comité national de Gebran et Commercial Insurance, elle a été inaugurée  le 26 septembre et se prolonge jusqu'au 2 octobre.

Cet événement réunit 45 artistes émergents et renommés autour du thème « Quand l’Orient rencontre l’Occident ». La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence du maître des lieux, l’ambassadeur d’Espagne, M. Jésus I. Santos Aguado, des artistes, des galeries d’art, des collectionneurs privés, des médias et de la communauté du Rotating Art, de son président Gabriel Rizkallah et de son fondateur Riad Obegi. A l’occasion du 100e anniversaire de la publication du Prophète, cette exposition inspirante présente aussi une collection exceptionnelle du célèbre poète, artiste et écrivain Gebran Khalil Gebran, dont l’art a uni l’Orient et l’Occident. Riad Obegi, président-directeur général de la banque BEMO, souligne à cette occasion que « le Rotating Art crée une communauté de prêteurs et d’emprunteurs d’œuvres d’art, sans critères d’exclusion ou de différenciation monétaire, totalement basée sur la générosité. Une œuvre d’art est comme l’enfant selon Gebran : elle n’appartient ni à l’artiste ni au propriétaire, mais à la vie ». 

Les amateurs d'art admirant l'exposition « Armonia de Dos Mundos » dans les jardins de la résidence de l'ambassadeur d'Espagne au Liban. Photo DR

Fady Rahmé, président du Comité national de Gebran, affirme, pour sa part, après avoir commenté quelques sketches du livre du Prophète  : « Nous aimons Gebran, son The Prophet et ses autres écrits, parce que les sujets qu’il évoque nous secouent au plus profond de nous-mêmes et soulèvent des questions en y apportant – alors que l’auteur écrit au début du XXe siècle – des réponses nées d’idées qui deviendront les fondements de la pensée du XXIe siècle. Il annonce des concepts tels que l’amour, le dialogue des religions et des cultures, le droit à la différence, la complémentarité des sociétés pluralistes, la nécessaire relation entre les deux mondes, etc. Gebran, c’est d’une certaine manière le précurseur du Liban message de liberté. »

À l’ombre de ces arbres

Gabriel Rizkallah se penche, de son côté, sur la thématique de l’exposition : « Nous présentons, dit-il, des artistes libanais et du Moyen-Orient toutes époques confondues qui ont largement été influencés par l’art occidental. » Les œuvres proviennent de collectionneurs ou de galeries : la galerie Saleh Barakat ou la galerie Tanit. À l’extérieur se côtoie le cèdre en acier corten de Hady Sy exécuté à l’aide de dates-clés propres à la vie de Gebran Khalil Gebran. « C’est un hommage au grand poète, explique l’artiste, et une façon d’humaniser les chiffres depuis que, nous les humains, sommes devenus des chiffres. » Des toiles de Jamil Molaeb, des sculptures de Abed el-Kadiri et d’Andrée Fattal, une toile de Franck Christen, le totem de Joseph el-Hourany et d’autres artistes plus jeunes, comme Ghada Khayat, Natali Meaiki, Rami Saad, Lara Youakim et Irène Ghanem qui ont réalisé des œuvres spécialement pour se plier à cette thématique.

À l’intérieur de la magnifique demeure, de l’accueil au salon de musique en passant par le diwan ou le petit salon, la déambulation se fait autour de Paul Guiragossian, Mona Hobeiche, Omar Onsi, César Gemayel, Élie Kannan, Alfred Basbous, Moustapha Farroukh et tant d’autres. Soixante-dix œuvres pour une quarantaine d’artistes sauf que la particularité de cet événement est que si vous faites partie de la communauté du Rotating Art, un jour, une toile peut atterrir chez vous pour y passer un mois. Vous apprendrez à cohabiter et qui sait peut-être à l’aimer ?

Mais comment donc est né ce concept novateur ?

Démocratiser l’art

« D’abord, confie Riad Obegi, étant donné que la BEMO dispose d’une petite collection d’œuvres d’art, nous avons commencé par en prêter certaines à nos propres employés, du moins ceux qui le désiraient. Ils pouvaient ainsi cohabiter, pour un certain temps, avec une œuvre de leur choix. C’était notre façon d’aiguiser leurs visions, de les laisser approcher ce monde et de faire croître de nouveaux amoureux ou même des curieux de l’art. Car pour moi, l’art c’est la vie. Alors pourquoi garder pour soi des œuvres d’art lorsqu’on peut les partager. Et puis, nous avons décidé d’étendre cette dynamique et de créer le mouvement Rotating Art. »


Le PDG de la banque BEMO, Riad Obegi (à g.), et l’ambassadeur d’Espagne au Liban, Jesús I. Santos Aguado. Photo DR

C’est un concept novateur mis en place avec la collaboration de Gabriel Rizkallah, collectionneur et marchand d’art, afin de permettre à l’art de se démocratiser et ainsi d’être accessible à tous. Le mouvement voit le jour en mai 2022. Chaque mois, après un tirage au sort, 40 œuvres sont sélectionnées, prêtes à se déplacer. Une roue virtuelle choisit les emprunteurs, parmi les amis du Rotating Art, toujours au hasard. Et c’est ainsi que les œuvres partent pour un mois habiter un nouvel écrin. Des groupes WhatsApp sont constitués autour de chaque œuvre, permettant aux prêteurs et aux emprunteurs d’échanger, il est question cette fois-ci d’encourager les points de vue critiques et la relation entre la création et le public. « Ainsi, précise Riad Obegi, se crée une intimité entre l’œuvre et la personne bénéficiaire. Une autre forme de communion que celle que l’on ressent au musée pour un passage de cinq minutes, face à chaque œuvre. De plus, grâce à cet échange épistolaire version XXe siècle, l’artiste comprend mieux ce que chacun voit dans son œuvre et les emprunteurs comprennent mieux ce que l’artiste a voulu dire. »

« Armonia de Dos Mundos », à l’ambassade d’Espagne, palais Chéhab (Hadeth).

Visite guidée le 2 octobre sur réservation.


Il y a d’abord les arbres ! Nobles et majestueux aux troncs imposants, centenaires probablement, qui vous accueillent dans les jardins du palais Chéhab, portant très haut leurs branches et leur feuillage, presque au-dessus de la résidence. Il y a ensuite le palais qui semble reposer sous leur ombrage, construit par les émirs Maan au XVIe siècle, joyau historique du patrimoine libanais, à...

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