C’est dans une compétition de football en ligne que les indices allant progressivement dans le sens d’une normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël peuvent aussi se lire. Alors que les deux pays n’entretiennent pas de relations diplomatiques officielles, trois « gamers » israéliens ont atterri vendredi à Riyad pour disputer la FIFAe World Cup, compétition internationale du jeu vidéo FIFA qui s’y tiendra du 16 au 19 juillet. Le déplacement de l’équipe israélienne, composée de trois joueurs, a été organisé par la FIFA, sans qu’il n’y ait toutefois eu de contact direct entre les deux gouvernements.
Les Saoudiens s’étaient néanmoins engagés à accueillir toutes les équipes sur leur territoire sans distinction d’origine. Déjà en octobre 2022, un athlète israélien, Shachar Sagiv, avait pu participer pour la première fois à une compétition sportive internationale organisée en Arabie saoudite, en concourant au triathlon international. « La preuve que le sport relie les peuples et les pays », avait-il affirmé à cette occasion. En 2017, un tournoi international d’échecs qui se tenait à Riyad s’était en revanche déroulé sans compétiteurs israéliens, le royaume se refusant à leur délivrer des visas.
Depuis leur arrivée à Riyad via les Émirats arabes unis (EAU), les joueurs israéliens de la FIFAe World Cup accordent de nombreuses interviews à la presse, en arborant les maillots de leur équipe nationale. Pourtant, à la différence des EAU et de Bahreïn, signataires des accords d’Abraham en septembre 2020, l’Arabie saoudite ne reconnaît pas officiellement l’existence de l’État hébreu, même si des contacts officieux ont cours entre les deux États.
Une normalisation des relations « encore loin »
La volonté de normaliser les relations entre les deux pays, sous l’égide des États-Unis, est laborieuse. Mais Riyad semble montrer quelques signes d’ouverture dans l’espoir d’obtenir des contreparties américaines. L’accueil de joueurs de FIFAe israéliens sur son sol s’ajoute à la liste des petits pas entrepris ces derniers mois, dont l’ouverture de son espace aérien ou la modification des références péjoratives relatives aux juifs dans ses manuels scolaires. Fin juin, l’ambassadrice saoudienne à Washington, la princesse Rima bint Bandar al-Saoud, avait déclaré lors d’une conférence l’intention de son pays d’« intégrer Israël dans un Moyen-Orient unifié ». « L’intégration signifie que nous coopérons, que nos intérêts convergent », avait-elle ajouté, faisant notamment référence à leur objectif commun de lutte contre l’influence iranienne dans la région.
Pour l’administration Biden, l’établissement de relations officielles entre Israël et l’Arabie saoudite constitue un objectif majeur de politique étrangère. Une victoire que le président démocrate tente d’arracher avant l’élection présidentielle américaine de 2024. Encore le mois dernier, Antony Blinken, secrétaire d’État américain, s’était rendu à Riyad dans cette perspective. Mais des obstacles demeurent. Dimanche dernier, lors d’une interview donnée à la CNN, le locataire de la Maison-Blanche a affirmé qu’un accord de normalisation entre les deux pays était « encore loin ». Car le royaume conditionne ce rapprochement à l’obtention d’une aide américaine au développement de son programme nucléaire civil, ainsi qu’à la création d’un État palestinien.
De l’e-sport et du soft power
Pour l’heure, à la FIFAe World Cup, organisée pour la première fois en Arabie saoudite, les équipes israélienne et saoudienne s’affronteront dans le même groupe dès dimanche prochain. Les Global Esport Games, présentés comme l’événement « phare » des compétitions mondiales de jeux vidéo, se tiendront en outre à Riyad en décembre prochain.
Pionnière en la matière dans la région, la monarchie wahhabite cherche à se hisser aux côtés de la Chine et de la Corée du Sud en tant que leader du business florissant de l’e-sport international. L’investissement dans les sports électroniques s’inscrit dans le cadre du fameux projet « Vision 2030 » lancé par le prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane en 2016 pour diversifier l’économie de sa pétromonarchie et par lequel il a l’intention de faire de l’Arabie saoudite une puissance mondiale incontournable.
commentaires (3)
Et alors? Ça ne devrait même plus faire la une? Heureusement il y a des gars comme MBS qui, quelque soit leurs sentiments sur le sujet ont compris que travailler avec Israël apportera beaucoup à tout les niveaux surtout la technologie. N’oublions pas que l’Allemagne et la France furent des ennemis jurés pendant tant d’années avant de construire l’Europe ensembles, idem pour la Corée et le Japon, Rêvons que d’ici pas très longtemps nous ayons une zone de libre échange incluant aussi la Turquie et l’Iran (pas possible avec les rétrogrades) et que le capital humain de la région se concentre sur les vrais problèmes comme la gestion de l’eau et des ressources naturelles ainsi que le tourisme et la technologie.
Liban Libre
16 h 51, le 11 juillet 2023