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Moyen-Orient - FOCUS

Avec une demande chinoise en baisse, le pétrole saoudien se cherche de nouveaux horizons

Alors que la Chine réduit ses importations de pétrole d’Arabie saoudite, Riyad s’efforce de maintenir des prix du baril élevés. Quitte à diversifier son offre.

Avec une demande chinoise en baisse, le pétrole saoudien se cherche de nouveaux horizons

Une raffinerie en Arabie saoudite. Photo d’archives AFP

Lundi, l’annonce d’une chute de 12,4 % des importations chinoises de pétrole saoudien par rapport au mois de juin a poussé Aramco à réaffirmer sa volonté de se positionner comme le principal partenaire énergétique de l’empire du Milieu. Dans le cadre d’un plan massif d’investissements dans les hydrocarbures, évalués entre 45 et 55 milliards de dollars pour 2023, la compagnie nationale pétrolière du royaume entend renforcer ses partenariats en Chine. Notamment en pétrochimie, dans un effort de diversification qui lui permettrait de monter dans la chaîne de valeur auprès de Pékin, qui achète près d’un quart des exportations de pétrole saoudien mais augmente aussi ses importations de pétrole russe au rabais depuis le début de la guerre en Ukraine. Comptant sur sa manne pétrolière pour financer ses mégaprojets, Riyad entend bien maintenir sa place de leader sur le marché pétrolier mondial, en influant sur le cours du brut face à la baisse de la demande mondiale, comme par exemple en augmentant et en diversifiant ses capacités de production.

Une baisse des exportations saoudiennes

Car celle-ci est disputée par la Russie, son partenaire principal au sein de l’OPEP+, sous le coup de sanctions depuis son invasion de l’Ukraine en février 2022. Face aux sanctions occidentales qui restreignent ses exportations vers l’Europe, la Russie tente en effet de se tailler une part du gâteau chinois, en vendant son pétrole au rabais. Les importations de brut russe vers la Chine représentent désormais 14 % des approvisionnements chinois, contre 8,8 % avant la guerre. En Inde, c’est à 40 % que les importations russes s’élèvent, contre 3 % avant la guerre en Ukraine. Afin de ne pas se laisser devancer, Aramco a finalisé le mois dernier sa participation de 10 % chez son partenaire chinois Rongsheng Petrochimical pour environ 3,6 milliards de dollars. De quoi permettre à la société saoudienne de fournir près de 500 000 barils de pétrole brut supplémentaires par jour aux raffineries chinoises sur place.

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Mais la monarchie wahhabite mise désormais aussi sur la valeur ajoutée du domaine de la pétrochimie, c’est-à-dire les produits dérivés du pétrole et du gaz naturel. Une opportunité fructueuse, d’autant que la Russie ne fournit à la Chine que du pétrole brut. « La Chine représente un marché important pour nous, non seulement en termes de placement de pétrole brut, mais également en termes de croissance des produits chimiques », affirmait lundi Amine Nasser, directeur général d’Aramco. En mars dernier, la compagnie pétrolière avait déjà jeté son dévolu sur la construction d’un complexe pétrochimique dans la province de Liaoning. Aramco, qui détient désormais une participation de 30 % dans la Huajin Aramco Petrochemical Company, pourra en outre écouler 210 000 barils de brut par jour sur ce nouveau site en coentreprise avec son partenaire chinois. « Il y a un certain nombre d’investissements (pétrochimiques) en Chine en préparation que nous évaluons actuellement et que nous annoncerons en temps voulu », appuyait Amine Nasser.

Cette utilisation alternative du pétrole saoudien, pour la production de produits chimiques plutôt que pour produire de l’énergie localement, pourrait par ailleurs servir les objectifs d’Aramco en termes de réduction de ses émissions de carbone. Car jusqu’à présent, le groupe s’est seulement engagé à réduire ses émissions de carbone opérationnelles à zéro net d’ici à 2050. Un objectif qui ne concerne pas les émissions indirectes produites lors de la combustion des carburants, la plus importante de ses activités.

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Diminution des barils

Autre stratégie de l’Arabie saoudite pour conserver sa place sur le marché pétrolier international : influencer le cours du brut. Alors que le financement des projets de Vision 2030 reste conditionné à un prix du baril à minimum 80 dollars, selon les analystes, le prince héritier Mohammad ben Salmane doit conjuguer une baisse globale de l’activité économique au refus de ses partenaires de l’OPEP+, qui exportent ensemble près de la moitié du pétrole mondial, de baisser leurs quotas de production. Début août, le Brent a certes clôturé à 86 dollars le baril, son plus haut niveau depuis la mi-avril, mais la volatilité des prix et la concurrence russe poussent Riyad à faire pression pour réduire la production mondiale de barils. Jeudi 3 août, le royaume prolongeait unilatéralement une coupe d’un million de barils par jour décidée en juin, jusqu’en septembre minimum.

Pourtant, la stratégie du gonflement des prix par la réduction de l’offre reste incertaine. Après l’annonce de l’OPEP+ d’une coupe de production de plus de 1,5 million de barils par jour en avril, les exportations de pétrole du royaume avaient par exemple diminué un mois plus tard de 40 % par rapport à la même période en 2022. Pour un résultat porté à 19,2 milliards de dollars, contre 30 milliards l’année précédente.

Lundi, l’annonce d’une chute de 12,4 % des importations chinoises de pétrole saoudien par rapport au mois de juin a poussé Aramco à réaffirmer sa volonté de se positionner comme le principal partenaire énergétique de l’empire du Milieu. Dans le cadre d’un plan massif d’investissements dans les hydrocarbures, évalués entre 45 et 55 milliards de dollars pour 2023, la...

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