Rita Hayek : mon tournage avec Julie Delpy

La talentueuse actrice libanaise Rita Hayek vient de faire ses premiers pas dans le cinéma français, mettant ainsi son grain de sel dans une fusion des deux cultures riches et diverses, la française et la libanaise. Invitée par la célèbre actrice française Julie Delpy à jouer un rôle majeur dans le film Les Barbares, tourné en Bretagne, Rita Hayek a partagé en primeur pour L’Orient-Le Jour ce projet cinématographique pour lequel Delpy a endossé les rôles d’actrice, de réalisatrice et de scénariste. Au casting figurent notamment Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, India Hair, Jean-Charles Clichet, Ziad Bakri et le père de Delpy, Albert. Le scénario plonge au cœur d’un petit village breton dont la municipalité a décidé d’accueillir une famille de réfugiés ukrainiens. Sauf que les réfugiés qui débarquent ne sont pas ukrainiens, mais syriens…

Comment s’est passée la rencontre avec Julie Delpy ?

C’est passé par mon agent en France qui a effectué le contact avec elle.  J’étais très heureuse et flattée de me voir proposer ce rôle. Récemment, en réponse à ma lettre dans laquelle j’exprimais ma joie de travailler avec elle, elle a affirmé en retour que le plaisir était réciproque. 

Cette nouvelle expérience revêt-elle une signification particulière pour vous ? Et pourquoi ? 

Cette expérience était extrêmement importante pour moi parce que c’était ma première participation à un film français, et j’ai eu la chance de travailler avec une actrice et réalisatrice que j’admire énormément à la fois en tant qu’artiste, en tant que femme et en tant que leader.

Quel est le sujet du film « Les Barbares » et quel rôle y avez-vous tenu ?

Le film est une histoire humaine et sociale qui aborde les effets tragiques de certaines décisions politiques sur certaines personnes qui en souffrent en conséquence. Les événements se déroulent dans un petit village en Bretagne (France) appelé Paimpont. Dans le film, je joue le rôle d’Alma et je suis soumise à des expériences tragiques. Bien que le film soit en français, dans certaines parties, je parle en arabe syrien. J’aimerais signaler la présence d’autres acteurs arabes, comme  Ziad Bakri, Dalia Naous et Farès el-Helou.

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Comment placer le cinéma libanais sur la scène internationale aujourd’hui ? 

Au Liban, nous avons une belle brochette d’acteurs et d’actrices. Le cinéma, qui y est toujours en phase de développement, s’en trouve renforcé, certes.  Ce cinéma gagnerait aussi à aborder des thématiques plus universelles, de plus large intérêt, tout en conservant un aspect culturel fidèle à la culture libanaise et arabe.

Si vous vous souvenez, j’ai joué dans le film L’Insulte de Ziad Doueiri, qui avait une signification globale tout en préservant un aspect authentique de la culture libanaise, et il a été à deux doigts de remporter l’oscar du meilleur film étranger. Les films arabes doivent parler un langage universel tout en préservant leur culture arabe et ne pas se concentrer uniquement sur des problèmes locaux.

Des projets actuels sur la scène locale ? Et à l’étranger ?   

Le théâtre me manque beaucoup et j’en discute souvent avec un metteur en scène libanais, en particulier celui avec qui j’ai déjà travaillé sur la scène libanaise (Jacques Maroun, NDLR). En ce qui concerne mes projets à l’étranger, rien n’est certain pour le moment, mais j’espère que cela se produira bientôt comme une surprise, tout comme la surprise de Julie Delpy.

Pour mémoire

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Vous avez récemment participé à un film réalisé par un groupe cinématographique chypriote...

Effectivement. Il s’agit du film Iman de Korinna Avraamidou et Kyriakos Tofaridis.  J’y ai joué aux côtés de l’actrice libanaise Stéphanie Atallah. Ce film participe actuellement à des festivals internationaux avant d’être projeté devant le grand public. Nous avons remporté les prix de la meilleure actrice et du meilleur film au Festival du cinéma grec de Londres, et bientôt le film sera projeté dans les festivals du film à Amsterdam, Alexandrie et Alger (où je compte également me rendre avec l’équipe). Au Liban, le film pourrait sortir dans les salles pour Noël prochain, mais il doit d’abord passer par la censure en raison de son traitement d’un sujet politique et social assez délicat concernant la participation de deux jeunes filles aux mouvements terroristes dans la région.

Comment réussissez-vous à maintenir l’équilibre entre votre vie artistique et votre vie familiale ?

J’arrive à maintenir les deux grâce au soutien inconditionnel de mon mari, qui est médecin (le cardiologue Abdallah Rebeiz, NDLR). Il m’encourage énormément à poursuivre ma carrière tout en maintenant une vie familiale très équilibrée et en donnant l’amour nécessaire à notre fils qui aura bientôt 5 ans. Il affirme le faire avec plaisir, et je le crois !