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Sport - Tour de France

Vingegaard seul sur sa planète

En l'espace de deux jours, Jonas Vingegaard a définitivement plié le Tour en reléguant Tadej Pogacar, en perdition, à plus de sept minutes à la sortie des Alpes. Une performance qui suscite autant d'admiration que d'interrogations à l'égard du maillot jaune qui s'apprête à remporter une seconde Grande Boucle d'affilée.

Jonas Vingegaard au moment de franchir la ligne d'arrivée de la 17e étape à Courchevel, dans les Alpes, mercredi. Anne-Christine Poujoulat/AFP

Cette fois, c'est bel et bien fini. Non sans un léger arrière-goût d'inachevé tant ce qui devait être la joute finale entre les deux favoris de ce Tour s'est avérée à sens unique.

En l'espace de deux jours, Jonas Vingegaard a montré à l'ensemble du peloton l'ampleur du monde qui les séparait l'un de l'autre. Un monde qui culmine à l'arrivée de la 17e étape, en haut de l'altiport de Courchevel, à plus de 7 minutes 30 d'écart.

Déjà surclassé dans le contre-la-montre de la veille, Tadej Pogacar n'a pas tenu la comparaison avec le maillot jaune. L'un semblait voler dans les plus hauts pourcentages de col de Loze, tandis que l'autre, visage de cendre, connaissait, selon ses dires, « sa pire défaillance sur un vélo » le long de ces 24 kilomètres d'ascension vécus comme un calvaire par l'ensemble du peloton.

« On n'est pas encore à Paris »

À l'exception peut-être de Felix Gall, grand vainqueur de l'étape reine de cette 110e édition, qui est parvenu à lâcher ses compagnons d'échappée, pourtant peuplée d'une belle brochette de baroudeurs en haute altitude (Thibaut Pinot, David Gaudu, Simon Yates ou Pello Bilbao entre autres). Porté par les encouragements de la foule, le leader de la formation AG2R s'est offert un succès de prestige en gagnant Courchevel avec 34 secondes d'avance sur Simon Yates, deuxième, et près de 2 minutes sur Jonas Vingegaard.

Mais cette performance de l'Autrichien, « fou de joie », a mécaniquement été éclipsée par la démonstration de force du Danois qui, à quatre jours de l'arrivée à Paris, s'est assuré d'une deuxième victoire d'affilée sur la Grande Boucle.

« Avoir plus de sept minutes d'avance c'est formidable évidemment, un vrai soulagement, mais on n'est pas encore à Paris », a temporisé Vingegaard, quatrième de l'étape après avoir été brièvement retardé par une moto qui avait calé.

Le Danois de 26 ans ne peut évidemment pas dire le contraire. Mais comment imaginer qu'il puisse dilapider une telle avance alors que les deux ogres se tenaient encore en dix secondes deux jours plus tôt ? D'autant qu'il paraît encore frais comme un gardon, alors que Pogacar semble totalement au bout du rouleau.

« Je ne sais pas ce qui s'est passé, je suis arrivé en bas de la dernière ascension complètement vidé », a commenté le Slovène qui a vécu un calvaire, pire encore que lors de son craquage au col du Granon l'an dernier qui avait scellé l'issue de l'édition précédente en faveur du Danois.

Méconnaissable, blanc comme un linge, cernes de croque-mort et genou gauche ensanglanté après une chute en début d'étape, Pogacar a cédé à 7,8 km du sommet, alors qu'on n'avait même pas atteint les pentes les plus sévères.

« Je suis mort »

En perdition, il a été tracté par son équipier Marc Soler, pourtant pas exactement un chamois cette année, jusqu'à la ligne d'arrivée dressée à l'altiport de Courchevel.

Il l'a franchie en secouant sa tête d'enterrement, pendant que Soler lui tapait l'épaule et lui glissait des mots de consolation à l'oreille. Sur le chronomètre, les dégâts sont terribles : 7 minutes et 37 secondes de retard sur l'étonnant Autrichien Felix Gall, qui s'est montré le plus costaud d'une échappée pourtant royale.

Et 5:45 de retard sur Vingegaard qui lui avait déjà mis un sacré coup de bambou sur la tête la veille lors du chrono survolé par la fusée jaune, et au terme duquel il avait déjà pris 1:38 d'avance sur son dauphin slovène.

Mais ce n'était rien comparé au chemin de croix vécu mercredi par Pogacar dans les pentes interminables du col de la Loze, 28,1 km avec des passages à 24 % dans le final.

Jamais le Slovène, cannibale des temps modernes, n'avait encore connu une telle défaillance sur un vélo. « J'ai lâché, je suis mort », a-t-il dit lors d'une conversation radio avec ses directeurs sportifs alors qu'on était encore loin du sommet planté à 2 304 m, toit de ce Tour.

« J'ai beaucoup mangé, mais ce n'est pas descendu jusque dans les jambes », a commenté le leader d'UAE, qui n'aime ni la chaleur ni l'altitude. Les deux étaient au programme.

« Je ne prends rien », répète Vingegaard

Pogacar n'en a pas dit davantage, alors que l'ancien champion Philippe Gilbert a remarqué qu'un bouton de fièvre était apparu ces derniers jours à sa lèvre, signe souvent d'une fatigue généralisée.

La préparation du Slovène avait été fortement perturbée par sa fracture au poignet gauche dans une chute lors de Liège-Bastogne-Liège le 23 avril. Ses ambitions de troisième sacre en ruine, il en était réduit à espérer se rétablir pour « offrir une étape » à son équipe lors des quatre derniers épisodes de cette 110e saison du Tour de France.

Quant à Vingegaard, qui s'est précipité dans les bras de sa femme et leur petite fille à l'arrivée, il doit désormais se battre contre un autre adversaire : les suspicions de dopage, revenues à la faveur de son ultradomination.

« Je comprends que c'est difficile de faire confiance au cyclisme avec ce qui est arrivé dans le passé. Mais je peux vous le dire la main sur le cœur : je ne prends rien et je ne prendrais rien que je ne donnerais pas à ma fille », a-t-il assuré en conférence de presse où deux questions portaient sur le sujet, en attendant les suivantes...

Cette fois, c'est bel et bien fini. Non sans un léger arrière-goût d'inachevé tant ce qui devait être la joute finale entre les deux favoris de ce Tour s'est avérée à sens unique. En l'espace de deux jours, Jonas Vingegaard a montré à l'ensemble du peloton l'ampleur du monde qui les séparait l'un de l'autre. Un monde qui culmine à l'arrivée de la 17e étape, en...
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