Raï : Aucun député n'ose condamner l'obstruction de la présidentielle

Le patriarche maronite Béchara Raï a déploré, lors de son homélie dominicale, qu'aucun député libanais "n'ose condamner l'obstruction de l'élection présidentielle", qui se prolonge depuis la fin du mandat de Michel Aoun, fin octobre 2022.

"Il n'y a pas un seul membre des blocs parlementaires qui ose, avec la force de l'objection de conscience, condamner l'obstruction de la présidentielle", a déclaré Mgr Raï de Bkerké. "Pas un seul député n'est capable de condamner l'appauvrissement et l'exil du peuple, ainsi que la destruction des institutions de l'État, parce qu'ils mettent tous en jeu la magistrature suprême pour répondre à leurs intérêts personnels ou partisans", a-t-il déclaré.

Le dignitaire maronite a lancé ces critiques alors que deux députés issus de la contestation, Najat Aoun Saliba et Melhem Khalaf, poursuivent leur sit-in au Parlement pour demander une session parlementaire ouverte jusqu'à l'élection d'un nouveau chef de l'État. Les deux députés ont commencé leur sit-in après l'échec de la onzième session électorale en janvier, la dernière en date. D'autres partis, quant à eux, appellent régulièrement à l'élection rapide d'un nouveau chef de l'État et à un compromis autour d'un nom. Et les tractations se sont accélérées ces derniers jours pour tenter de trouver un accord, notamment au niveau international et dans les rangs de l'opposition. 

Dans son homélie, Mgr Raï a par ailleurs évoqué la jeunesse libanaise, à l'occasion de la "Journée mondiale des écoles catholiques", en présence d'enseignants et de directeurs d'écoles catholiques de tout le Liban. Dans ce contexte, le patriarche a déclaré : "Nous nous devons de préparer une génération de jeunes dont la loyauté est envers le Liban, et non envers certaines personnes ou un autre pays". S'adressant aux représentants des partis politiques, il a demandé : "Quelle éducation donnez-vous aux enfants ? "Quelle éducation donnez-vous à vos jeunes ? Quelle loyauté envers la patrie leur inculquez-vous ?"

Une enquête sur la jeunesse arabe réalisée en 2020 montre que plus de 54 % des jeunes Libanais souhaitent quitter leur pays, à l'instar de 54 % de leurs contemporains vivant dans une Syrie en guerre et de 58 % des jeunes Palestiniens des territoires sous occupation israélienne.