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Culture - PARCOURS

Karim Dakroub, marionnettiste d’un monde meilleur

Le créateur du « Théâtre libanais de marionnettes Khayal » fête ses 30 ans de carrière en reprenant son répertoire, ce jeudi 27 juillet au théâtre Monnot et ensuite au Tournesol.

Karim Dakroub, marionnettiste d’un monde meilleur

Karim Dakroub, profession marionnettiste. Photo DR

C’est en 1993 que le marionnettiste Karim Dakroub a créé son premier spectacle Que s’est-il passé à Kfar Menkhar ?. Une pièce qui adopte une approche innovatrice et amusante pour s’attaquer aux problèmes de l’environnement qui touchent notre quotidien. Aujourd’hui, le metteur en scène fête ses 30 ans de carrière avec tout son répertoire qu’il reprend sur les scènes de deux théâtres beyrouthins, le Monnot et le Tournesol. Les enfants d’hier qui ont découvert la pièce il y a 30 ans ont grandi. Ils sont devenus parents à leur tour, ont maintenant la possibilité de faire connaître la pièce à leurs enfants et de perpétuer ainsi son message.

Trente ans plus tard, le souci du réchauffement de la planète et les questions liées à l’environnement occupent toujours une place importante dans l’actualité. Comme quoi Karim Dakroub était un peu visionnaire en son pays.

Metteur en scène de théâtre avec une spécialisation dans l’art des marionnettes, il découvre à l’âge de 7 ans cet univers fantastique. Petit, ses parents l’emmenaient assister aux spectacles de Maha Nehmé à l’Institut culturel arabe à Hamra. La relation à ce monde va se développer au fil du temps. Au milieu des années quatre-vingt, encore étudiant, il assurera des activités à l’Institut culturel russe. « J’avais 17 ans et un peu d’expérience, ce monde me fascinait. Je savais que j’allais en faire mon métier », dit-il. Il obtient une bourse pour la Russie, part étudier d’abord le théâtre à Moscou avant de poursuivre une spécialisation en art des marionnettes à Saint-Pétersbourg. En 1993, à Beyrouth, il met en scène sa première pièce.

La marionnette quitte le castelet

Quand il rejoint l’univers des marionnettes au Liban, Karim Dakroub raconte qu’il y avait dans le monde à cette époque-là une tendance pour le théâtre synthétique. Cela consiste en une synthèse, dans un même spectacle, entre les différents types de marionnettes et tous les arts de la performance. On pouvait ainsi assister à un spectacle où se côtoient sur scène de petites ou de grandes marionnettes (quelquefois même de taille humaine), des masques, des marionnettes à fil, de la danse, des acteurs et des conteurs. Cela dépendait de la mise en scène et du message. La marionnette quitte le castelet et la tradition d’un spectacle uniforme. Alors que les spectacles de marionnettes se confinaient à une seule technique et à un seul type de marionnettes, à fils, à tringles, à gaines, à tiges, à prise directe ou encore les marionnettes en théâtre d’ombres, aujourd’hui on se dirige vers un mélange de types et d’arts. La particularité des spectacles du Théâtre libanais de marionnettes Khayal, c’est aussi qu’ils se démarquent particulièrement par l’absence de messages moralisateurs adressés aux enfants. « Nous ne sommes pas dans le faites ceci ou faites cela, mais dans une source d’inspiration qui se base sur le ressenti de chaque enfant. Oubliées les leçons de morale, on se met au niveau de leurs besoins psychologiques, en essayant de mettre l’accent sur leurs souffrances par rapport aux grandes personnes. À l’heure où l’imaginaire des enfants est troublé, aucun conte avec une fin heureuse ne peut désormais les convaincre », déplore le metteur en scène. « C’est pour cela qu’il nous est indispensable aujourd’hui de répondre à leurs interrogations : C’est quoi la guerre ? Pourquoi tous ces gens combattent-ils ? Pourquoi font-ils tant de mal ? N’est-il pas interdit de frapper autrui ? Pourquoi cet enfant dort dans la rue ? »


La marionnette ne meurt jamais

La marionnette ne vieillit pas, ne prend pas de l’âge et ne meurt pas. Elle a cela comme privilège sur les humains. « C’est en Inde, raconte Dakroub, que la marionnette a commencé à avoir un effet thérapeutique sur les hommes. Alors que le théâtre d’ombres était une tradition qui était liée au deuil parce que c’est un art sacré qui se réalise avec des matières sacrées, lorsqu’on mourait, un prêtre venait avec son théâtre d’ombres pour réaliser un spectacle interactif et permettre ainsi à la famille de communiquer avec le mort. Cela facilitait le processus de deuil. »

La marionnette ne meurt pas et les spectacles de Karim Dakroub non plus. Ce qui différencie le travail de ce metteur en scène du théâtre traditionnel où une pièce est jouée pour un laps de temps et puis oubliée, c’est qu’il s’est constitué au fil du temps un répertoire qui se maintient tout le long des années. Ses pièces ne s’arrêtent jamais, elles sont jouées en permanence, le but étant de construire une tradition de théâtre et de toucher à chaque fois une nouvelle génération. « Lorsque l’on réalise une nouvelle création, elle s’ajoute au répertoire. Chaque spectacle a son identité, le lien et le style se développent avec le temps, mais en même temps les spectacles perdurent. On peut ainsi en regardant tous les spectacles se rendre compte de l’évolution avec le temps. Ce concept de répertoire qui perdure existe en Europe depuis très longtemps », explique-t-il.


Des marionnettes de différents types. Photo DR

La marionnette pour mieux comprendre le monde

Tout en poésie, ses pièces parlent tantôt des quatre saisons et traitent des étapes de la vie et des idées associées à la maturité, abordent la sensibilisation aux risques qu’encourt l’environnement, mettent en lumière le respect du patrimoine et la crise de l’humanité dans un langage poétique qui fait jaillir en nous une lueur d’espoir, mais surtout une volonté de survie. Ses histoires racontent la fascination des enfants pour l’âge adulte, s’inspirent des contes classiques des Mille et Une Nuits basés sur les miniatures des vieux livres arabes et persans, dénoncent la société qui marginalise et craint les dissemblances, se penche sur l’enfant qui ne trouve point d’endroit pour jouer et assouvir son énergie, alors que tout le monde se plaint constamment de ses bêtises et le blâme pour tout incident, ou sur l’autre surdoué qui lit beaucoup, aime les expériences et les nouvelles inventions mais souffre des sarcasmes de ses camarades et du fait qu’ils ne veuillent pas jouer avec lui parce qu’il est différent. Il est ainsi, le théâtre de Karim Dakroub, du côté de l’enfance, de ses embûches et des tracas que la vie impose, mais il est aussi du côté du rêve et de l’espoir, et surtout d’un monde toujours meilleur.


Programme des représentations

– Au théâtre Monnot : Baytik Ya sitti le 27 juillet, à 18h.

– Au théâtre Tournesol, tous les jeudis du mois d’août à 18h :

Chou Sar Bkfarmenkhar le 3 août ; Firas al-Attas le 10 ; Ya Amar daoui al-nas le 17 ; Alf wardé wa wardé le 24 et Zaibak le 31 août.

C’est en 1993 que le marionnettiste Karim Dakroub a créé son premier spectacle Que s’est-il passé à Kfar Menkhar ?. Une pièce qui adopte une approche innovatrice et amusante pour s’attaquer aux problèmes de l’environnement qui touchent notre quotidien. Aujourd’hui, le metteur en scène fête ses 30 ans de carrière avec tout son répertoire qu’il reprend sur les scènes de deux...

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Mignon!

Marie Claude

08 h 38, le 25 juillet 2023

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Commentaires (1)

  • Mignon!

    Marie Claude

    08 h 38, le 25 juillet 2023

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