Les réfugiés syriens "menacent" l'équilibre entre chrétiens et musulmans, affirme le ministre des AE

Le ministre libanais des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib a déclaré mardi que la présence de réfugiés syriens au Liban "menace" l'équilibre islamo-chrétien dans le pays, qui accueille actuellement plus d'un million de ressortissants syriens dont la plupart sont arrivés au Liban depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011.

"Il y a toujours eu un équilibre et une égalité entre les chrétiens et les musulmans, qui estiment que personne n'est avantagé par rapport à l'autre", a fait valoir M. Bou Habib au cours d'une conférence en Italie, déplorant que "la présence des réfugiés menace" l'équilibre communautaire. Il a appelé à résoudre ce problème par des négociations avec l'Europe, "et non par la tentative de certains pays européens puissants de forcer les réfugiés à rester au Liban jusqu'à une date indéterminée". Le ministre a également demandé à l'Europe de "repenser son approche des questions arabes et des questions liées à l'essence de la structure du Liban". Il a déclaré que "pour l'instant, il n'y a pas de feuille de route claire pour résoudre la crise [des réfugiés]. Ils vivent au Liban depuis 12 ans dans l'espoir d'une solution, ce que les Palestiniens attendent également au Liban depuis plus de 75 ans. Malgré cela, les Palestiniens ne peuvent pas revenir en arrière".

Après la création de l'État hébreu en 1948, le Liban a accueilli des dizaines de milliers de Palestiniens déplacés. Jusqu'à ce jour, ils restent dans une situation de flou perpétuel dans le pays, incapables de rentrer chez eux et se voyant refuser la citoyenneté libanaise bien qu'ils soient nés sur le sol libanais.

La question des réfugiés syriens au Liban a refait surface ces dernières semaines, de nombreux dirigeants libanais appelant à leur rapatriement. Parallèlement, les organisations de défense des droits de l'homme continuent de mettre en garde contre les risques d'un retour forcé.