Rechercher
Rechercher

Dernières Infos - Iran

Des opposants en exil craignent le réchauffement des liens entre l'UE et Téhéran


Des membres de Mujahedin Khalq brandissent des drapeaux iraniens lors de la conférence "120 ans de lutte pour la liberté de l'Iran" à Manza, en Albanie, le 13 juillet. Photo Gent Shkullaku / AFP

La pression s'intensifie en Europe sur un groupe controversé d'opposition iranienne en exil, alors que l'Union européenne tente désespérément de relancer l'accord sur le nucléaire iranien.

Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), vitrine politique de l'Organisation des moudjahidine du peuple (OMPI ou MEK), accusent l'Occident de chercher "l'apaisement" avec Téhéran.

Le MEK se revendique le seul groupe crédible en exil à lutter contre la République islamique, bien qu'il soit tenu en profonde suspicion par de nombreux opposants iraniens.

La semaine dernière, la France, invoquant des raisons de sécurité, a interdit un rassemblement organisé par le CNRI le 1er juillet, en soutien au mouvement de protestation qui secoue l'Iran depuis septembre dernier.

Le 20 juin, les autorités albanaises ont mené un raid contre un camp du MEK qui héberge ses membres depuis une décennie. Le CNRI affirme qu'un membre du MEK a été tué, information démentie par Tirana. Et dans un incident aux circonstances encore floues, une bombe a visé il y a quelques jours un bureau du CNRI près de Paris, sans faire de blessés.

"Politique d'apaisement" 

Autant d'incidents qui sont le résultat d'une "politique d'apaisement" de l'Occident à la demande de Téhéran, a affirmé lors d'une réunion près de Paris Maryam Radjavi, qui dirige à la fois le MEK et le CNRI.

Le MEK, considéré par Téhéran comme "terroriste", est interdit par les autorités iraniennes, qui accusent le groupe d'avoir mené une série d'attaques au début des années 1980, dont une ayant tué un Premier ministre et un haut responsable religieux. 

Le groupe islamo-marxiste a milité pendant des décennies pour évincer le chah et a initialement soutenu la révolution de 1979, dirigée par l'ayatollah Rouhollah Khomeini. Il s'est ensuite brouillé avec le régime avant de soutenir Saddam Hussein dans la guerre Iran-Irak. Il revendique un vaste réseau de partisans en Iran et se vante d'avoir révélé en 2002 l'existence de son programme nucléaire. Il compte aussi quelques soutiens de poids, comme l'ancien conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton.

Mais ses détracteurs jugent qu'il ne représente nullement les Iraniens et Iraniennes descendus dans la rue depuis septembre.  De fait, le MEK pourrait se retrouver fragilisé au moment où l'Union européenne cherche à renouer des contacts avec l'Iran et à redonner vie à l'accord actuellement moribond de 2015 sur le programme nucléaire iranien.

Le président français Emmanuel Macron et son homologue iranien Ebrahim Raïssi se sont entretenus au téléphone le 10 juin. Et le numéro deux de la diplomatie européenne, Enrique Mora, a rencontré son homologue iranien la semaine dernière à Doha.

"Soulever le problème" 

"La République islamique se plaint depuis longtemps de la présence du MEK dans les pays occidentaux. Je ne serais pas surpris si ses responsables évoquaient le sujet dans leurs conversations avec leurs homologues occidentaux", estime Jason Brodsky, directeur du groupe américain United Against Nuclear Iran.

Mais si le statut du MEK en Europe devait être discuté, cela représenterait un "changement de paradigme", tant l'UE et les Etats-Unis ont toujours insisté pour que les pourparlers sur le dossier nucléaire ne soient associés à aucun autre sujet. "C'est certainement une dynamique à surveiller", estime l'expert.

Le MEK est loin d'avoir connu un parcours sans heurts en Occident. Il a été expulsé de France au milieu des années 1980, quand Paris cherchait à améliorer ses relations avec Téhéran.

Les Etats-Unis n'ont retiré le groupe qu'en 2012 de la liste des organisations terroristes. Et les responsables européens craignent qu'après avoir déjoué un complot en 2018, le CNRI ne soit la cible d'autres attaques. Il existe un "risque actuel et réel" d'une telle attaque, avait déclaré le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, pour justifier l'interdiction. "Le rassemblement pourrait être aussi le théâtre de tensions entre les partisans du MEK et d'autres militants de l'opposition iranienne qui se sont engagés dans une lutte d'influence depuis le début du mouvement de protestation en Iran".De fait, Téhéran a exprimé sa vive irritation ces dernières semaines sur le sujet, dénonçant notamment le piratage du système informatique de l'administration du président iranien Ebrahim Raïssi.

"En raison de leur nature terroriste, le MEK sera toujours une menace pour la sécurité de leurs hôtes", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani.

La pression s'intensifie en Europe sur un groupe controversé d'opposition iranienne en exil, alors que l'Union européenne tente désespérément de relancer l'accord sur le nucléaire iranien. Le Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), vitrine politique de l'Organisation des moudjahidine du peuple (OMPI ou MEK), accusent l'Occident de chercher "l'apaisement"...