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Moyen-Orient - FOCUS

Accélérant leur rapprochement, Le Caire et Ankara vont nommer des ambassadeurs

Après la réélection du président turc pour un troisième mandat, son homologue égyptien s’est empressé de le féliciter, en vue d’améliorer les liens diplomatiques bilatéraux.

Accélérant leur rapprochement, Le Caire et Ankara vont nommer des ambassadeurs

Visite au Caire du ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, qui rencontre son homologue égyptien Sameh Choucri, en mars 2023. Photo d’archives AFP

Un timing loin d’être anodin. Après la victoire électorale du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui consolide ainsi son influence nationale et régionale pour les cinq prochaines années, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi l’a appelé pour le féliciter, en insistant sur les liens historiques entre les deux pays, ce qui constitue un pas de plus vers une réconciliation entamée il y a quelques mois entre les deux anciens rivaux.

Les deux parties ont accepté d’œuvrer à l’amélioration de leurs relations diplomatiques, en s’accordant sur un échange d’ambassadeurs, selon le porte-parole du président égyptien. En outre, la coopération économique a notamment été abordée durant l’appel téléphonique.

Après le tremblement de terre qui a dévasté le sud de la Turquie le 6 février dernier, le président Sissi avait déjà appelé M. Erdogan pour afficher publiquement son soutien et lui présenter ses condoléances. Par la suite, en mars 2023, le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, avait rendu visite à son homologue égyptien Sameh Choucri au Caire, ce qui devrait être suivi par une rencontre, en personne, des deux chefs d’État. Le conseiller de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, avait alors salué le rapprochement diplomatique entre ces deux pays proches des États-Unis, estimant qu’il était une « étape importante vers une région plus prospère ».

Relations endommagées

Après le coup d’État de 2013 de l’armée en Égypte contre les Frères musulmans, remplacés au pouvoir par le maréchal Sissi, les relations diplomatiques entre les deux pays avaient été sérieusement affectées, leurs représentations diplomatiques se voyant réduites au niveau des chargés d’affaires. Le président turc qualifiait alors son homologue égyptien de « tyran illégitime » et dénonçait un « coup inacceptable ». Car le président évincé, Mohammad Morsi, proche de la confrérie et élu démocratiquement, était un allié du Parti de la justice et du développement (AKP) fondé par M. Erdogan. Le président turc avait alors accueilli des partisans des Frères musulmans ayant fui l’Égypte après le coup d’État, ainsi que des opposants au régime, hébergeant notamment plusieurs chaînes télévisées qui s’opposaient ouvertement aux autorités égyptiennes.

Les deux pays ont, par ailleurs, divergé sur plusieurs sujets diplomatiques majeurs, notamment dans le conflit libyen, ainsi que dans l’exploitation des ressources gazières et pétrolières en mer Méditerranée. Tandis que l’Égypte soutenait le gouvernement de l’Est du général Khalifa Haftar, la Turquie se rangeait derrière l’administration de Tripoli, reconnue par la communauté internationale. Dans un Moyen-Orient post-printemps arabes, les deux rivaux appartiennent en outre à deux axes opposés dans la région, Ankara s’alignant sur Doha, proche des Frères musulmans, et Le Caire étant soutenu par Riyad et Abou Dhabi dans le cadre de leurs efforts contre-révolutionnaires.

Le rapprochement s’inscrit dans un contexte de détente régionale, les parrains saoudiens et émiratis de l’Égypte ayant récemment renoué avec la Turquie, un apaisement favorisé par le déclin des Frères musulmans et le soutien d’Ankara. En 2022, alors qu’un rapprochement entre l’Égypte et la Turquie se profilait – illustré par la poignée de main entre MM. Sissi et Erdogan pendant la Coupe du monde de football au Qatar –, la chaîne égyptienne Mekameleen, basée en Turquie et critique du Caire, a été forcée de se relocaliser.

De plus, le 10 mars dernier, l’Iran et l’Arabie saoudite ont signé un accord sous l’égide de la Chine pour rétablir leurs liens diplomatiques, ouvrant ainsi la voie à des discussions entre la République islamique et des représentants égyptiens, qui se tiendraient par l’intermédiaire d’Oman et de l’Irak. Le 29 mai, le numéro un iranien, l’ayatollah Khamenei, s’est dit «favorable » à une reprise des relations avec Le Caire, qui n’a pas fait de commentaire. De son côté, la Turquie a repris les relations avec Israël et tente aussi de reprendre langue avec le président syrien Bachar el-Assad après plus d’une décennie d’hostilité ouverte depuis le début du conflit syrien en 2011.


Un timing loin d’être anodin. Après la victoire électorale du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui consolide ainsi son influence nationale et régionale pour les cinq prochaines années, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi l’a appelé pour le féliciter, en insistant sur les liens historiques entre les deux pays, ce qui constitue un pas de plus vers une réconciliation...

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