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Culture - Cinéma

Le festival Almost There plante les graines du changement

Pour la 7e année consécutive, la Fondation Heinrich Böll Stiftung-Beyrouth présente le festival du film des droits humains et de l’émigration, « Almost There ». Dans la Békaa, à Saïda et à Beyrouth, 12 films sur  « nos droits enracinés ».

Le festival Almost There plante les graines du changement

Rana Moussa et Hiba Yassine racontent la naissance d'un jardin communautaire à Saïda dans « Nouhyi el-Ared ». Photo DR

« Imaginez que les plants de basilic protègent les tomates en repoussant les insectes, et que les tomates leur rendent la pareille en développant des racines profondes qui conservent l'eau, ce qui permet aux plants de basilic de s’hydrater. » C’est par cette analogie que les responsables de Heinrich Böll Stiftung-Beyrouth présentent la 7e édition du festival du film Almost There qui s’articule autour des droits de l’homme et des migrations.

C’est peut-être la façon la plus simple d'expliquer comment la nature s'est toujours organisée, tirant parti de la diversité de ses espèces pour assurer sa survie, puisque cette édition qui se déroule du 18 août au 2 septembre est placée sous la thématique de « Nos droits enracinés » et se concentre sur la justice environnementale.

« Les films seront projetés dans trois régions différentes, explique Aline Gemayel, directrice des programmes culturels au bureau régional de la fondation basé à Beyrouth. Nous avons démarré la programmation le week-end du 18/19 août dans la Békaa chez Beit Lamme, une maison philosophique à Ali el-Nahri. Les 25 et 26 août, nous serons à Saïda, à Sikka, un jardin partagé. Nous finirons à Beyrouth le week-end du 1er et 2 septembre à L’Orient Institut, à Zokak el-Blatt », indique celle qui est également en charge de ce festival du film axé sur les droits humains et l’émigration, en insistant sur l’importance de décentraliser la culture au Liban et de la rendre accessible aussi puisque l’événement est entièrement gratuit.

Une image tirée du film « Couscous : Seeds of Dignity » du réalisateur Habib Ayeb. Photo DR

Pour les organisateurs, la thématique de la justice environnementale répond à une urgence, car sensibiliser et tirer la sonnette d’alarme est une question de survie. « Le débat sur la justice environnementale ne peut fonctionner que s'il est mené à l'échelle locale, en fonction des spécificités de chaque pays ou région, affirment les organisateurs. Dans ce festival, nous avons rassemblé quelques exemples montrant comment nos actions nous ont conduits à un changement climatique proche de l'apocalypse, et comment des initiatives dévouées travaillent dur pour nous ramener au bord des points de basculement écologiques. »

La fondation s’est associée à des partenaires locaux dans différentes régions du Liban pour animer les débats après les films et afin que les échanges reflètent la diversité des régions et des communautés du Liban.

« Nous espérons que ces films constitueront le point de départ de discussions fructueuses, d'échanges de connaissances et d'expériences et, croisons les doigts, de germes de changement », indique Aline Gemayel.

Cette année, la douzaine de films sélectionnés répondent à trois sous-thèmes : la souveraineté alimentaire, l’écoféminisme et la gestion de l'eau.

La souveraineté alimentaire peut être considérée comme un mode de résistance qui commence par l'autosuffisance : un pays mange ce qu'il produit. Malheureusement, ce n'est presque plus le cas aujourd'hui dans de nombreux pays. C'est ce que montre le documentaire tunisien  Couscous : Seeds of Dignity  du réalisateur Habib Ayeb.

La permaculture est une initiative intéressante en matière de souveraineté alimentaire. Avec le documentaire palestinien  The Untold Revolution d'Amin Nayfeh, nous sommes témoins de cet ancien concept agricole qui a été revisité depuis de nombreuses années. Il s'agit de l'expérience locale à Ramallah d’un jardin écologique qui aide les petites communautés à atteindre l'autosuffisance et à vendre leurs surplus de produits sains sur un marché où la demande est croissante.

Les jardins communautaires partagés représentent un autre aspect de cette même expérience. Bon nombre de ces initiatives ont été interrompues brutalement en raison de l'esprit mercantile des propriétaires de terrains. Cette histoire est racontée par Rana Moussa et Hiba Yassine dans Nouhyi el-Ared : la naissance d'un jardin communautaire à Saïda.

Wild Relatives de Jumana Manna raconte le voyage de milliers de graines du Moyen-Orient jusqu'à la banque de semences norvégienne d'Icarda (Svalbard Global Seed Vault). « Notre alimentation provient de semences fragiles qui doivent être protégées des guerres et de la cupidité et bien préservées dans les banques de semences pour la postérité », note Gemayel.  Mais, comme on peut s'y attendre, cette préservation peut être utilisée à des fins moins que bienveillantes. Comment garantir qu'elle ne profitera pas aux grandes industries agroalimentaires ?

« Justice environnementale : Why Feminism and Earth Fall Into This », par Jeem (Liban), donne une perspective intersectionnelle très utile. Les droits environnementaux ne peuvent être considérés de manière isolée. Ils sont étroitement liés à d'autres droits (éducation, soins de santé, logement, accessibilité à la nourriture, égalité des sexes), etc.

Au programme, le film « Achewiq, le chant des femmes courageuses » d'Elina Kastler . Il s'agit d'un témoignage puissant sur la manière dont en Algérie, malgré les destructions et les incendies, les femmes tentent de se guérir et de guérir les autres à l'aide de chants traditionnels et anciens. 

Pour le festival Almost There,  c'est à l'échelle locale que le changement peut avoir le plus d'impact. « Nous devons examiner les problèmes environnementaux de chaque pays afin d'avoir une vue d'ensemble, indiquent-t-ils.  Cela nous amène à quatre courtes vidéos que Greenpeace a réalisées sur la région SWANA ». Ces vidéos, intitulées Climate Impacts on the Resilient Red Sea Corals in Egypt, Algeria's Desertification, Rising Sea Levels and Disappearing Culture,  Lebanon's Iconic Cedars  et Morocco, a Nomadic Tribe's Fight for Survival, mettent en évidence les graves conséquences du changement climatique.

Le troisième sous-thème abordé par Almost There concerne la gestion de l'eau, et il est considéré par les organisateurs comme « l'une des injustices environnementales les plus importantes ». C'est particulièrement vrai pour le Liban, un pays bien pourvu en eau. « La planification générale des barrages, la mauvaise gestion des ressources en eau, l'empoisonnement de l'eau et d'innombrables autres catastrophes mettant en péril la vie et la nature sont autant d'éléments qui ont marqué l'histoire malheureuse de ce pays en matière d'eau au cours des dernières décennies », énumère Aline Gemayel.

Certaines de ces injustices sont illustrées dans L'eau invisible, une courte animation réalisée par l'ONG libanaise Amwaj.

« Il était important de revenir sur une réussite en matière de militantisme écologique et espérons qu'il y en aura bientôt beaucoup d'autres, conclut Gemayel.  L'arrêt du projet de barrage de la vallée de Bisri a été rendu possible par le mouvement environnemental au Liban à la suite du soulèvement de 2019. Un documentaire réalisé autour de ce mouvement sera donc projeté au sein du festival. » 

Les détails du programme sont disponibles sur le site de la fondation.

« Imaginez que les plants de basilic protègent les tomates en repoussant les insectes, et que les tomates leur rendent la pareille en développant des racines profondes qui conservent l'eau, ce qui permet aux plants de basilic de s’hydrater. » C’est par cette analogie que les responsables de Heinrich Böll Stiftung-Beyrouth présentent la 7e édition du festival du film Almost There qui...

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