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La question migratoire enflamme le débat politique en Pologne

La question migratoire enflamme le débat politique en Pologne

Dans le débat sur la primauté du droit européen, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a maintenu : "Les tentatives de limiter notre souveraineté ne sont pas légales" . Photo Ronald WITTEK/AFP

La question migratoire enflamme le débat politique en Pologne à quelques mois d'élections législatives que le pouvoir nationaliste veut coupler à un référendum sur l'immigration.

Le parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir reprend ainsi "le thème qui avait été payant pour lui aux législatives de 2015, quand il avait exploité la peur de l'étranger", analyse Stanislaw Mocek, sociologue, politologue et président de l'Université Collegium Civitas.

La semaine dernière, le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a utilisé les images des violences urbaines en France pour défendre ses positions anti-immigrés et justifier son opposition à une réforme de la politique migratoire européenne.

celle-ci prévoit notamment un système de solidarité obligatoire mais "flexible" entre pays de l'UE dans la prise en charge des demandeurs d'asile. La Pologne et la Hongrie ont rejeté ce projet lors du sommet européen fin juin.

Ordre public

"Rassemblons deux images", "d'un côté celle de la banlieue parisienne d'aujourd'hui, des grandes émeutes, des pillages dans les magasins, des vitres brisées, des voitures en feu" et de l'autre celle "des villes, des villages polonais tranquilles", met en parallèle le Premier ministre.

"La Pologne a opté pour la sécurité, la paix et l'ordre public", a déclaré M. Morawiecki.

Le parti PiS a d'ores et déjà soumis au Parlement l'organisation d'un référendum sur la question de l'accueil des réfugiés, en même temps que les législatives de l'automne, au moment où près de trois quarts des Polonais se disent opposés à des transferts obligatoires de demandeurs d'asile, souligne M. Mocek. L'opposition dénonce cependant "l'hypocrisie" du pouvoir qui, d'un côté, se présente comme défenseur du pays contre les migrants et qui, de l'autre côté, fait venir des immigrés pour répondre au manque de main d'oeuvre.

"L'inconséquence est flagrante entre ces deux politiques, celle de la campagne électorale et l'autre qui répond à la vie réelle", économique, souligne M. Mocek. 

Selon Maciej Witucki, président de la Confédération du patronat Lewiatan, "notre économie et nos sociétés n'y arriveront pas sans travailleurs étrangers. Sur les dix dernières années, le marché du travail a perdu plus de 2,2 millions de personnes en âge de travailler", à cause du vieillissement de la société.

Utilisant lui aussi les images des émeutes en France, le chef du principal parti d'opposition centriste, Donald Tusk, a dénoncé la semaine dernière "la logique malade" du gouvernement en dévoilant un projet destiné à ouvrir, selon lui, la voie à "au moins 400.000 demandes de visas, en provenance principalement de pays d'Asie et d'Afrique".

Le pouvoir a nié ces chiffres mais a retiré ce projet qui, selon M. Kaczynski n'était qu'une "erreur administrative".

Aucune stratégie

Le Premier ministre polonais a appelé l'opposition à soutenir les positions gouvernementales mais les principaux partis de gauche et de centre ont boycotté une réunion sur ce sujet jeudi.

Si les Polonais se disent hostiles à l'émigration des pays non européens, ils ont accueilli nombre d'Ukrainiens fuyant la guerre depuis l'invasion russe de février 2022.

Un million environ d'Ukrainiens vivent toujours sur le sol polonais, bénéficiant d'un statut de réfugié particulier.

dans le même temps, la Pologne a construit, au prix de centaines de millions d'euros, des barrières le long de ses frontières avec le Bélarus et la Russie, accusant les deux pays d'encourager les migrants désireux de gagner l'UE. 

Varsovie applique couramment la pratique de refoulements et de refus du droit à demander l'asile, ce que dénoncent les ONG opérant sur place.

En Pologne, "il n'existe aucune stratégie migratoire, ce qui (...) risque d'avoir des conséquences néfastes économiques et sociales", a regretté M. Witucki cité par le quotidien Rzeczpospolita. 



La question migratoire enflamme le débat politique en Pologne à quelques mois d'élections législatives que le pouvoir nationaliste veut coupler à un référendum sur l'immigration.

Le parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir reprend ainsi "le thème qui avait été payant pour lui aux législatives de 2015, quand il avait exploité la peur de...