Tensions le long de la ligne bleue : Guterres met en garde contre une « escalade avec de graves conséquences »

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a mis en garde dans un rapport publié samedi contre une « escalade avec de graves conséquences » à la frontière entre le Liban et Israël si les différentes parties ne mettent pas un terme à leurs violations le long de la ligne bleue, après plusieurs semaines de tensions.

« Toutes les parties doivent mettre fin aux violations et respecter la cessation des hostilités », a appelé M. Guterres dans son dernier rapport sur l’application de la résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité publié samedi, et qui fera l’objet de consultations au Conseil vendredi prochain. « Les incidents qui se poursuivent le long de la ligne bleue sont préoccupants. Les confrontations directes entre les armées israélienne et libanaise ainsi qu’entre des individus et l’armée israélienne risquent de conduire à une escalade avec de graves conséquences », a-t-il averti. « Pour réduire les points chauds potentiels, les parties doivent utiliser le format tripartite de la Force intérimaire de l’ONU au Liban (Finul) pour reprendre les discussions sur les points litigieux en suspens le long de la ligne bleue », a appelé le chef de l’ONU. Il a condamné « toutes les violations de la souveraineté libanaise qui sapent la crédibilité de la Finul » et demandé à Israël de « cesser tous les survols du territoire libanais ».
Ces dernières semaines, la situation s’était tendue le long de la ligne bleue, marquée notamment par un échange de tirs de mortier et de roquettes ainsi que de tirs visant des combattants du Hezbollah. 

Le secrétaire général s’est encore dit « gravement préoccupé par la présence d’armes non autorisées dans la zone située entre le Litani et la ligne bleue ». « La présence et l’utilisation active d’armes dans les champs de tir échappant au contrôle de l’État constituent une grave violation », a-t-il déploré, appelant l’armée libanaise à « faciliter l’accès de la Force internationale aux lieux demandés dans le cadre de ses enquêtes ».

Par ailleurs, le secrétaire général a condamné « le maintien d’armes non autorisées par le Hezbollah et d’autres groupes armés en dehors du contrôle de l’État ». Il a réclamé au gouvernement libanais de prendre toutes les mesures nécessaires pour faire en sorte qu’il n’y ait plus aucune arme autre que celles de l’État libanais.

L’annexion de Ghajar
En outre, le secrétaire général demande aux autorités israéliennes de s’acquitter de l’obligation de se retirer du nord de Ghajar, les exhortant à « redoubler d’efforts politiques » pour résoudre cette question. La partie libanaise de Ghajar a été rattachée au territoire israélien occupé début juillet. Ce village alaouite contesté, situé à la frontière entre le Liban et le plateau du Golan syrien et traversé par la ligne bleue, a été complètement coupé du Liban après que l’armée israélienne a construit une clôture au nord de la bourgade.

Antonio Guterres a encore demandé que les « auteurs d’agressions contre la Finul, y compris ceux qui sont responsables du meurtre d’un Casque bleu et des blessures infligées à trois autres lors de l’attaque d’un convoi de la Finul en décembre 2022, soient traduits devant la justice », rappelant l’acte d’accusation émis le 1er juin par le juge d’instruction militaire contre plusieurs membres du Hezbollah.

Au niveau politique, le secrétaire général de l’ONU s’est offusqué contre le « statu quo insoutenable », alors que le pays est sans président depuis plusieurs mois. « Si les solutions à long terme doivent être libanaises, l’engagement durable de la communauté internationale et des donateurs à répondre aux besoins humanitaires croissants et aux défis socio-économiques du peuple libanais demeure essentiel », a-t-il dit. 

Le rapport publié par M. Guterres est une évaluation complète de la mise en œuvre de la résolution 1701 depuis son précédent rapport datant de mars. Il fera l’objet de consultations à huis clos au Conseil de sécurité prévues vendredi pour entendre les présentations de la coordonnatrice spéciale de l’ONU pour le Liban, Joanna Wronecka, et du secrétaire général adjoint aux opérations de paix Jean-Pierre Lacroix, sur la situation dans le pays.