Cet article avait été publié avant la mort du chef de Wagner, Evguéni Prigojine, dans le crash d'un avion en Russie le 23 août 2023.
La rébellion aurait pu virer au drame, elle se dissout finalement dans un calme étonnant. Abandonnant son attitude belliqueuse quelques heures après le début de la mutinerie menée par les troupes de la milice Wagner vendredi soir, le président russe Vladimir Poutine se montre conciliant, préférant offrir à celui qu’il qualifiait de « traître » une sortie sans encombre chez son allié biélorusse, plutôt que de risquer le bain de sang. Chef des mercenaires, à l’origine de cette tentative de putsch, Evguéni Prigojine risque pourtant la condamnation à mort. Comment expliquer ce changement de ton radical de la part du Kremlin après une telle escalade, parvenue à quelques centaines de kilomètres de Moscou ? Quel avenir pour le groupe paramilitaire sur le front ukrainien et ailleurs dans la région ? Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe, fait le point pour L’Orient-Le Jour.
Comment une telle rébellion a-t-elle pu avoir lieu ?
L’étau se resserrait déjà depuis un moment autour de Wagner. En Russie, il n’existe pas de cadre légal qui contrôle l’activité des sociétés militaires privées comme Wagner. Le groupe s’est donc longtemps appuyé sur ce flou juridique pour prospérer. Ces derniers mois, il y avait un contentieux entre le ministère de la Défense et M Prigojine, un litige qui était connu et se manifestait publiquement avec des prises à partie et des critiques faites publiquement depuis octobre par ce dernier. La situation pourrit depuis des mois. Les événements de samedi ont été précipités la semaine dernière par un arrêté pris par le ministère de la Défense qui exige qu’au 1er juillet, toutes les formations armées qui opèrent dans la zone de « l’opération spéciale » (en Ukraine, NDLR) doivent signer un contrat avec l’institution. De plus, lors du forum de Saint-Pétersbourg, M Poutine a clairement fait savoir qu’il était souhaitable qu’un cadre légal soit trouvé pour encadrer l’activité des sociétés militaires privées. M. Prigojine se sentait mis au pied du mur.
Pourquoi la mutinerie s’est-elle soldée par un échec ?
D’abord, il faudrait savoir quel était l’objectif de M Prigojine. Est ce qu’il s’agissait de prendre le pouvoir ? Je ne pense pas car on ne prend pas une ville comme Moscou avec 20 000 ou 30 000 hommes. C’est une ville de 20 millions d’habitants, il n’a aucune assise populaire, aucun parti politique, il n’a pas noyauté les services, il n’a pas non plus infiltré l’armée. Il n’avait aucune chance de prendre quoi que ce soit. Puisque M. Prigojine était déjà dos au mur, il s’agissait certainement plus d’une tentative désespérée de renverser la situation à son avantage, dans un rapport de force ultime. Il n’y est que très partiellement arrivé en sauvant sa tête pour l’instant.
Il va réussir à préserver une partie de ses hommes et de ses activités mais la société Wagner telle qu’on la connaissait la semaine dernière, en tout cas avant cette journée folle de samedi, n’existe plus. Elle va exister sous une autre forme, une partie des collaborateurs de M Prigojine va probablement signer des contrats avec le ministère de la Défense et une partie des activités de Wagner va se retrouver encadrées dans les prochains jours par une loi qui devrait voir le jour sous peu.
Quel stigmate le régime russe pourrait-il garder de cet épisode ?
Ce qui est frappant, c’est le décalage entre le discours de fermeté de M. Poutine tenu samedi matin et le compromis trouvé en fin de journée. À la télévision, il en appelait à la responsabilité de chacun, parlait de manière très explicite de coup de couteau dans le dos et affirmait que les responsables seraient punis sans ménagement. Quelques heures plus tard, on apprend que M Prigojine se retire sans encombre. Cela me fait dire qu’à mon avis, on est face à un dénouement qui est provisoire. L’'image du pouvoir en sortira écornée : la situation était très embarrassante et la verticale du pouvoir en ressort bousculée. Mais je pense que ce dénouement n’est qu’un temps mort avant d’autres développements. J’imagine mal les choses en rester là étant donné le nombre de lignes rouges qui ont été franchies.
Qu’est ce qui a pu être négocié pour mettre un terme à l’avancée des mercenaires ?
Ce qui a été promis à M. Prigojine, c’est une amnistie pour ses hommes, une garantie de sécurité pour lui ainsi que pour ses lieutenants. Ceux qui le souhaitent pourront rejoindre les rangs de l’armée. Lui devrait rester en Biélorussie jusqu’à nouvel ordre. Les deux partis ont bien compris qu'ils se trouvaient dans une situation de perdant-perdant avec potentiellement un bain de sang derrière qui aurait pu advenir et transformer l’escalade en un épilogue dramatique. Ils ont évité cela en sortant par le haut, grâce à la médiation d'Alexandre Loukachenko (le président biélorusse, NDLR).
Comment cet événement pourrait-il se répercuter sur le conflit ukrainien ?
Les troupes de Wagner s’étaient retirées des principales zones d’affrontement après la prise de Bakhmout le mois dernier et il était question qu’elles se redéploient en juillet. Cela risque d’être compromis désormais, sauf concernant les hommes de M. Prigojine qui vont rejoindre les rangs de l’armée régulière, qui va ainsi bénéficier de quelques unités de plus. Tout le monde a été pris de court par ce qu’il s’est passé et les Ukrainiens n’ont pas matériellement eu le temps de construire quelque chose de solide pour exploiter d'éventuels flottements qui auraient pu apparaître sur la ligne de front. La question est de savoir si cette mutinerie aura des conséquences sur les responsables militaires russes et le commandement de l’opération. Va-t-on assister dans les prochaines semaines à des remaniements pour mettre de nouvelles têtes dans le dispositif ? Beaucoup de rumeurs bien informées vont dans ce sens. Quant à Wagner, l’essentiel de ses activités devrait se concentrer sur d’autres horizons.
Pourraient-elles s’intensifier au Moyen-Orient ?
A moins que les choses viennent à très mal tourner pour la Russie sur la ligne de front, les activités de Wagner risquent de se concentrer désormais sur l’Afrique et le Moyen-Orient. Quand la guerre en Ukraine a éclaté, tout le monde disait que l’empreinte de Wagner allait complètement s’amoindrir sur l’Afrique et le Moyen-Orient parce que les mercenaires seraient complètement accaparés par le champ de bataille ukrainien. On a vu qu’il n’en était rien : ils ont conservé leurs positions et même, pour ce qui est de l’Afrique, ils les ont étendues.
M. Prigojine s’est rendu passablement indispensable dans ces zones en rendant de sacrés services à la Russie et pour l’instant, il est toujours utile. Un des compromis qui pourrait être trouvé serait qu’il s’occupe principalement d’Afrique et du Moyen-Orient et qu’il délaisse l’Ukraine et la Russie.
LA MAIN OCCIDENTALE Y ETAIT. ILS SE FROTTAIENT LES MAINS. PRIGOJINE VA EXECUTER. MAIS PRIGOJINE INFORMAIT SON GRAND AMI POUTINE. LE THEATRE GOBE PAR LES COMPLOTEURS COMMENCA DES MARS, A LA LEVEE DU BLOCAGE DANS TOUTE L,EUROPE DU FRIC DE PRIGOJINE AU NOM DE SA MERE QUI VIT EN ALLEMAGNE. SURS QUE PRIGOJINE VA EXECUTER. IL EXECUTA COMME CONVENU. ILS SE FROTTAIENT LES MAINS LES NAIFS. MAIS PRIGOJINE N,EST PAS UN TRAITRE. IL EST PATRIOTE. LE THEATRE A REUSSI. POUTINE N,A PAS ENVOYE LES TETES NUCLEAIRES ET WAGNER EN BELARUS. IL ENVOYA LE NUCLEAIRE. LES NAIFS ONT ENVOYE WAGNER.
12 h 43, le 27 juin 2023