Une secousse ressentie à Zahlé "probablement" due à des explosions dans une carrière

Le professeur de géologie et de sismologie à l'Université américaine de Beyrouth, Tony Nemr, a indiqué dimanche à L'Orient Today que le dynamitage samedi d'une carrière située près de Zahlé, dans la vallée de la Békaa, avait "très probablement" provoqué un tremblement de terre de magnitude 3,0 sur l'échelle de Richter.

Les habitants de Zahlé et de la Békaa avaient rapporté samedi avoir entendu une forte explosion, aperçu de la fumée et ressenti une forte secousse, selon des informations répercutées par Tony Nemr et notre correspondante dans la région, Sarah Abdallah. La secousse aurait été provoquée par un dynamitage effectué le jour-même dans la carrière de Tweity, dans la région de Qaa el-Rim, à Zahlé, à l'aide de grandes quantités d'explosifs à base de nitrate, révèle notre correspondante. L'explosion a été suivie d'un tremblement de terre de magnitude 3,0 sur l'échelle de Richter, selon M. Nemr, qui cite le Centre national de géophysique de Bhannès. Cette secousse a été répertoriée sur l'application mobile du Centre, LebQuake.

Le chercheur a confirmé à notre publication que l'utilisation d'explosifs pouvait déclencher des tremblements de terre, notamment "lorsque les explosions ont lieu dans certaines zones proches de failles sismiques". Ces explosions pourraient "modifier les contraintes exercées sur les failles et provoquer des tremblements de terre", ce qui entraînerait une "sismicité induite par l'homme", selon lui. Il a par ailleurs expliqué avoir besoin d'"obtenir le sismogramme du [Centre national de géophysique de Bhannès]" pour pouvoir confirmer que le tremblement de terre de Zahlé "a bien été causé par des explosifs et non par des facteurs naturels." "Malheureusement, [le Centre national de géophysique de Bhannès] ne fournit pas normalement ce genre d'informations, pour des raisons de procédure interne", a-t-il dit.

La faille de Yammouné
Pour soutenir son hypothèse, Tony Nemr revient par ailleurs sur les deux tremblements de terre qui ont suivi des explosions dans une carrière du Kesrouan, au nord-est du Liban, le 6 mai dernier. "Ces explosions ont été suivies d'un tremblement de terre et, une heure plus tard, une autre secousse s'est produite à une profondeur de neuf kilomètres", a précisé M. Nemr à L'Orient Today. "Il est très probable que le deuxième tremblement de terre a été déclenché par la première secousse, elle-même due aux explosifs", a-t-il poursuivi.

"Le tremblement de terre dans la banlieue de Zahlé est suspect, similaire à celui survenu le 6 mai dans la banlieue de Kesrouan, en termes de date (un samedi après-midi) et de lieu (dans une zone où il y a une carrière)", a écrit M. Nemr sur son compte Twitter. "Les forces de sécurité devraient prendre l'affaire au sérieux pour vérifier les causes de ces secousses et y mettre un terme si elles ont été provoquées par des explosions, car de telles actions pourraient déclencher des tremblements de terre aux conséquences inimaginables", a-t-il mis en garde. Commentant une photo du site de dynamitage signalée par un autre utilisateur de Twitter, M. Nemr a ajouté que "le mur visible sur la photo est un mur de roche naturel et fait partie d'une grande faille dans la région, très probablement celle de Yammouné". La faille de Yammouné est un tronçon de 220 kilomètres de la faille du Levant, qui s'étend du sud de la Turquie à la mer Rouge, en passant par le Liban.

Une carrière mise sous scellés
Réagissant à l'incident de samedi, le mohafez de la Békaa, Kamal Abou Jaoudé, a saisi le sous-conseil national de sécurité et des enquêtes ont été lancées sous la supervision du parquet militaire et du procureur général près la Cour d'appel de la Békaa, Mounif Barakat, selon notre correspondante.

Plus tôt dans la journée de samedi, le ministre sortant de l'Environnement, Nasser Yassine, avait indiqué que la carrière dans laquelle l'explosion a été entendue avait été mise sous scellés il y a peu.