Les quelque 20.000 habitants de Yellowknife, une des principales villes du Grand Nord canadien, sont engagés vendredi dans une course contre la montre pour évacuer leurs maisons, menacées par un important feu de forêt.
Les autorités territoriales, qui ont lancé l'ordre d'évacuation mercredi soir, ont donné aux habitants jusqu'à vendredi midi (18H00 GMT) pour partir.
Elles estimaient jeudi soir qu'environ 1.500 résidents avaient déjà quitté la zone par voie aérienne, et des centaines d'autres par voie terrestre, en empruntant la seule autoroute connectant les communautés nordiques à l'Alberta, province mitoyenne au sud. « Le fait qu'un endroit comme Yellowknife, si près du cercle arctique, soit en feu est une démonstration d'à quel point notre climat évolue », soulignait jeudi Adria McPherson, une habitante fuyant en voiture les flammes, à la télévision publique canadienne.
La jeune femme dit craindre, comme plusieurs autres résidents de Yellowknife, que « ce ne soit pas la dernière fois qu'une communauté nordique du Canada soit affectée ainsi », ajoutant que ces catastrophes naturelles vont probablement devenir « la nouvelle norme ».
Le Canada est confronté ces dernières années à des événements météorologiques extrêmes dont l'intensité et la fréquence sont accrues par le réchauffement climatique, et connaît cette année une saison des feux de forêt qui bat tous les records.
Plus d'un millier de feux ravagent actuellement le pays d'est en ouest, dont plus de 230 dans les Territoires du Nord-Ouest.
Territoire éloigné
Vendredi, deux fois plus de vols que la veille sont prévus afin de poursuivre l'évacuation des derniers résidents encore sur place. Les autorités territoriales estiment pouvoir évacuer environ le quart de ces habitants par voie aérienne.
Elles ont rassuré la population lors d'une conférence de presse tard jeudi, affirmant que les vols allaient se poursuivre au-delà de l'échéance de vendredi midi annoncée.
« Nous allons continuer jusqu'à ce qu'on puisse sortir toute la population de Yellowknife », a expliqué Jennifer Young, des services d'urgence des Territoires du Nord-Ouest.
Cette évacuation de masse dans un territoire aussi éloigné est « particulièrement difficile », expliquait en début de semaine Mike Westwick, du service des feux territorial.
Le centre d'évacuation le plus proche de Yellowknife est établi à 1.150 kilomètres, en Alberta, où plusieurs centres ont été érigés.
Le feu, situé à une quinzaine de kilomètres des murs de Yellowknife, pourrait gagner la ville au cours du week-end, ont mis en garde les autorités, et les vents prévus ne devraient pas jouer en faveur des pompiers.
L'armée canadienne a été appelée en renfort pour aider notamment sur le plan logistique. Environ 120 militaires sont déployés sur place, équipés d'avions et d'hélicoptères.
La Colombie-Britannique sur le qui-vive
La menace posée par les mégafeux canadiens inquiète aussi la Colombie-Britannique, province la plus à l'ouest, où plus de 370 incendies font rage et où des ordres d'évacuation ont été émis jeudi à West Kelowna, dans le centre-sud de la province.
« Dans le courant de la nuit, les autorités ont pu remarquer que des structures ont été brûlées », peut-on lire dans un communiqué du centre des opérations d'urgence du centre de l'Okanagan, publié dans la nuit de jeudi à vendredi.
Près de 2.500 propriétés sont à présent visées par un ordre d'évacuation dans cette région, tandis que près de 5.000 autres sont placées sous un état d'alerte, les habitants devant être prêts à partir d'une minute à l'autre.
Jeudi soir, la ministre de la Gestion des urgences et de la Préparation climatique de cette province, Bowinn Ma, expliquait que de forts vents étaient attendus et pourraient rendre la situation « extrêmement imprévisible » jusqu'à samedi.
Depuis le début de la saison des feux de forêt au Canada, 168.000 Canadiens ont été évacués à travers le pays et près de 14 millions d'hectares - environ la superficie de la Grèce - ont brûlé, soit quasiment le double du dernier record datant de 1989.
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