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Société - Liban

L’activiste Hayat Mirshad refuse de comparaître devant un tribunal pénal

La plainte a été déposée contre la cofondatrice du collectif Fe-Male et rédactrice en chef de la plateforme « Sharika wa Laken » par l’acteur et metteur en scène Joe Kodeih.

L’activiste Hayat Mirshad refuse de comparaître devant un tribunal pénal

Hayat Mirshad pendant le rassemblement, le 1er juin 2023, devant le Palais de justice. Photo Mario Doueiry

Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées jeudi devant le Palais de justice de Beyrouth pour soutenir l’activiste et journaliste Hayat Mirshad, poursuivie pour diffamation. Elle était convoquée par le juge Zaher Hamadé, avocat général près du parquet d’appel de Beyrouth.

Hayat Mirshad, cofondatrice du collectif Fe-Male et rédactrice en chef de la plateforme « Sharika wa Laken », a confirmé à L’Orient-Le Jour qu’elle avait refusé de comparaître devant un tribunal pénal, et qu’elle y a été représentée par son avocat. « En tant que journaliste, je suis supposée comparaître devant le tribunal des imprimés seulement, poursuit-elle. Nous demandons au juge Hamadé de transférer le dossier vers ce tribunal. »

La plainte a été déposée contre l’activiste par l’acteur et metteur en scène Joe Kodeih. La plateforme féministe avait en effet mené campagne contre la programmation d’une de ses pièces dans un théâtre de Beyrouth, appelant à son boycott et à sa déprogrammation parce qu’il avait été accusé de harcèlement par plusieurs femmes et jeunes filles en 2020, et bien qu’il n’ait pas été jugé sur base de ces accusations.

Pour mémoire

Hayat Mirshad, jeune féministe battante, fait la chasse aux stéréotypes et aux comportements machistes

« Nous protestons aujourd’hui contre la comparution de journalistes devant des tribunaux pénaux, insiste Hayat Mirshad. Cela est récurrent malheureusement. D’autre part, nous tenons à souligner le laxisme des tribunaux dès qu’il s’agit de la protection des femmes contre la violence. »

Elle ajoute : « Chaque semaine, il y a des féminicides. Les harceleurs, de leur côté, ne sont que très peu inquiétés ou, s’ils sont arrêtés, sont relâchés sous des prétextes fallacieux. Le traitement de ces questions est toujours empreint de machisme. Et au lieu de poursuivre les coupables, les juges s’en prennent aux journalistes qui dénoncent ces faits ! Nous demandons que les témoignages des femmes harcelées soient pris en considération, et que la justice s’en saisisse. »

Hayat Mirshad réitère sa demande, formulée jeudi par son avocat, que le dossier soit transféré au tribunal des imprimés. Dans un post sur Facebook, son organisation dénonce aussi « le retard du procureur général Ghassan Oueidate à généraliser sa demande en faveur d’un transfert de tous les dossiers de ce type vers le tribunal des imprimés ». Dans son discours sur place devant le Palais de justice, l’activiste a par ailleurs dénoncé « une campagne systématique contre les libertés publiques au Liban ».

Pour sa part, le président du syndicat des journalistes Joseph Kossaïfi a fait jeudi une déclaration dans laquelle il a dénoncé cette multiplication de convocations de journalistes dans l’exercice de leurs fonctions. Il a rappelé que « si chaque citoyen a le droit de porter une affaire liée aux médias devant la justice, il se doit de le faire devant le tribunal des imprimés ». « Nous refusons que nos collègues comparaissent devant un tribunal pénal, le bureau de cybercriminalité ou le parquet de cassation, a-t-il poursuivi. Et nous refusons que quiconque prenne prétexte de failles dans la loi des imprimés pour arrêter des journalistes, sous peine de mener campagne sur tous les fronts. » Il demande néanmoins aux journalistes de respecter les critères journalistiques en donnant la parole à tous les protagonistes, et en respectant tous les avis.

Quelques dizaines de personnes se sont rassemblées jeudi devant le Palais de justice de Beyrouth pour soutenir l’activiste et journaliste Hayat Mirshad, poursuivie pour diffamation. Elle était convoquée par le juge Zaher Hamadé, avocat général près du parquet d’appel de Beyrouth. Hayat Mirshad, cofondatrice du collectif Fe-Male et rédactrice en chef de la plateforme « Sharika wa...

commentaires (1)

Bientot les journalistes qui deplaisent devront comparaitre non plus devant les tribunaux penaux civils mais devant le tribunal militaire ? Et les femmes journalistes devront comparaitre aussi devant les tribunaux religieux sans doute ? Le Liban doit cesser de faire exception dans une region ou la loi est faite par des cretins gallones, des religieux miliciens et des banquiers cupides. Le tout couronne par des juges vereux. Kellon ya3ne kellon.

Michel Trad

19 h 01, le 01 juin 2023

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Commentaires (1)

  • Bientot les journalistes qui deplaisent devront comparaitre non plus devant les tribunaux penaux civils mais devant le tribunal militaire ? Et les femmes journalistes devront comparaitre aussi devant les tribunaux religieux sans doute ? Le Liban doit cesser de faire exception dans une region ou la loi est faite par des cretins gallones, des religieux miliciens et des banquiers cupides. Le tout couronne par des juges vereux. Kellon ya3ne kellon.

    Michel Trad

    19 h 01, le 01 juin 2023

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