Selon le dernier rapport sur les marchés émergents réalisé par le cabinet de conseil en investissements financiers EMFI (Emerging Finance, basé à Londres), les eurobonds libanais ont perdu 36 % de leur valeur entre le 23 mai 2022 et le 23 mai 2023.
Ce résultat fait du Liban le troisième pays le moins performant de l’année, derrière l’Ukraine (-48,7 %) et l’Équateur (-39,6 %). Les résultats de ces deux derniers pays s’expliquent par le fait que le premier est en guerre depuis l'invasion russe du 24 février 2022, tandis que le second est agité par d’importants remous politiques. Le président de l’Équateur depuis le 24 mai 2021, Guillermo Lasso, a ainsi dissout l’Assemblée nationale le 17 mai dernier pour l’empêcher de voter sur sa mise en accusation pour corruption.
Quant au Liban, il se retrouve sans président depuis octobre 2022, alors que les nombreux partis politiques n’arrivent toujours pas à se mettre d’accord sur un nom commun. Le mercredi 14 juin, les députés se réuniront pour une douzième séance dédiée à l’élection présidentielle. L’ancien ministre des Finances Jihad Azour, actuellement directeur de la région du Moyen-Orient et de l'Asie centrale au Fonds monétaire international (FMI), et le leader du courant des Marada, Sleiman Frangié, représentent désormais les deux choix principaux des forces en présence.
Cette étape pourrait permettre de débloquer la situation, alors que le Liban traverse une grave crise économique et financière depuis la fin de l’été 2019, et a fait défaut sur sa dette en devises en mars 2020, sans la restructurer depuis. De plus, le pays doit entreprendre plusieurs réformes pour sortir de la crise, comme celles du secteur financier, des dépenses publiques ou encore l’unification des multiples taux de change en vigueur sur le marché.
Pour entreprendre ces réformes, Beyrouth pourrait bénéficier d’un prêt de 3 milliards de dollars répartis sur quatre ans selon un accord préliminaire conclu entre le FMI et le Liban le 7 avril 2022. Ainsi, l'élection d’un nouveau président serait un développement positif, l'EMFI ayant souligné, dans son dernier rapport, que le Liban était « de retour à la case départ ». Publié avant que la candidature de Jihad Azour ne soit adoptée par plusieurs partis politiques, le cabinet indiquait qu’il n’y avait « pas d’espoir » en raison des querelles politiques sur la présidence.
Fin 2022, la dette publique totale du Liban s’élevait à 101,8 milliards de dollars (au taux officiel de 1 507,5 livres libanaises pour un dollar), alors que la dette libellée en devises atteignait 41,3 milliards de dollars, dont 13,5 milliards d’arriérés de paiement accumulés.
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