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Culture - Attention talent

Couper, coller, construire : le si beau photomontage de Yasmina Hilal

Dans « I See Me In You » (une traduction littérale de Bchouf hale fiki), l’artiste rend hommage aux femmes en général et aux figures essentielles dans sa vie : sa mère et sa grand-mère, en particulier.

Couper, coller, construire : le si beau photomontage de Yasmina Hilal

Une œuvre photographique de Yasmina Hilal intitulée « Jupon » (2022). Photo Yasmina Hilal

Dans le deuxième showroom de la galerie Zalfa Halabi, situé sur l’avenue Saëb Salam, l’exposition « I See Me In You » (Je me vois en toi) marque la 2e collaboration de cet espace avec l’artiste Yasmina Hilal. En 2022, Hilal avait présenté son solo intitulé « Trial & Error » qui présentait une collection de ses collages à l’aide de photographies tirées de ses shoot de mode. « I See Me In You » combine des tirages en chambre noire, des travaux de collage et de vidéo, et des installations dans un projet unique qui s’adresse à un public libanais profondément enraciné dans sa culture et ses traditions. Cette exposition, présentée en février dernier à Menart Fair à Bruxelles, est actuellement exposée pour la première fois au Liban. Une série qui ne manque pas d'emmener le visiteur dans un voyage dans le temps à travers le processus artistique de Hilal.


« Queening the Pawn » (2022), la dame damier de Yasmina Hilal. Photo Yasmina HilalNée en 1996, Yasmina Hilal, passionnée de photographie depuis 11 ans, accomplit ses études universitaires en réalisation et films expérimentaux dans la ville de Boston avec une sous-spécialisation en photographie et en technique d’animation sur les films 16 mm. C’est en 2017 qu’elle expérimente la technique du collage en privilégiant les portraits. La photographie lui apprend à être patiente et à travailler avec ses mains, à manipuler le film, à le découper et à le réduire en morceaux.



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La robe de mariée de ma mère

En période de confinement dû au Covid, Yasmina Hilal (27 ans) s’installe chez sa grand-mère paternelle et retombe en amour pour cette maison qui l’a vue grandir. Les souvenirs d’enfance se mélangent aux objets personnels parsemés dans la demeure et aux photographies anciennes en noir et blanc du temps où son grand-père emmenait sa grand-mère faire le tour du monde en voiture. Tout dans cette maison œuvre à inspirer l’artiste ; les meubles d’époque, les toilettes de sa grand-mère des années 70 (les mini-jupes, et les robes trapèze) oubliées dans des armoires qui recèlent des trésors, les toiles accrochées aux murs, les tiroirs remplis d’accessoires (les colliers en perles et les broches en strass) les bottes à lacets et les chaussures à paillettes, une maison qui vit, qui vibre et qui chuchote des histoires que l’artiste va s’approprier. Et voilà qu’elle tombe sur la robe de mariée de sa mère, une robe étonnement bleue en satin, remontée d’un corset en velours mouchetée de paillettes. Il est là l’objet de son inspiration ! Et l’artiste de relever avec un ton amusé : « ma mère déjà brouillait les normes et passait outre les us et les coutumes, elle n’avait pas dit oui en blanc. Je suis comme elle et mon travail tend plus à mettre en valeur l’imperfection qu’à célébrer la perfection. »



« Charis », une photo « fracturée » entre passé et présent. Photo Yasmina Hilal

Yasmina Hilal s’amuse à essayer les vêtements de sa grand-mère et à se photographier, mais aussi à inviter des amies ou des profils qu’elle découvre sur les réseaux sociaux à arborer des vêtements d’une proche de leur choix ; une mère, une tante ou une grand-mère. « J’ai voulu collaborer avec des artistes et j’ai choisi des designers comme Selim Azzam, Nouvelle vague et Good Kill pour honorer le travail des libanais. » Elle coiffe ses modèles à la manière ancienne avec du volume dans la partie haute des cheveux et les crans sur les côtés, et une fois le travail de photographie en argentique accompli, elle passe à la réalisation de son projet.

La célébration de l'imperfection

Le travail de Yasmina consiste à déconstruire une image, à la découper, à la remonter avec toujours un détail exagéré afin d’offrir au spectateur quelque chose à regarder qui brise les frontières dans ce monde méticuleux de la photographie de mode. L’artiste aime travailler de ses mains et croit fermement que la photographie, pour être complète, doit être manipulée ou déconstruite. C’est là qu'un processus de découpe a lieu lorsque l'artiste démonte l'image puis remet les morceaux en place presque comme s'ils formaient un puzzle ou une image en patchwork. Yasmina privilégie, le 35 ou 120 mm, afin de donner aux clichés un côté vintage.


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À force de tenter et d’expérimenter, l’artiste créée sa propre technique et un nouveau système en insistant sur le côté tridimensionnel de l’œuvre. Aller au-delà de l’image et essayer de voir en réflexion, voilà ce que l’artiste tente de faire en utilisant les erreurs pour en faire un mode de réalisation. Elle aborde toutes les matières, pour créer une image en 3D, utilise le tissu, le plastique, même le canevas, le découpe et le recoud. L’artiste est constamment dans la dynamique d’aller à l’encontre des normes et de défier le standard dans un contraste frappant avec la photographie de mode typique.


Zalfa Halabi Art Gallery, rue Saëb Salam, immeuble Saidi, secteur Unesco, Beyrouth. Jusqu'au 30 septembre 2023. Tél. 961 3 758 563

Dans le deuxième showroom de la galerie Zalfa Halabi, situé sur l’avenue Saëb Salam, l’exposition « I See Me In You » (Je me vois en toi) marque la 2e collaboration de cet espace avec l’artiste Yasmina Hilal. En 2022, Hilal avait présenté son solo intitulé « Trial & Error » qui présentait une collection de ses collages à l’aide de photographies tirées de ses shoot de...

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