Mais où est donc passé Sleiman Frangié ? Depuis son discours prononcé le 11 juin dernier, le chef des Marada et candidat du tandem chiite à la présidence de la République s’est enfermé dans son silence, préférant observer de loin la scène politique locale. Entre-temps, un développement a eu lieu, brisant un peu le statu quo : après des mois de froid, le Hezbollah et le Courant patriotique libre ont décidé de reprendre langue dans le cadre d’un dialogue « sans conditions préalables ». Une démarche qui inaugure une nouvelle phase entre les deux alliés traditionnels, dont les rapports ont frôlé la rupture sur fond de profonds désaccords autour du dossier de la présidentielle, et plus particulièrement autour de... la candidature de Frangié, jusqu’ici rejetée par le leader aouniste. Comment les Marada lisent-ils cette ouverture ? Ce dialogue favorisera-t-il les chances du zaïm zghortiote de remporter la course pour Baabda, ou Gebran Bassil réussira-t-il à convaincre le parti chiite de rallier une autre candidature ?
Le chef du CPL et le secrétaire général du Hezbollah ont officialisé la nouvelle lors de deux apparitions médiatiques consécutives, la semaine dernière. Mais Hassan Nasrallah a d’emblée affirmé que son parti n’a pas changé de cap, comme pour rassurer le leader des Marada. Du côté de ces derniers, on est d’ailleurs plus que jamais confiant. « Il est évident que le dialogue entre le CPL et le Hezbollah va dans notre intérêt. D’autant qu’un premier point est déjà marqué : Gebran Bassil a accepté de prendre part à cette démarche tout en étant conscient que la candidature de Sleiman Frangié est toujours sur le tapis », commente pour L’Orient-Le Jour le ministre sortant de l’Information, Ziad Makary (Marada).
Il précise dans ce cadre que « lors de sa visite à Zghorta en juin dernier, l’émissaire de l’Élysée au Liban, Jean-Yves Le Drian, n’a pas indiqué que la France a complètement tourné la page de sa toute dernière initiative ». Une référence au troc dont Paris, à un moment donné, aurait fait la promotion. Il prévoyait l’élection du chef des Marada à la tête de l’État en contrepartie de la nomination de Nawaf Salam, ancien ambassadeur du Liban aux Nations unies, à la présidence du Conseil.
« En politique, tout a un prix »
Mais telle n’est pas la seule raison derrière la confiance des Marada. Il y a aussi le score de M. Frangié lors de la séance électorale du 14 juin dernier. Celui-ci avait créé la surprise en affichant 51 voix à son compteur, contre 59 pour le candidat appuyé par l’opposition et le CPL, Jihad Azour, ancien ministre des Finances et actuel haut responsable au Fonds monétaire international. « La bataille du 14 juin dernier était sans doute celle de la mise à l’écart de Sleiman Frangié… mais elle n’a pas abouti », commente Ziad Makary. Quelques jours seulement avant la séance parlementaire, le leader des Marada préparait pourtant lui-même les esprits à un probable retrait de la course. « Je n’ai aucun problème si un candidat fait l’objet d’une entente élargie », avait déclaré M. Frangié le 11 juin dernier. Mais on n’en est pas encore là. Le leader zghortiote est conscient que pour rester dans la compétition, il a besoin de l’appui de Gebran Bassil (17 voix au moins). « Nous savons qu’en politique tout a un prix. Mais il ne suffit pas d’un dialogue avec le Hezbollah sur ce plan », affirme le ministre sortant de l’Information, disant s’attendre à « des réunions bilatérales avec le CPL » pour débattre de cette question. « Il est encore tôt pour parler de cela. Il vaut mieux attendre les débouchés du dialogue », dit de son côté un autre proche de Sleiman Frangié, faisant savoir que le Hezbollah n’a pas informé les Marada de sa volonté de relancer le dialogue avec le CPL. « Mais nous sommes en contact permanent avec nos alliés », assure, pour sa part, Mohammad el-Khansa, responsable des relations avec les instances religieuses et partis chrétiens au sein du Hezbollah.
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14 h 04, le 19 juillet 2023