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Culture - France

Décès d’Hélène Carrère d’Encausse, kremlinologue et première femme à la tête de l’Académie française

Secrétaire perpétuel de l’Académie depuis 1999, elle avait indiqué qu’il faudrait l’appeler « Madame le Secrétaire perpétuel », sans féminiser la fonction.

L'historienne Hélène Carrère d'Encausse à Paris, le 21 février 2022. Photo AFP/JOEL SAGET

L’historienne Hélène Carrère d’Encausse, première femme à avoir été à la tête de l’Académie française et grande spécialiste de la Russie, est décédée samedi à Paris à l’âge de 94 ans.

« Elle s’est éteinte paisiblement entourée de sa famille », ont écrit ses enfants dans un communiqué.

Secrétaire perpétuel de l’Académie depuis 1999, elle avait indiqué qu’il faudrait l’appeler « Madame le Secrétaire perpétuel », sans féminiser la fonction. Car, selon elle, « il n’y a qu’un seul secrétaire perpétuel depuis trois siècles et demi. C’est cette idée de continuité qui doit prévaloir. C’est une lignée qui se poursuit ».

À l’annonce de sa mort, les réactions ont été immédiates. « "Historienne majeure, elle fut la première femme secrétaire perpétuel de l’Académie française. Comme elle, son legs est immortel », a loué le chef de l’État français Emmanuel Macron dans un message sur la plateforme X (ex-Twitter).
« Hélène Carrère d’Encausse a vécu jusqu’au bout pour défendre la richesse de la langue française avec une énergie fédératrice. Européenne convaincue, elle était libre et tenace dans ses engagements », a posté la ministre française de la Culture Rima Abdul Malak.
L’ex-chef d’État Nicolas Sarkozy a écrit sur X se souvenir « de sa grande intelligence, de son sens de l’humour et de son engagement pour la liberté ». Et Marine Le Pen de saluer la mémoire d’une femme « que les tourments de l’histoire avaient privée de patrie mais qui choisira la France par amour de notre civilisation ».
« Elle incarnait, avec fermeté et courage, depuis longtemps, ce qu’une intelligence et un savoir hors du commun peuvent apporter de meilleur à une société », a loué Xavier Darcos, chancelier de l’Institut de France et membre de l’Académie française.
« C’était une grande dame des lettres et des arts », a enfin souligné l’ex-ministre de la Culture et actuel président de l’Institut du monde arabe Jack Lang sur BFMTV.

Rétive à la féminisation du français
Née à Paris le 6 juillet 1929, Hélène Carrère d’Encausse était la fille d’une Italienne et d’un philosophe géorgien émigré en France, Georges Zourabichvili (qui sera plus tard assassiné). Elle acquiert la nationalité française en 1950 et épouse, deux ans plus tard, Louis Carrère, dit Carrère d’Encausse, avec lequel elle a trois enfants : l’écrivain Emmanuel (auteur de Limonov ou encore Yoga), Nathalie, avocate, et Marina, médecin et consultante dans les médias.

Spécialiste de la Russie, elle est l’auteure de plusieurs biographies dont celles de Lénine, Staline ou Catherine II. Reconnue dans le cercle des kremlinologues et régulièrement consultée par le monde journalistique, jusque récemment sur l’invasion de l’Ukraine, elle a fait en 1978 une entrée fracassante dans l’édition avec L’Empire éclaté. Elle y prédisait, avant beaucoup d’autres, l’éclatement de l’URSS confrontée au problème des minorités.

Récipiendaire de nombreuses récompenses, elle s’était encore vu décerner le prestigieux prix espagnol Princesse des Asturies pour les sciences sociales en 2023.

Membre depuis 1990 de l’Académie française (institution fondée au XVIIe siècle pour préserver la langue française et qui a mis des années à s’ouvrir aux femmes), Hélène Carrère d’Encausse s’est opposée à la féminisation de cette langue et plus globalement à l’écriture inclusive.
Ainsi le point médian (comme dans « les auteur·rice·s ») lui paraissait « stupide ». « Je me lis moi-même à voix haute, toujours, un livre que je commence, pour me rendre compte de la musique de la langue. On lit en silence, mais je pense qu’il est bon d’entendre l’auteur. Vous ne pouvez pas lire à voix haute avec le point médian », avait-elle dit en février 2022. Doubler les masculins de féminins, « celles et ceux » au lieu de « ceux » seulement, d’après cette lettrée, « est insupportable ». « Honnêtement, qu’est-ce que ça apporte aux femmes, “celles et ceux” ? Ça n’émancipe rien du tout », ajoutait-elle.

La question du nombre de femmes au sein de l’institution (actuellement onze), qui avait rejeté la candidature de Marie Curie en 1910 pour ne pas « créer de précédent », s’est régulièrement posée y compris sous la présidence d’Hélène Carrère d’Encausse. Elle a également eu une carrière politique et a notamment été élue au Parlement européen en juin 1994.

L’historienne Hélène Carrère d’Encausse, première femme à avoir été à la tête de l’Académie française et grande spécialiste de la Russie, est décédée samedi à Paris à l’âge de 94 ans.« Elle s’est éteinte paisiblement entourée de sa famille », ont écrit ses enfants dans un communiqué.Secrétaire perpétuel de l’Académie depuis...

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