Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Cet illustre écrivain qui n’aimait pas écrire

Je vous parle d’un écrivain que les moins de 60 ans ne connaissent vraisemblablement pas. Ses best-sellers, traduits de l’anglais en plusieurs langues, se sont vendus à plus de 150 millions d’exemplaires de 1950 à 1980, faisant de lui l’un des auteurs de fiction les plus illustres du monde contemporain. Son nom est Alistair MacLean (1922-1987), un Écossais dont la langue maternelle est le gaélique et non l’anglais. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’engage dans la marine britannique et prend part à plusieurs opérations navales qui marquent profondément son esprit. Suite à sa démobilisation en 1946, il entreprend des études d’anglais à l’Université de Glasgow. C’est pendant qu’il approfondissait ses connaissances dans la langue de Shakespeare qu’il s’adonne à l’écriture pour arrondir ses fins de mois.

Il écrit son premier roman, Les conquérants de la mer (HMS Ulysses), en 1955. C’est l’histoire d’un navire de guerre britannique qui doit naviguer dangereusement à travers les eaux troubles de l’Atlantique Nord durant la Seconde Guerre mondiale. C’est un succès retentissant. Il décide alors de se consacrer entièrement à l’écriture. Ses thèmes de prédilection sont les aventures de guerre et d’espionnage. Il devient un écrivain de grande renommée en relativement peu de temps. Parmi ses plus importantes œuvres, on retient notamment Les dents de la mer (The Guns of Navarone) en 1957, Le Vent de la mort (Fear Is the Key) en 1961, La mission infernale (The Satan Bug) en 1962, La Traque (The Golden Rendezvous) en 1962, La station Zéro (Ice Station Zebra) en 1963 et Là où les aigles osent (Where Eagles Dare) en 1967. D’ailleurs, plusieurs de ses romans sont devenus des films classiques avec des acteurs emblématiques – tels que Gregory Peck, Richard Burton, Clint Eastwood, Anthony Quinn et Rock Hudson.

Les livres d’Alistair MacLean captivent le lecteur de la toute première page à la toute dernière. Ses récits sont le fruit d’une créativité considérable et d’une ingéniosité remarquable. Il nous entraîne dans de multiples périples, entremêlant des opérations haletantes et des évasions exaltantes. Les descriptions qu’il offre des lieux exotiques sont si pertinemment imagées et colorées qu’elles stimulent aisément notre imagination. En outre, les personnages de ses romans sont singuliers et panachés. Ils forment une équipe dotée d’une virtuosité inégalable et d’une témérité implacable. Les évènements qu’il nous relate se déroulent de manière rapide et fluide, accompagnés de retournements de situation spectaculaires.

L’un de ses thèmes récurrents est la traîtrise surprise, ce qui déclenche à un moment culminant un climat de méfiance et de défiance au sein de l’équipe. Le héros se trouve souvent confronté à des dilemmes insoutenables dont l’issue est à la fois stupéfiante et poignante. Selon Alistair MacLean, « s’il existe un secret pour écrire un roman d’aventure, il réside dans la vivacité de l’action ». C’est pourquoi ses œuvres ne contiennent pratiquement pas de scènes érotiques ou romantiques, car cela ralentirait, voire briserait, le rythme soutenu de l’histoire.

En tant qu’auteur, Alistair MacLean se distingue par sa remarquable fécondité. En moyenne, il ne lui faut qu’un peu plus d’un mois pour terminer un roman car, ironiquement, il a une aversion pour l’écriture. En effet, il considère la profession d’écrivain comme contraignante et accablante. Selon lui, cette vocation inflige cruellement à celui qui l’exerce un excédent d’ingratitude et de solitude. D’ailleurs, il reconnaît modestement qu’il est « impatient de passer d’un livre à l’autre en espérant toujours un jour écrire quelque chose de vraiment bien ». C’est probablement pour cela qu’il n’aime pas relire ses œuvres une fois qu’elles sont achevées. D’ailleurs, il avoue avec une franchise brute que son but principal est de gagner de l’argent. C’est pourquoi il énonce, avec une pointe d’humour, la chose suivante : « Je pense que tout se résume à cette philosophie plutôt détestable de prendre l’argent et de déguerpir ; si on m’offrait 100 000 £ sans taxes, je ne continuerais plus jamais à écrire. » C’est dans cette même perspective qu’il considère avec pudeur « qu’il n’y a pas d’art ni de mystère dans le métier d’écrivain, c’est juste une profession comme une autre ».

Bien qu’ayant atteint les sommets de la gloire, Alistair MacLean s’est toujours démarqué par sa simplicité et son humilité. Ainsi, il déclare : « Je ne suis pas un romancier, c’est une affirmation prétentieuse. Je suis simplement un conteur, rien de plus. » De même, il révèle son caractère rustique et authentique lorsqu’il affirme : « Je ne comprends pas pourquoi les gens achètent mes romans, ce n’est pas comme si j’écrivais si bien. En fait, j’ai l’impression que mon anglais n’est pas excellent, et je préfère écrire en gaélique ou en espagnol. »

Au fil du temps, les livres d’Alistair MacLean ont graduellement été relégués dans les ténèbres de l’oubli. Il est désormais rare de voir ses livres affichés ostensiblement dans les devantures des librairies. Bien que ses œuvres aient perdu de leur éclat d’antan, elles attendent patiemment d’être redécouvertes par les lecteurs avides de sensations vibrantes et d’émotions ardentes. Tout au moins, son héritage littéraire continuera d’inspirer les futurs auteurs d’œuvres d’action et de fiction.

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Je vous parle d’un écrivain que les moins de 60 ans ne connaissent vraisemblablement pas. Ses best-sellers, traduits de l’anglais en plusieurs langues, se sont vendus à plus de 150 millions d’exemplaires de 1950 à 1980, faisant de lui l’un des auteurs de fiction les plus illustres du monde contemporain. Son nom est Alistair MacLean (1922-1987), un Écossais dont la langue maternelle...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut