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Dernières Infos - Égypte

Avant la présidentielle, six mois ferme pour le chef de l'opposition libérale


Nasser Amin, l'avocat de Hicham Kassem, chef du Courant libre, l'opposition libérale égyptienne, au Caire, le 2 septembre 2023. Photo REUTERS/Amr Abdallah Dalsh

Un tribunal égyptien a condamné samedi Hicham Kassem, chef de l'opposition libérale, à six mois de prison ferme, l'empêchant de fait de participer à la campagne pour la présidentielle prévue au printemps. La veille déjà, l'unique candidat déjà en campagne, Ahmed al-Tantawi, révélait que son téléphone était sur écoute depuis septembre 2021, après que le laboratoire Citizen Lab de l'Université de Toronto y a établi la présence d'un logiciel espion.

Hicham Kassem a été condamné à « trois mois ferme et 20.000 livres égyptiennes (environ 600 euros) d'amende » pour « diffamation » envers un ancien ministre et « trois mois ferme pour outrage à agents » lors de son interrogatoire dans le cadre de la première affaire », rapporte sur X (ex Twitter) Gameela Ismaïl, l'une des cadres du Courant libre, la coalition d'opposition dirigée par M. Kassem. Un appel aura lieu le 7 octobre, précise sur Facebook Nasser Amin, l'avocat de cette figure de l'opposition et de la défense des droits humains en Égypte.
Hicham Kassem, 64 ans, est détenu depuis le 20 août et en grève de la faim depuis lors pour protester contre son incarcération.

L'Égypte, 135e pays sur 140 au classement mondial de l'Etat de droit du World Justice Project, compte des milliers de détenus politiques.

35 arrestations en 3 semaines 
A l'approche de la présidentielle, à laquelle le président Abdel Fattah al-Sissi, au pouvoir depuis qu'il a destitué l'islamiste Mohammad Morsi en 2013, entend se présenter même s'il ne l'a pas encore officiellement annoncé selon les observateurs, Le Caire a semblé donner des gages. Le régime a lancé un grand « dialogue national » censé donner de la voix à une opposition muselée et réduite à peau de chagrin par les arrestations durant une décennie. Il a aussi relancé son comité des grâces présidentielles. Plusieurs figures de l'opposition sont sorties en grandes pompes de prison ces derniers mois. Mais, notent les ONG, si le comité des grâces présidentielles a élargi un millier de détenus d'opinion, « trois fois plus ont été arrêtés » dans le même temps.

Pour Gameela Ismaïl, « Hicham Kassem dérangeait le régime depuis longtemps car il dénonçait notamment le rôle de l'armée dans l'économie » égyptienne, en chute libre depuis des mois.

Le Courant libre dit se réserver le droit à une « escalade » et ses cadres évoquent la possibilité de geler leurs activités et de boycotter la présidentielle ou le dialogue national.

Quant à M. Tantawi, il se dit « déterminé « à poursuivre sa campagne en dépit du fait que « ces derniers jours le rythme et la gravité des actions illégales et immorales entreprises par les forces de sécurité contre (sa) campagne se sont intensifiés ».

« Au moins 35 membres de sa campagne ont été arrêtés en moins de trois semaines dans 13 provinces différentes », rapportait vendredi l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR).

Aide américaine 
Cette ONG, la plus grande des droits humains en Égypte, s'est retirée mercredi du dialogue national pour protester contre « l'arrestation d'un des participants au dialogue », Mohammad Zahran, fondateur de l'Union nationale indépendante des enseignants égyptiens.

Le Mouvement civil démocratique, une coalition regroupant le Courant libre et d'autres partis d'opposition, notamment de gauche, met elle en garde depuis des jours contre une « explosion » dans le plus peuplé des pays arabes étouffé entre inflation et dévaluation et désormais le deuxième pays au monde à risque de faire défaut du paiement de sa dette.

« L'Égypte ne tolérera pas un troisième mandat », a-t-il prévenu. Retarder le « changement » amènera le pays « au bord de l'explosion ».

Washington a récemment approuvé la majeure partie de son aide militaire à l'Égypte, « créant un choix artificiel entre la sécurité nationale et les droits humains », accuse samedi Human Rights Watch (HRW). L'enveloppe de 1,215 milliard de dollars marque la troisième année consécutive où l'administration de Joe Biden a renoncé à certaines restrictions imposées par le Congrès sur l'aide à l'Égypte, en dépit des promesses de M. Biden de placer les droits humains au cœur de la politique étrangère des Etats-Unis. Wshington a bloqué 85 millions de dollars supplémentaires conditionnés à la libération de prisonniers politiques.

Un tribunal égyptien a condamné samedi Hicham Kassem, chef de l'opposition libérale, à six mois de prison ferme, l'empêchant de fait de participer à la campagne pour la présidentielle prévue au printemps. La veille déjà, l'unique candidat déjà en campagne, Ahmed al-Tantawi, révélait que son téléphone était sur écoute depuis septembre 2021, après que le laboratoire Citizen Lab...