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Des dizaines d'Afghanes empêchées d'aller étudier aux Émirats arabes unis

Des femmes afghanes filent la laine dans une usine traditionnelle de la province de Herat, dans le district de Jibrail, le 7 août 2023. Photo d'illustration Mohsen Karimi / AFP

Des dizaines de femmes afghanes ont été empêchées de quitter leur pays pour étudier aux Emirats arabes unis où elles avaient obtenu une bourse, a témoigné l'une d'elles jeudi auprès de l'AFP, ce qui a suscité l'indignation de leur parrain émirati.

Laila fait partie de la trentaine de femmes parrainées pour étudier aux Émirats arabes unis par l'homme d'affaires émirati de renom, Khalaf Ahmad Al Habtoor, mais qui, au dernier moment, ont été empêchées de prendre leur vol à l'aéroport de Kaboul mercredi. Elle explique qu'avec d'autres femmes dont les études avaient été parrainées, elles ont été refoulées à la porte d'embarquement par des hommes en uniforme de l'aéroport leur indiquant qu'ils avaient reçu l'ordre d'interdire aux détenteurs de visas d'étudiant de quitter le pays.

Les responsables talibans n'ont pas répondu aux demandes de commentaires de l'AFP ni de confirmation. Après le retour au pouvoir des autorités talibanes en août 2021, les jeunes filles n'ont plus été autorisées à fréquenter les écoles secondaires et à étudier à l'université. « C'était notre seul espoir d'aller à l'étranger pour poursuivre nos études », a déclaré Laila, 22 ans, qui devait débuter une licence en droit. « C'était une chance extraordinaire pour nous, mais comme tout le reste cette chance nous a été enlevée », déplore la jeune femme dont le nom a été modifié par crainte des représailles.

Dans une vidéo publiée mercredi sur le réseau social X, Khalaf Ahmad Al Habtoor qui finance les études des jeunes femmes a exhorté les autorités afghanes à les laisser quitter leur pays pour étudier. M. Al Habtoor explique qu'une centaine de femmes avaient reçu des bourses en collaboration avec l'université de Dubaï et que le personnel du groupe Al Habtoor, dont il est le président fondateur, avait travaillé pendant des mois pour s'assurer que tout était en place pour leur arrivée. « Les autorités afghanes, sans justification, ont empêché leur départ, réduisant injustement leur liberté... Je demande à toutes les parties concernées d'intervenir rapidement pour secourir et aider ces étudiants en difficulté », a-t-il demandé. « Elles ont le droit d'étudier, elles ont le droit de faire tout ce que les hommes peuvent faire et il n'y a pas d'exception à cela », a insisté l'homme d'affaires qui s'est exprimé en anglais. « Quand ils voient le visa et le billet d'étudiant, ils ne nous autorisent pas à monter à bord. Je ne sais pas quoi faire. Aidez-nous, s'il vous plaît », témoigne une autre étudiante dans la vidéo postée par Khalaf Ahmad Al Habtoor. « Il s'agit de les retenir prisonnières pour empêcher d'autres personnes de les aider à étudier », s'est offusquée Heather Barr, directrice adjointe des droits des femmes pour l'ONG Human Rights Watch dénonçant « une étape alarmante ».

Au cours des deux années qui ont suivi leur prise de pouvoir, les autorités talibanes ont imposé leur interprétation stricte de l'islam, les femmes faisant les frais de lois que les Nations unies ont qualifiées d' »apartheid des sexes ». Les femmes afghanes n'ont plus le droit d'étudier au delà du primaire, de travailler pour des ONG et ont été exclues de la plupart des postes de fonctionnaire. Elles ne peuvent pas non plus fréquenter les parcs, les hammams ou encore les salles de sport et doivent se couvrir intégralement lorsqu'elles sortent de chez elles. « Il est très difficile d'imaginer mon avenir sans une éducation digne de ce nom », a souligné Laila, qui a attendu avec les autres étudiantes des heures dans l'aéroport après le départ de leur vol, en quête de réponses ou d'une solution.

Des dizaines de femmes afghanes ont été empêchées de quitter leur pays pour étudier aux Emirats arabes unis où elles avaient obtenu une bourse, a témoigné l'une d'elles jeudi auprès de l'AFP, ce qui a suscité l'indignation de leur parrain émirati.Laila fait partie de la trentaine de femmes parrainées pour étudier aux Émirats arabes unis par l'homme d'affaires...