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Dernières Infos - Pologne et Slovaquie

Le soutien à l'Ukraine "otage" des élections, selon des experts

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, le 5 juillet 2023. Photo d'archives Kacper Pempel/REUTERS

La Pologne et la Slovaquie ont figuré parmi les pays les plus engagés, dès la première heure, pour fournir une aide militaire à l'Ukraine mais, selon les experts, ce soutien jusque-là indéfectible est affecté par de prochaines échéances électorales. Ces deux pays membres de l'Otan et de l'Union européenne, qui ont été soumis pendant quatre décennies à la domination de Moscou jusqu'à la dissolution en 1991 du Pacte de Varsovie, ont fourni une importante aide militaire à l'Ukraine et accueilli plus d'un million de réfugiés depuis le début de la guerre en février 2022.

Mais les élections générales prévues le 30 septembre en Slovaquie et le 15 octobre en Pologne ont un impact sur ce soutien dans la mesure où la lassitude grandit dans les opinions publiques concernant l'aide militaire à l'Ukraine. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a déclaré que son pays "ne transférait plus aucun armement à l'Ukraine" car il se concentrait à présent "sur la modernisation et l'armement rapide de l'armée polonaise". L'ancien ministre slovaque de la Défense Jaroslav Nad a de son côté averti jeudi à Prague que son pays mettrait fin aux livraisons d'armes à l'Ukraine si le populiste Robert Fico, favori des sondages, devenait Premier ministre à l'issue du scrutin du 30 septembre.

Les déclarations de M. Morawiecki ont causé un choc, car la Pologne a été jusqu'à présent un pays phare pour ce qui concerne le soutien indéfectible à Kiev. D'autres responsables polonais se sont empressés d'adopter un ton plus conciliant, le président polonais assurant que les propos du Premier ministre avaient été mal compris. "Les relations polono-ukrainiennes sont devenues l'otage de la campagne électorale en Pologne" et de la bataille électorale entre le parti conservateur au pouvoir Droit et Justice (PiS) et l'extrême droite, a déclaré à l'AFP l'analyste politique Piotr Buras du think tank European Office on Foreign Relations.

Posture "politique" en Pologne

Pavel Havlicek, analyste à l'Association des affaires internationales de Prague, a également mis en cause les élections. "La déclaration était très politique et était destinée à la société polonaise. Cela ne veut pas dire que la Pologne renoncera à ses obligations", a-t-il déclaré à l'AFP.

D'ailleurs, le porte-parole du gouvernement polonais Piotr Muller a affirmé jeudi que la Pologne honorerait les livraisons d'armes et de munitions "convenues antérieurement". Les déclarations de M. Morawiecki interviennent dans un contexte de tensions autour des importations de céréales ukrainiennes. Kiev a porté plainte contre la Pologne, la Slovaquie et la Hongrie devant l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), ces trois pays ayant prolongé unilatéralement l'embargo sur les importations de céréales ukrainiennes pour protéger leurs agriculteurs.

L'analyste militaire indépendant tchèque Jiri Vojacek s'attend à ce que les livraisons polonaises d'armes se poursuivent car la Pologne a encore des armes à vendre.

"Bien sûr, ils ont moins à offrir que lorsque la guerre a commencé. Mais pour autant que je sache, les livraisons continuent. Les organisations qui s'en occupaient continuent", a-t-il dit à l'AFP. "Ils doivent faire avec cette déclaration jusqu'aux élections, et ensuite on donnera de nouveau le feu vert", a-t-il estimé.

Favori pro-russe en Slovaquie

En Slovaquie, où seuls 40% des habitants considèrent que la Russie est responsable de la guerre, selon un sondage du think tank Globsec, Robert Fico, ancien Premier ministre dont le parti Smer-SD est en tête des sondages, s'est engagé à "cesser immédiatement toute livraison d'aide militaire à l'Ukraine" s'il remportait les élections.

La Slovaquie a apporté un fort soutien à l'Ukraine, lui livrant notamment des avions de combat - des MiG-29 de conception soviétique - et réparant les armements utilisés par les soldats ukrainiens. M. Nad, ancien ministre de la Défense, a déclaré à l'AFP que M. Fico, "résolument pro-russe et résolument anti-ukrainien", devait être pris au sérieux. "S'il devient Premier ministre, il est très probable" qu'il mettra fin aux livraisons d'armes à l'Ukraine et empêchera même les livraisons de l'Otan via le territoire slovaque, a-t-il mis en garde. Kiev pourrait chercher des partenaires ailleurs. "La Pologne est moins utile à Kiev que dans le passé", a estimé M. Buras.



La Pologne et la Slovaquie ont figuré parmi les pays les plus engagés, dès la première heure, pour fournir une aide militaire à l'Ukraine mais, selon les experts, ce soutien jusque-là indéfectible est affecté par de prochaines échéances électorales. Ces deux pays membres de l'Otan et de l'Union européenne, qui ont été soumis pendant quatre décennies à la...