La fusillade meurtrière survenue début juillet à Kornet el-Saouda est une "question distincte" d'un différend sur l'eau et les terres entre les habitants de Bécharré et de Denniyé, ont affirmé dimanche plusieurs députés du Liban-Nord, ainsi que des présidents de municipalités et des moukhtars de Denniyé.
Le 1er juillet, deux hommes de la famille Tok, Haïtham et Malek, originaires du village à très grande majorité chrétienne de Bécharré, ont été retrouvés morts à Kornet el-Saouda, zone au centre d'un conflit de longue date entre les habitants de Bécharré et de la localité musulmane sunnite voisine de Bkaasafrine, autour d'une question cadastrale et d'approvisionnement en eau.
Dans un communiqué conjoint, les députés Jihad el-Samad, Fayçal Karamé ainsi que les anciens députés Ahmad Fatfat, Assaad Harmouche, Kassem Abdel-Aziz et Sami Fatfat ont appelé à la "coexistence" entre les résidents locaux après que l'incident a suscité des craintes de tensions sectaires. Ils ont également demandé que les deux questions suivantes ne soient pas liées. "La première concerne le décès de Haïtham Tok, qui a été victime d'un affrontement armé et celui de Malek Tok, qui a été tué à la suite d'un affrontement avec l'armée libanaise. La deuxième question concerne le conflit entre Bécharré et Denniyé qui est passé d'un simple désaccord sur l'utilisation de l'eau de la fonte des neiges et des pâturages pour le bétail à un conflit sur la propriété de la terre", précise le texte.
Les habitants de Bécharré et de Bkaasafrine à Denniyé ont souvent pris part à des conflits armés au sujet de l'eau et de la terre, bien que la fusillade du 1er juillet semble être la première dans laquelle il y a eu des morts.
La déclaration ajoute que les frontières administratives contestées entre Denniyé et Bécharré sont déjà "définies selon des cartes fixes et documentées... et qu'il ne s'agit pas d'un sujet de discussion". "Nous pensons que ce qui se cache derrière (le lien entre les deux incidents) est une question dangereuse qui provoque des dissensions entre les deux régions, et nous convenons à l'unanimité d'y mettre fin et de nous en tenir à la coexistence avec notre peuple à Bécharré", avertissent les signataires. "Nous condamnons l'ingérence politique et religieuse et les pressions exercées sur le pouvoir judiciaire pour qu'il adopte des décisions et des prises de position qui n'ont rien à voir avec la vérité et la réalité", ajoutent-ils, se disant contrariés par la récente suspension d'un comité chargé de résoudre les différends relatifs à la propriété foncière qui ont conduit aux affrontements meurtriers.
Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a annoncé au début du mois qu'il suspendait les travaux de la commission qu'il avait nommée immédiatement après les tueries pour résoudre les litiges relatifs aux terres et à l'eau à Kornet el-Saouda.
Cette annonce a été faite après que plusieurs partis, dont les Forces libanaises (FL) de Samir Geagea, ont critiqué l'approche de M. Mikati, étant donné qu'il est à la tête d'un cabinet sortant qui n'a pas les pleins pouvoirs dans un pays en proie à la vacance à la magistrature suprême. De leur côté, les députés de Bécharré, Sethrida Geagea et Melhem Tok, avaient estimé que la création de la commission par le Premier ministre "constitue une violation flagrante du principe de la séparation des pouvoirs".
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