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Nos Lecteurs ont la Parole

La poule aux œufs d’or

Le pays est exsangue, plus de la moitié sinon les deux tiers de ses résidents autochtones sont sur la paille, les chômeurs forcés (car licenciés de force), les sans-

emploi, les retraités (sans retraite), bref tous les Libanais lambda qui ne travaillent pas (ou plus) ou même sont fonctionnaires mais avec un salaire de misère non dollarisé, tout ce petit monde souffre depuis déjà trois ans minimum et ne parvient plus à joindre les deux bouts.

Et pourtant, dans ce curieux pays où rien ne fonctionne plus : pas de président de la République depuis presque un an, pas de gouvernement officiel, pas de gouverneur de la banque centrale, bientôt probablement plus de chef d’armée, des banques moribondes qui cherchent à se déclarer en faillite pour faillir à leurs obligations envers les pauvres déposants, des écoles et des universités qui luttent pour leur survie, des administrations publiques qui travaillent sporadiquement et cahin-caha, un jet d’internet prostatique, un courant électrique officiel pratiquement inexistant ou alors sujet à des pannes presque continues… Dans ce curieux pays qu’est le Liban, on est très à cheval sur la perception des factures et notamment de celles d’EDL !

Dans le bon vieux temps, quand on vivait encore au pays du miel et de l’encens, ces factures domiciliées à la banque étaient réglées automatiquement par débit de compte, et passaient comme une lettre à la poste. Mais depuis que la situation économique s’est dégradée (et continue de le faire…), les règlements doivent se faire en cash et donc l’intermédiaire bancaire n’a plus sa raison d’être que pour engraisser encore plus les profits éhontés et injustifiés…

Le pauvre percepteur d’EDL se pointe donc consciencieusement tous les deux mois pour collecter pour le compte de cet État fantôme et à cette EDL encore plus fantôme des revenus qu’ils ne méritent pas !

Là n’est pas le problème ; au contraire, on aimerait bien que le citoyen libanais s’acquitte de ses devoirs envers son pays – comme cela se fait dans toutes les nations civilisées –, mais là où le bât blesse, c’est qu’on se retrouve, comme un idiot fini, à régler bêtement et si difficilement une somme astronomique pour un jus électrique inexistant ou éphémère, du fait de la hausse diabolique de la facture d’électricité imposée par le ministre concerné depuis quelques mois déjà. Tout le monde connaît les problèmes endémiques de ce secteur au Liban, notamment depuis qu’il est furieusement monopolisé par une faction politique qui n’arrive pas à résoudre ses problèmes depuis de longues années déjà mais qui, en revanche, et, contre toute attente, n’accepte pas de s’en défaire (!) ni de laisser d’autres protagonistes plus qualifiés tenter leur chance pour mettre sur pieds ce secteur défaillant…

Passons sur cette incohérence flagrante, mais ce qui est encore aussi choquant, c’est de constater que la consommation électrique ne représente que 7 % du total de la facture, les 83 % restants étant des frais fixes – location de compteur, frais de réhabilitation (de quoi ?), TVA… –, ce qui fait qu’on doit régler, tous les mois, à EDL une somme exorbitante pour un courant que l’on ne consomme pas ! C’est carrément ubuesque !

Et encore ! J’aurais, à la limite mais très difficilement, pu accepter cette anomalie si elle devait s’appliquer uniformément à tous les usagers d’EDL. Mais que l’on se retrouve, dans certaines régions seulement (en majorité des régions chrétiennes pour être plus précis), à régler son dû alors que tant d’autres comme la banlieue sud de Beyrouth, les camps palestiniens et syriens, et d’autres régions échappant à la tutelle de l’État, s’en abstiennent systématiquement, cela devient non seulement injuste de le faire mais carrément ridicule ! On ne peut pas passer notre vie à payer pour les autres, rien que parce qu’ils sont les plus forts ou les plus protégés ! On ne peut pas se saigner à blanc et dans l’impossibilité de pouvoir récupérer ses propres économies de la banque, se sentir obligé de faire son devoir de bon citoyen alors que d’autres se permettent impunément de vivre leur vie carrément à nos crochets ! Cela ne peut pas continuer de la sorte !

Je comprends que cette même frange de la population refuse une partition du pays ou même la notion de fédération, car elle tuerait ainsi la poule aux œufs d’or. Mais tout a une limite ! Nous payons consciencieusement nos impôts, nos taxes, nos factures alors que les autres ne le font pas, ce qui fait que pour compenser ce déficit, EDL, par exemple, est obligée de surtarifer ses « services ».

Alors, vivement que l’on nous délivre de ce calvaire et que l’on institue une décentralisation accrue visant à rééquilibrer les choses de façon à récompenser le « bon citoyen » par des services efficaces et à prix raisonnables et à pénaliser les autres. Ce ne serait que justice, et il est grand temps que celle-ci se manifeste enfin dans ce pauvre pays, soumis à tous les chantages…


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Le pays est exsangue, plus de la moitié sinon les deux tiers de ses résidents autochtones sont sur la paille, les chômeurs forcés (car licenciés de force), les sans-emploi, les retraités (sans retraite), bref tous les Libanais lambda qui ne travaillent pas (ou plus) ou même sont fonctionnaires mais avec un salaire de misère non dollarisé, tout ce petit monde souffre depuis déjà trois ans minimum et ne parvient plus à joindre les deux bouts.Et pourtant, dans ce curieux pays où rien ne fonctionne plus : pas de président de la République depuis presque un an, pas de gouvernement officiel, pas de gouverneur de la banque centrale, bientôt probablement plus de chef d’armée, des banques moribondes qui cherchent à se déclarer en faillite pour faillir à leurs obligations envers les pauvres déposants, des écoles et des...
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