La mesure devait concerner tous les cycles universitaires. Dans une note rendue publique le 1er juillet par le ministre algérien de l’Enseignement supérieur, Kamel Beddari, les chefs des établissements universitaires étaient enjoints de se préparer, dès la rentrée 2023-2024, à opter pour l’anglais comme langue d’enseignement, en remplacement du français. Mais le ministère a fait un pas en arrière, cette décision semblant relever plus d’un positionnement géopolitique que du développement réfléchi du secteur éducatif national, Alger étant alors en froid avec Paris. Prévue initialement en juin, la visite d’Etat du président Abdelmadjid Tebboune dans la capitale française “est toujours maintenue”, a-t-il affirmé le 6 août, mais sans préciser de date.
Au-delà des crispations entre l’ancienne colonie et son colonisateur, la réforme linguistique souhaitée par le ministère de l’Enseignement supérieur posait en outre des problèmes logistiques, les professeurs n’étant pas tous formés à enseigner en anglais, et les élèves ayant commencé à apprendre la langue de Shakespeare sur le tard. Face aux réactions globalement sceptiques des milieux universitaires, le ministère a donc décidé de revoir sa copie, à quelques semaines de la rentrée.
« L’Orient-Le Jour » a pu, en effet, se procurer une copie d’une note adressée le 27 juillet dernier par le président de la Conférence régionale des universités du centre à tous les directeurs d’établissement de sa région, comprenant notamment Alger, dans laquelle l’injonction d’utiliser l’anglais a été restreinte au cycle de première année.
Selon nos informations, la même note devrait être dispatchée à tous les établissements des autres régions. Dans cette instruction, il est demandé aux enseignants « qualifiés et maîtrisant bien l’anglais » de préparer dès à présent des modèles de cours à dispenser à la rentrée aux étudiants, qui y auront accès via la plateforme « Moodle ». Il est aussi recommandé aux enseignants de faire assister leurs élèves à leurs cours d’anglais. Le chemin à parcourir semble donc encore long pour généraliser la mesure comme le souhaitait le gouvernement.
Pourquoi pas l’arabe ou le Farsi, comme en Syrie ou en Iran?
00 h 16, le 17 août 2023