La communauté internationale devrait considérer le Liban comme un "modèle pour résoudre la crise'' des migrants, a déclaré dimanche le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati dans une conférence à Rome sur la migration à travers la Méditerranée.
Selon les Nations unies, plus de 100.000 migrants sont arrivés en Europe au cours des six premiers mois de 2023 par la mer, depuis les côtes nord-africaines, la Turquie et le Liban. Ils étaient un peu plus de 189.000 en 2022.
"Avec des ressources très limitées et un manque cruel d'opportunités d'emploi attractives dans le pays, les Libanais ont accueilli les réfugiés syriens à bras ouverts, mais il est temps de les rapatrier en Syrie", a déclaré M. Mikati au cours de cette conférence organisée à l'initiative de la Première ministre italienne, la dirigeante d'extrême-droite Giorgia Meloni. Cet événement vise à promouvoir la coordination internationale en matière de migration irrégulière.
"Nos ressources (au Liban) sont très limitées, voire inexistantes, pour contenir l'impact de cette crise des réfugiés sur le tissu social libanais et les infrastructures en général, et nous accueillons des réfugiés syriens depuis 2012", a soutenu M. Mikati. "Le Liban est prêt à s'engager dans un dialogue constructif et à coopérer avec tous les partenaires internationaux afin d'élaborer une feuille de route commune pour faire face à cette crise, et nous souhaitons renforcer notre coopération avec l'Union européenne dans ce domaine'', a-t-il ajouté. ''J'encourage la communauté internationale à considérer le Liban comme un modèle pour résoudre cette crise, un modèle pour les autres pays qui font face à des défis similaires, a-t-il appelé. Il faut répartir le fardeau et les responsabilités entre les pays''. M. Mikati a également insisté sur la ''nécessité pressante pour la communauté internationale de soutenir les efforts du Liban'', notamment en allouant ''des ressources suffisantes pour renforcer les mesures de contrôle aux frontières, combattre les réseaux criminels impliqués dans le trafic d'êtres humains, investir dans des initiatives de renforcement des capacités et de partager les meilleures pratiques pour la gestion des réfugiés".
Une génération perdue
"La position du gouvernement libanais sur cette question [de l'immigration] est désormais la suivante : puisque le conflit en Syrie est terminé, nous devons mettre en place un plan pour le retour en toute sécurité de tous les réfugiés dans leur pays d'origine. Les organisations internationales et les donateurs, au lieu de financer leur séjour au Liban, devraient rediriger ces fonds pour qu'ils soient versés sous conditions aux individus et aux familles qui décident de retourner dans leur patrie", a affirmé M. Mikati. Il a en outre averti que si la communauté internationale ne se mobilise pas pour aider le Liban à faire face à la "crise des réfugiés syriens" et à sortir de la crise dans laquelle il se trouve, elle devrait se préparer à une "génération perdue" dans le pays, estimant en outre que la pauvreté due à la crise dans le pays risquait de favoriser ''le désespoir, la colère, qui peuvent mener dans certains cas à l'extrémisme et au terrorisme''.
Georgia Meloni avait ouvert la conférence en fixant les priorités de ce qu'elle appelle "le processus de Rome". "Lutte contre l'immigration illégale, gestion des flux légaux d'immigration, soutien aux réfugiés, et surtout, la chose la plus importante, sinon tout ce que nous ferons sera insuffisant, une large coopération pour soutenir le développement de l'Afrique, et particulièrement des pays de provenance" des migrants, a-t-elle détaillé.
Parmi les personnalités présentes, il y avait les présidents de la Tunisie Kaïs Saied, des Emirats arabes unis Mohammad ben Zayed, de la Mauritanie Mohamed Ould Cheikh el-Ghazouani, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, le président du Conseil européen Charles Michel, le Haut-commissaire du HCR Filippo Grandi, et des délégués des grandes institutions financières internationales. Etaient également représentés par leurs chefs de gouvernement : Malte, l'Egypte, la Libye, l'Ethiopie, la Jordanie, l'Algérie, le Niger, tandis que d'autres, comme la Grèce, la Turquie, le Koweït ou l'Arabie saoudite, ont envoyé des ministres. La France et l'Espagne n'ont pas de représentants.
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« Il faut répartir le fardeau et les responsabilités entre les pays'' a dit Mikati aux européens. Cela veut dire explicitement que le Liban devra supporter ad vitam aeternam la présence dune grande partie des deux millions de déplacés installés sur notre territoire. Ça veut dire également que le premier ministre sortant tient à rectifier l’équilibre démographique des deux communautés musulmanes en renflouant le nombre des sunnites contre un taux de natalité en croissance chez les chiites.
Hitti arlette
10 h 17, le 25 juillet 2023