Les autorités prorusses installées en Crimée ont accusé samedi l'Ukraine d'avoir fait exploser avec des drones un dépôt de munitions, provoquant l'évacuation de la population alentour et la suspension du trafic ferroviaire dans cette péninsule annexée.
Cette nouvelle attaque intervient quelques jours après un assaut ayant visé le pont de Kertch, le seul ouvrage de ce genre qui relie la Crimée à la Russie et qui sert notamment à acheminer du matériel aux militaires russes sur le front ukrainien.
Début juin, Kiev a déclenché une contre-offensive pour reprendre les territoires perdus au profit de Moscou, affirmant en particulier avoir l'intention de récupérer la Crimée, que la Russie a unilatéralement rattachée en 2014 à son territoire. S'adressant en visioconférence au Forum sur la sécurité d'Aspen vendredi, Volodymyr Zelensky avait ainsi jugé que le pont de Kertch, construit selon lui en violation du droit international, devait être "neutralisé".
Attaque de drones
"A la suite d'une attaque de drones ennemis dans le district de Krasnogvardeïski, il y a eu une explosion dans un dépôt de munitions", a pour sa part déclaré samedi Sergueï Aksionov, le gouverneur de Crimée choisi par Moscou.
"La décision a été prise d'évacuer les personnes habitant dans un rayon de cinq kilomètres. Afin de minimiser les risques, il a aussi été décidé de stopper le trafic ferroviaire", a-t-il ajouté. M. Askionov n'a pas précisé le lieu touché, se bornant à mentionner le district de Krasnogvardeïski, situé à l'intérieur des terres, dans le centre de cette presqu'île de la mer Noire.
L'attaque de samedi a également provoqué une suspension du trafic routier sur le pont de Crimée, qui a cependant été très vite rétabli, ont annoncé les autorités prorusses sur Telegram. Le transport ferroviaire a quant à lui été interrompu dans la péninsule "pour minimiser les risques", selon M. Aksionov. Les autorités ont précisé par la suite que deux trains allant de Moscou à Simferopol, la principale ville de Crimée, et un autre dans la direction opposée avaient été arrêtés.
Multiplication des attaques
Les attaques ukrainiennes, rarement revendiquées, se sont ainsi multipliées ces dernières semaines dans cette presqu'île. Dans la nuit de dimanche à lundi dernier, une attaque ukrainienne avait endommagé le pont de Crimée, déjà touché dans une spectaculaire attaque en octobre 2022.
Des dégâts considérables avaient été causés à l'aide de drones navals à la section routière de l'ouvrage et deux civils circulant en voiture ont été tués. Le président Vladimir Poutine avait dans la foulée promis "une réponse" de la part de son armée, appelant aussi à "améliorer la sécurité" de l'ouvrage.
Au-delà de combats toujours intenses dans l'est de l'Ukraine, la semaine a été surtout marquée par une escalade verbale concernant la mer Noire, après la sortie de la Russie d'un accord international sur les exportations des céréales ukrainiennes. Moscou et Kiev ont tour à tour mis en garde les navires navigant sur la mer Noire, avertissant qu'ils pourraient être visés s'ils se dirigeaient vers les ports ennemis.
Samedi, le gouverneur de la région russe de Belgorod, frontalière de l'Ukraine et régulièrement la cible de frappes, a accusé Kiev samedi d'avoir bombardé la veille le village de Jouravlevka avec des armes à sous-munitions. "Dans la région de Belgorod, 21 tirs d'artillerie et trois d'armes à sous-munitions depuis un lance-roquettes multiples ont été effectués (par l'armée ukrainienne) sur le village de Jouralevka", a déclaré Viatcheslav Gladkov. L'armée russe a de son côté annoncé qu'un journaliste de l'agence de presse russe Ria Novosti, Rotislav Jouravlev, avait été tué le même jour dans un bombardement ukrainien dans la région de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine.
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