Rechercher
Rechercher

Moyen-Orient - REPÈRES

Vers une escalade des tensions russo-américaines dans le ciel syrien ?

En moins de 24 heures, Washington a accusé à deux reprises le Kremlin d’avoir « harcelé » ses engins déployés au-dessus de la Syrie. 

Vers une escalade des tensions russo-américaines dans le ciel syrien ?

Un drone américain MQ-9 Reaper. Photo d’archives AFP

La tension est encore montée d’un cran entre les forces aériennes russes et américaines en Syrie. Opposant le Kremlin, parrain du régime de Bachar el-Assad, à Washington, qui dirige une coalition internationale de lutte contre le groupe État islamique (EI), en coopération avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), les incidents entre les deux pays sont fréquents. Mais cette semaine, les États-Unis ont accusé à deux reprises Moscou de mener des attaques contre ses drones dans le ciel syrien.

Les faits

• Jeudi, l’armée de l’air des États-Unis a publié un communiqué dénonçant le rapprochement dangereux d’avions de chasse russes Sukhoï Su-34 et Su-35 de drones américains Reaper MQ-9 dans le ciel syrien, publiant une vidéo de l’incident.

• Cet incident intervient au lendemain d’une première approche russe de trois MQ-9 américains en Syrie qui « menaient une mission contre des cibles (de l’EI) », selon les propos du général Alexus Grynkewich, chef de l’armée de l’air au Moyen-Orient, ce qui aurait forcé les pilotes américains à effectuer des manœuvres d’évitement.

• « L’avion de combat russe Su-35 a utilisé des fusées éclairantes à parachute dans la trajectoire de vol de l’avion américain MQ-9, a poursuivi le général. Contre les normes et les protocoles établis. »

• De son côté, l’agence de presse officielle russe TASS a cité les propos de l’ambassadeur de Russie à Washington, Anatoly Antonov, affirmant que les remarques du Pentagone « détournent l’attention du fait que les Américains eux-mêmes violent quotidiennement les règles de sécurité aérienne dans l’espace aérien syrien ».

• Des tensions qui ont lieu au moment où Paris, en tant que membre de la coalition internationale anti-EI, a également rapporté que deux Rafale en mission de protection à la frontière irako-syrienne avaient « réagi (jeudi) à une interaction non professionnelle de la part d’un Su-35 russe », précisant que les pilotes étaient parvenus à maîtriser le risque d’accident et à poursuivre leur patrouille.

• Composantes majoritaires des Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par Washington, les forces kurdes contrôlent de vastes régions du Nord-Est, où se trouvent d’importants champs pétrolifères.

Lire aussi

La mutinerie Wagner vue du Moyen-Orient

Le contexte

• Disposant de près de 900 soldats en Syrie, Washington dirige une coalition internationale de lutte contre l’EI en s’alliant sur le terrain aux Forces démocratiques syriennes (FDS) – à dominante kurde –, chassant les cellules restantes de l’organisation jihadiste. Ces dernières ont la main sur de vastes régions du Nord-Est, où se trouvent d’importants champs pétrolifères, dont le pouvoir syrien espère à terme regagner le contrôle.

• Cette escalade survient dans le contexte du renforcement des antagonismes entre Washington et Moscou depuis la guerre en Ukraine, tandis que les Occidentaux multiplient les sanctions pour isoler le Kremlin.

• Sur le plan régional, elle intervient également alors que le régime de Bachar el-Assad a été réintégré dans le giron arabe au printemps, à la suite des efforts déployés par Riyad pour accueillir à nouveau le pays au sein de la Ligue arabe. Une normalisation qui donne une marge de manœuvre supplémentaire à Bachar el-Assad, mais contre laquelle s’oppose toujours fermement Washington.

• Cette escalade survient alors que le ministère russe de la Défense a indiqué jeudi que son armée de l’air avait entamé un exercice militaire conjoint avec celle de la Syrie pour une durée d’environ une semaine. Il se concentre notamment sur « les questions de contrôle de l’espace aérien de la Syrie », a brièvement indiqué Moscou dans un communiqué.

• Loin d’être nouvelles, les menaces de pilotes russes à l’encontre de la force américaine en Syrie sont dénoncées depuis plusieurs années, alors qu’elles seraient récemment montées en intensité. Au cours des derniers mois, Washington a rapporté que des pilotes russes survolent quasi quotidiennement les bases américaines dans le pays.

• Signe de la préoccupation des États-Unis, le Pentagone avait annoncé au mois de juin le déploiement dans la région de chasseurs F-22 – connus pour être les plus perfectionnés de sa flotte – visant à éviter une confrontation plus importante avec Moscou. C’est le premier envoi de ces engins dans la région depuis leur déploiement dans une base aérienne émiratie, à la suite des attaques menées par des rebelles houthis du Yémen contre Abou Dhabi.

Les enjeux

• L’intensification des provocations de Moscou contre les forces américaines en Syrie serait guidée par l’objectif principal de chasser les troupes des États-Unis dans le pays. Un projet révélé par des documents classifiés ayant fuité sur le réseau social Discord et divulgués par le Washington Post au printemps dernier. Selon ces fuites, Damas ainsi que ses deux parrains russe et iranien prépareraient une campagne coordonnée afin de fomenter une révolte antiaméricaine dans les régions du nord et du nord-est de la Syrie.

• Située à la frontière entre la Syrie, l’Irak et la Jordanie, la base américaine d’al-Tanf est en outre convoitée depuis longtemps par les mandataires de Téhéran dans ces deux premiers pays. Les récentes manœuvres russes peuvent être ainsi interprétées comme un cadeau fait à Téhéran. Car si leurs intérêts divergent parfois, les deux régimes parias ont intensifié leur coopération militaire depuis la guerre lancée par le Kremlin contre l’Ukraine en février 2022, alors que Moscou y utilise des drones de fabrication iranienne.

La tension est encore montée d’un cran entre les forces aériennes russes et américaines en Syrie. Opposant le Kremlin, parrain du régime de Bachar el-Assad, à Washington, qui dirige une coalition internationale de lutte contre le groupe État islamique (EI), en coopération avec les Forces démocratiques syriennes (FDS), les incidents entre les deux pays sont fréquents. Mais cette...

commentaires (2)

Je pense que les américains se mordent les doigts de ne pas avoir pleinement fournis des armes a l'opposition syrienne et au kurdes, la Russie n'aurait pas tenue avec un second front comme l'Ukraine. Enfin... qui sait, peut-être que cela est en préparation... j'espère

Aboumatta

10 h 30, le 08 juillet 2023

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Je pense que les américains se mordent les doigts de ne pas avoir pleinement fournis des armes a l'opposition syrienne et au kurdes, la Russie n'aurait pas tenue avec un second front comme l'Ukraine. Enfin... qui sait, peut-être que cela est en préparation... j'espère

    Aboumatta

    10 h 30, le 08 juillet 2023

  • Pourquoi ne pas humilier Poutine, le soi-disant homme fort (je rigole), qui préfère liquider ses opposants plutot que de moderniser son pays. On voit la différence en Ukraine où la deuxième armée du monde met 6 mois pour prendre un bourg comme Bakhmout à un prix humain qui les empêche d’aller plus loin. La seule force efficace et moderne dont les Russes disposent est la force Wagner et nous savons ce qu’elle pense de Poutine

    Liban Libre

    00 h 18, le 08 juillet 2023

Retour en haut