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Culture - Édition

Une rentrée littéraire sobre en "temps de crise"

Dès mercredi, débarquent en librairie des prétendants aux grands prix littéraires dʼautomne, dont le Goncourt.

La rentrée littéraire 2023 sera la moins prolifique du siècle, selon « Livres Hebdo ». Photo AFP

Cʼest déjà parti pour la rentrée littéraire qui mobilise les libraires dès le lendemain du pont du 15 août. Et elle sʼannonce sobre, avec un nombre resserré de parutions et des romans sérieux.

Jamais au XXIe siècle il nʼy avait eu aussi peu dʼarrivages : seulement 466 romans prévus entre cette mi-août et la fin octobre, dʼaprès le magazine spécialisé Livres Hebdo.

Cʼest 5 % de moins que lʼannée précédente, et surtout un tiers de moins que le record de quelque 700 romans établi en 2010.

Il y a une logique à cela. Le coût du papier, sʼil a reculé par rapport aux sommets de la fin de lʼan dernier, reste élevé. Et le pouvoir dʼachat des lecteurs inquiète les professionnels du livre.

Lʼédition ne se porte pas si mal, mais en littérature, le livre de poche tire le marché. Lʼan dernier, il sʼen est vendu 81 millions en France, contre 78 millions dʼexemplaires « grand format », celui des nouveautés, selon lʼinstitut GfK, référence sur les ventes de livres.

Quantité ou succès 

En tirant le bilan de la rentrée de septembre 2022, GfK expliquait que dans lʼ« équation quantité/succès » (publier beaucoup pour sʼassurer du volume, ou se focaliser sur quelques titres soigneusement choisis), « les lecteurs ont tranché » . À savoir quʼils sont sélectifs, exigeants quand ils dépensent plus de 20 euros pour un roman.

« Pour nos clients, même aisés, cʼest un investissement, confirme  Céline Maillard, libraire chez Richer, Rougier et Plé, à Angers. On est en temps de crise, un grand format coûte cher et, potentiellement, cʼest un livre qui va rester dans une bibliothèque. Donc ce nʼest pas un achat dʼimpulsion comme lʼest un poche. »

Sur les étals de cette librairie généraliste de centre-ville, la place nʼest garantie que pour quelques écrivains très médiatisés. Les autres sont obligés de faire leurs preuves rapidement ou ils tomberont dans les oubliettes de la littérature.

Le succès est assuré pour Amélie Nothomb, qui en est à sa 29e rentrée littéraire consécutive. Dans Psychopompe (Albin Michel), lʼun de ses meilleurs récits autobiographiques, elle sʼouvre sur une adolescence douloureuse et la naissance de sa vocation de romancière.

 Prétendants aux prix 

Dès mercredi, débarquent en librairie des prétendants aux grands prix littéraires dʼautomne, dont le Goncourt.

Les éditions Grasset misent entre autres sur Sorj Chalandon, qui signe LʼEnragé, sur un évadé dʼune colonie pénitentiaire pour mineurs dans les années 30, et Laurent Binet, avec Perspective(s), roman épistolaire sur un meurtre dans la Florence de la Renaissance. Rentrée particulière pour cette maison prestigieuse : elle va changer de propriétaire dʼici à octobre, ainsi que toute sa maison mère, Hachette Livre, reprise par le groupe Vivendi et le milliardaire Vincent Bolloré.

Jeudi, son rival Gallimard met en vente Panorama de Lilia Hassaine, roman social dʼanticipation, et Sarah, Susanne et lʼécrivain, effrayant récit de déchéance dʼune épouse et mère, avec lequel Éric Reinhardt espère une des récompenses qui lʼont fui jusquʼici.

Lʼépoque est grave, comme en témoignent les sujets dʼautres auteures phares de cette rentrée : le génie et la folie chez Sarah Chiche (Les alchimies, au Seuil) et lʼhéritage de juifs réfugiés en France chez Agnès Desarthe (Le château des rentiers, chez LʼOlivier).

Parmi tout ce sérieux, chez qui trouver le scandale, ingrédient dʼune rentrée littéraire réussie ? Peut-être dans la peinture de la violence sociale à Bondy, ville de banlieue parisienne que connaît bien Thomas B. Reverdy (Le Grand Secours, Flammarion).

Dans le roman étranger, même ton grave. On le trouve dans le récit dʼune mutinerie par lʼAméricain David Grann dans Les naufragés du Wager (éditions du Sous-Sol) ou la lignée dʼassassins imaginée par lʼEspagnol Victor Del Arbol dans Le fils du père (Actes Sud).

Cʼest déjà parti pour la rentrée littéraire qui mobilise les libraires dès le lendemain du pont du 15 août. Et elle sʼannonce sobre, avec un nombre resserré de parutions et des romans sérieux.

Jamais au XXIe siècle il nʼy avait eu aussi peu dʼarrivages : seulement 466 romans prévus entre cette mi-août et la fin octobre,...

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