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Maoulaoui : Haro sur les corrompus... et sur Osman ?

« Nous ne reculerons à aucun moment pour donner les autorisations nécessaires à la poursuite des corrompus, à chaque fois que des demandes seront formulées par le pouvoir judiciaire », déclare le ministre sortant de l'Intérieur.

Maoulaoui : Haro sur les corrompus... et sur Osman ?

Le ministre sortant de l'Intérieur Bassam Maoulaoui s'exprimait lors d'une conférence de presse à l'Université Saint Joseph, le 15 septembre 2023. Photo ANI.

Le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a affirmé vendredi qu'il était prêt à permettre l'ouverture de procédures contre « tous les corrompus » dans les administrations. Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions entre le ministre libanais et le directeur des Forces de sécurité intérieure, Imad Osman, alors que des informations de presse faisaient allusion à une possible autorisation par M. Maoulaoui d'engager des procédures à son encontre.  Le général Osman a fait l'objet d'au moins un procès au cours des dernières années.

« Au ministère de l'Intérieur, nous nous sommes engagés à soutenir notre peuple en matière de sécurité, de combattre la corruption, et d'ouvrir des enquêtes liées à cette lutte », a déclaré M. Maoulaoui lors d'une conférence à l'Université Saint Joseph.  « En ce qui concerne la lutte contre la corruption, nous avons ouvert des dossiers et nous continuerons à le faire avec nos partenaires », a-t-il promis, alors que des dizaines de fonctionnaires travaillant au centre d'immatriculation des véhicules ont été arrêtés au cours des derniers mois pour corruption présumée.

« Nous ne reculerons à aucun moment pour donner les autorisations nécessaires à la poursuite des corrompus, à chaque fois que des demandes seront formulées par le pouvoir judiciaire », a encore dit le ministre. Il a ajouté que des autorisations avaient déjà été accordées pour poursuivre tous les corrompus du centre d'immatriculation des véhicules et « d'autres administrations et institutions, liées ou non à la sécurité ». « Nous n'accepterons pas que la corruption persiste au Liban, c'est notre engagement envers vous », a conclu le ministre. 

Différend
Cette semaine, les médias locaux ont fait état d'un différend entre M. Maoulaoui et le général Osman au sujet de décisions administratives concernant certains postes. 

Réagissant aux informations diffusées par certains médias concernant une éventuelle autorisation de poursuivre le directeur des FSI, le député Walid Baarini, ancien membre du Courant du Futur de Saad Hariri qui avait soutenu la nomination du général Osman, a critiqué M. Maoulaoui. « Avant de prendre votre décision, avez-vous contacté le Premier ministre Nagib Mikati ou simplement Gebran Bassil, avant de vous précipiter pour suivre ses instructions ? », a affirmé M. Baarini dans une déclaration. M. Bassil est à la tête du Courant patriotique libre, un parti rival du Courant du Futur et un fervent détracteur du général Osman.

L'une des poursuites contre le directeur des FSI remonte à février 2022, lorsque le procureur général du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, avait accusé le général Osman « d'obstruction à l'exécution d'un mandat judiciaire et de manquement aux devoirs de sa fonction », après que les FSI ont échoué à traduire en justice l'ancien gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé.

Légalement, le directeur des Forces de sécurité intérieure, comme tout fonctionnaire, bénéficie d'une immunité et ne peut être inculpé sans l'autorisation du ministre de l'Intérieur.

Intérêts personnels
Le ministre sortant de l'Intérieur avait lui-même décrété que les FSI ne doivent pas notifier les hommes politiques mis en cause dans la double explosion au port de Beyrouth d'août 2020. Pour lui, de simples huissiers de justice suffisent pour remplir cette mission. La décision de M. Maoulaoui fait l'objet d'une action contre l'État, représenté par le ministère de l'Intérieur, portée par le bureau d'accusation au sein de l'Ordre des avocats de Beyrouth, devant le Conseil d'État, qui a rendu un rapport préliminaire il y a quelques mois en faveur des plaignants, en attendant le jugement définitif.

Me Youssef Lahoud, membre du bureau d'accusation, s'est indigné pour L'Orient-Le Jour de la décision de M. Maoulaoui : « Comment, face à l'ampleur d'une affaire aussi importante que la double explosion, les forces sécuritaires ne peuvent pas accomplir des notifications, alors que pour des litiges personnels, comme une dispute violente entre deux personnes, ou un chèque sans provision, c'est par leur intermédiaire que les gens sont assignés ? ». Pour lui, ce qui se passe aujourd'hui concernant le général Osman est « une preuve que les responsables usent souvent de leur pouvoir pour des intérêts personnels et non pour l'intérêt de l'État ».

Le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a affirmé vendredi qu'il était prêt à permettre l'ouverture de procédures contre « tous les corrompus » dans les administrations. Cette déclaration intervient dans un contexte de tensions entre le ministre libanais et le directeur des Forces de sécurité intérieure, Imad Osman, alors que des informations de presse faisaient allusion...