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Lifestyle - Coolitude

Quand le sari, revisité, s'expose dans un musée londonien

L’an dernier, la célèbre femme d’affaires indienne Natasha Poonawalla, doublée d’une fashionista, avait arboré au Gala du Met un sari surréaliste en gaze, soutenu par un corsage en métal doré signé Schiaparelli, qui a donné le ton du renouveau de ce vêtement indien traditionnel. Décoiffant !

Quand le sari, revisité, s'expose dans un musée londonien

Une vue de l'exposition The Offbeat Sari, qui se tient jusqu’au 17 septembre au Design Museum de Londres. Photo tirée du site officiel du musée

En Inde, c’est une vraie révolution pour le sari qui passe de son statut de vêtement traditionnel à celui, plus moderne, adapté aux contraintes de la vie actuelle. Une transition parfaitement bien illustrée dans une exposition au Design Museum de Londres sous le titre The Offbeat Sari (Le sari détourné) à voir jusqu’au 17 septembre. Cette présentation est inédite car elle braque les feux sur un nouveau jalon de la mode encore méconnu. La curatrice de l’exposition, Priya Khanchandani, y voit « l’expérience de ce qui est sans doute la réinvention la plus rapide des 5 000 ans d’histoire d’une tenue nationale ».

Le sari a la particularité de ne comporter qu’une seule pièce de tissu sans aucune couture. Fluide et porté en drapé au fil des millénaires, il reflète l’identité, la classe sociale, le goût et une fonctionnalité à travers le temps et le pays. Et comme toutes les traditions, il a la vie dure. « Ces dernières décennies, le sari, un vêtement à la base porté au quotidien, paraît dépassé voire inconfortable, en particulier par les jeunes », peut-on lire dans un communiqué de presse du musée. Dans cet esprit, des designers indiens avant-gardistes l’ont repensé en jouant sur les textures, les tissages et les drapés, allant même jusqu’à l’interpréter en fils métalliques et en denim délavé.

Le sari à sensation au Gala du Met 2022 arboré par Natasha Poonawalla. Photo tirée de sa page Instagram (@natasha.poonawalla)

Hybrides et matériaux innovants

Cette évolution s’illustre par environ 60 créations de saris inédits confectionnés au cours de la dernière décennie. Ces modèles sont, pour la plupart, prêtés par des designers et des studios à travers l’Inde et n’ont jamais été exposés en Grande-Bretagne auparavant. L’exposition The Offbeat Sari dévoile ainsi la manière dont le vêtement a été revisité par les créateurs, les aficionados et les artisans. Selon le site de l’exposition, « le sari a aujourd’hui été élevé au rang d’article de mode et s’est imposé dans les tendances contemporaines. Les créateurs indiens expérimentent des formes hybrides tels que des robes sari, des saris pré-drapés et des matériaux innovants, notamment l’acier. Les jeunes urbains, qui associaient auparavant le sari aux grandes occasions, le portent désormais avec des baskets durant leurs longues journées de travail ».

Dans ce domaine, les griffes indiennes font florès, du côté de la haute couture comme du prêt-à-porter. Un grand nombre de stars ont d’ailleurs succombé ces dernières années aux modèles luxueux en provenance d’Inde. En 2010, Lady Gaga est apparue dans un sari vert eau signé Tarun Tahiliani. On se souvient également du sari à volants imaginé par le designer Abu Jani Sandeep Khosla et porté par la star de Bollywood Deepika Padukone au festival de Cannes en 2022. Les inspirations de Sabyasachi et d’Anamika Khanna ont aussi illustré le grand potentiel d’extravagance du vêtement. Parallèlement, les rues de Mumbai, Delhi, Bangalore et au-delà ont témoigné de la manière dont les jeunes urbaines adoptent à nouveau ce vêtement traditionnel.

The Offbeat Sari, se tient jusqu’au 17 septembre au Design Museum de Londres. Photo tirée du site officiel du musée

La sensationnelle fusion Indo- Schiaparelli

Cette plongée fascinante dans le renouveau du sari, un vêtement qui apparaît souvent comme traditionnel et authentique aux yeux du grand public, est déclinée en trois thèmes dans cette exposition. La tournée débute par le phénomène de Transformation qui met en lumière le travail des designers en Inde qui ont repoussé les frontières du sari en créant de nouveaux genres et en l’embrassant comme un objet d’expression ludique. Parmi les créations exposées, un sari orné de paillettes découpées, signé Abraham & Thakore, un sari en denim vieilli imaginé par Diksha Khanna ou un drapé de sari laqué enroulé autour d’un socle en jeu de lignes.

Le sari apparaît également comme un « vecteur de transmission des identités individuelles », via ses formes et ses couleurs. L’exposition évoque aussi certaines pièces portées en signe de protestation, par des manifestantes dans l’Inde rurale, par exemple. Mais le renouveau du sari s’exprime surtout avec des matériaux inédits, comme l’explique le troisième volet de l’exposition. « La texture, la couleur et la surface du sari ont formé une toile de fond riche pour l’incroyable créativité des artisans, indique la curatrice Priya Khanchandani. Elle montre comment les fabricants et les designers travaillent en symbiose à travers une gamme de techniques et de matériaux pour transformer les façons de faire au XXIe siècle. Cette section s’inspire de la profonde histoire des textiles de l’Inde et de son avenir, mettant en lumière la complexité des tissages, des motifs et des couleurs nécessaires à l’embellissement de cet habit. Un exemple important, dans cet esprit, est un sari du designer Rimzim Dadu qui a utilisé des fils d’acier inoxydable aussi fins que des cheveux pour créer un dessin d’une une vague sculptée en or. »

En 2010, Lady Gaga apparaissait dans une version de sari vert eau signée Tarun Tahiliani. Photo tirée de la page instagram du designer

Point d’orgue de l’exposition, un sari qui avait fait sensation au Gala du Met en 2022, quand il avait été arboré par la fashionista et célèbre femme d’affaires indienne Natasha Poonawalla, également directrice de la Fondation Villoo Poonawalla et directrice exécutive du Serum Institute of India. Dans une veine surréaliste émanant d’un mélange indo-italien, la jupe sari, dotée d’une traîne en gaze richement brodée signée par la griffe indienne Sabyaschi et retenue par un bustier en métal provenant de la maison Schiaparelli, avait créé la surprise et bousculé toutes les idées reçues.

En Inde, c’est une vraie révolution pour le sari qui passe de son statut de vêtement traditionnel à celui, plus moderne, adapté aux contraintes de la vie actuelle. Une transition parfaitement bien illustrée dans une exposition au Design Museum de Londres sous le titre The Offbeat Sari (Le sari détourné) à voir jusqu’au 17 septembre. Cette présentation est inédite car elle braque les...

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