Le président de la Fédération espagnole de football, Luis Rubiales, est plus que jamais sur la sellette après avoir embrassé sur la bouche une attaquante de la Roja, Jenni Hermoso, après le sacre des Espagnoles face à l’Angleterre en finale de la Coupe du monde (1-0).
Les images tournées sur le podium de l’ANZ Stadium de Sydney montrent clairement Rubiales embrasser la joueuse sur la bouche en lui tenant la tête. Reprises par des médias espagnols, elles se sont répandues comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, suscitant de nombreuses critiques à l’encontre de Rubiales.
« Ça ne m’a pas plu, hein ! » avait déclaré la n° 10 espagnole dans un direct sur Instagram diffusé depuis les vestiaires, avant de sourire à l’objectif.
La Fédération espagnole (RFEF) a d'abord essayé de minimiser l'affaire en communiquant à la presse des déclarations qu'aurait faites la joueuse, insinuant que celle-ci avait d’abord pris cet incident avec légèreté. Elle aurait ainsi expliqué qu’il s’agissait d’« un geste mutuel totalement spontané en raison de l’immense joie que procure la victoire d’une Coupe du monde », ou encore que le président et elle avaient une « excellente relation » et qu'il s’agissait d'un « geste naturel d’affection et de gratitude ».
« C’est une célébration spontanée, qui se manifeste ainsi. Les deux sont des amis très proches », avait même indiqué une source au sein de la fédération citée par l'AFP.
Des éléments de langage qui avaient fait croire aux journaux espagnols à un « remake » de l’officialisation de la relation entre le gardien Iker Casillas et la journaliste Sara Carbonero, qui s’étaient embrassés en direct après le titre mondial de l’Espagne en 2010.
Le gouvernement espagnol se saisit de l’affaire
Sauf que l'on a appris ce mardi que ces déclarations, dans lesquelles Hermoso minimise le geste de Rubiales, n'ont jamais été dites par la joueuse, et qu'elles ont au contraire été rédigées par la communication de la RFEF avant d'être diffusées aux médias sans l'accord de la principale intéressée.
De plus, ce baiser du président de la fédération s’inscrit dans un contexte déjà très lourd au sein de la sélection féminine espagnole. Des joueuses dénoncent depuis des mois les méthodes jugées « dictatoriales » du sélectionneur, Jorge Vilda, qui bénéficie du soutien indéfectible de son président.
Depuis, l’affaire a ensuite pris un tournant politique en Espagne, et les excuses publiques de l’intéressé n’ont en rien atténué la controverse. La ministre du Travail Yolanda Díaz, qui a aussi la casquette de vice-présidente du gouvernement espagnol, a maintenu la pression lors d’une conférence de presse tenue ce lundi. « Nous continuons à demander la démission de Rubiales, qui a harcelé et agressé une femme, a-t-elle appuyé. Ses excuses sont inutiles. Nous demandons l’activation des protocoles fonctionnant au sein de la fédération elle-même. »
Pedro Sanchez, le premier ministre espagnol, lui a emboîté le pas en s'exprimant le lendemain, mardi, sur le geste de Rubiales : « C'était un geste inacceptable. Je pense que les excuses qu'il a présentées ne suffisent pas, je crois même qu'elles ne sont pas adéquates. »
De son côté, la FIFA n'a toujours pas réagi à ce sujet. Une prise de partie de l'instance mondiale pourrai contraindre Luis Rubiales à quitter ses fonctions qu’il occupe depuis 2018.
Quoi qu'il en soit, ses heures à la tête de l’instance fédérale du football espagnol semblent de plus en plus comptées. D’autant que ce scandale a fait remonter à la surface une autre affaire compromettante qui avait déjà fait couler beaucoup d’encre quelques mois auparavant dans la presse espagnole, puisque ce dernier est notamment accusé d’avoir organisé des orgies avec l’argent de la fédération en septembre dernier.
Les images tournées sur le podium de l’ANZ Stadium de Sydney montrent...