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Nos Lecteurs ont la Parole

Et s’il était vraiment un bouc émissaire ?

Récemment, on m’a demandé de m’inspirer d’un fait divers pour faire prévaloir mes dons de fin politicien. Bon ! À l’approche de l’été, même si une brise légère souffle encore sur nos terrasses, l’hiver est bel et bien terminé.

Pas pour tout le monde ! Car l’hiver, on gèle et l’été, on fond. Et c’est ce qui arrive.

L’accusé numéro un, récemment interpolisé, au lieu de commencer à se brunir, est en train de fondre comme neige au soleil.

Normal, me diriez-vous. Tous les doigts se pointent vers lui, les 4 millions et demi de Libanais intra-muros et le reste qui s’excite derrière les écrans extra-muros, soit environ une quinzaine de millions dont certains suivent de loin en loin. Parfois je me demande si un fermier d’origine libanaise de la pampa argentine se préoccupe de Riad Salamé autant que nous nous préoccupions à une certaine époque, et pendant une brève période, du président Menhem quand il a été résilié de ses fonctions. D’ailleurs qui se souvient encore de ce vieux Carlos ?

Revenons à notre mouton !

Si, comme il le prétend, ce n’est qu’un bouc émissaire, exécutant des piliers du pouvoir sur ces trente dernières années, nous n’avons aucune raison de le poursuivre et de le persécuter. Mais, en général, c’est toujours le petit dernier qui prend la punition et les grands qui se voilent la face. Est-ce que dans le scandale de Jérôme Kerviel dans les années 2010, ses directeurs, voire les dirigeants de la Société générale ont été mis en cause ? Jamais. D’ailleurs, c’est à peine si on connaît leurs noms, à plus forte raison, ils ont juste été démis de leur poste alors que le petit trader écopait d’une amende de cinq milliards d’euros.

Bon, nous en sommes loin. Il faut bien noter que, sur les différents mandats et à différents niveaux, ils sont tous coupables, sans exception, à différents degrés. Même si le gouverneur de la BDL est pointé du doigt, pouvait-il réellement, lors de la prise de décision par le ministère des Finances, opposer son veto au gouvernement ? S’il pouvait peut-être agir différemment depuis 2015, de 1990 à 2015, il appliquait ce qu’on lui disait (ou presque !). Il a profité du système certes, comme tant d’autres qui continuent sous couvert à lui accorder leur protection.

Salamé exécutait certes. Mais il ne le faisait pas innocemment. Sauf que, peut-être, même si ça paraît naïf de le dire, il ne s’attendait pas à des conséquences aussi catastrophiques surtout après les ingénieries financières qui ont laminé le système, son système.

Après, qui sont les grands gagnants de cette omerta ? Ceux qui l’ont causée. Il faut qu’il parle, mais qu’il ne dise pas tout. Pourtant, pour son bien, mieux vaut qu’il dévoile beaucoup de secrets. Si personne n’a rien à cacher, pourquoi craignent-ils à ce point Salamé ?

On se moque encore de nous. Ils nous laissent miroiter quelques dollars via Sayrafa pour détourner l’attention du peuple sur la réalité des événements et sur leur gravité, en jouant sur le taux de change abusivement et en profitant de ces circulaires initialement prévues pour quelques mois et qui restent depuis trois ans.

Et nous sommes contents. C’est l’été. Les touristes reviennent et les restaurants sont pleins (d’ailleurs, étrangement, ils ne se sont jamais vidés).

En bref, la vie est belle !

Elle suit son court. Il faut laisser pisser le mérinos !

Et surtout, ne fondez pas au soleil !

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Récemment, on m’a demandé de m’inspirer d’un fait divers pour faire prévaloir mes dons de fin politicien. Bon ! À l’approche de l’été, même si une brise légère souffle encore sur nos terrasses, l’hiver est bel et bien terminé.Pas pour tout le monde ! Car l’hiver, on gèle et l’été, on fond. Et c’est ce qui arrive.L’accusé numéro un, récemment interpolisé, au...

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