L'ex-général Nader convoqué pour avoir porté l'uniforme militaire

Le tribunal militaire a convoqué le général libanais à la retraite Georges Nader, figure clé du soulèvement populaire de 2019, pour le port présumé d'un uniforme militaire alors qu'il ne servait plus dans l'armée, a indiqué M. Nader à L'Orient Today vendredi.

L'ancien général fait partie des personnes qui protestent régulièrement contre la mauvaise situation financière des militaires à la retraite dans un cadre d'effondrement économique du Liban.

Le port de l'uniforme militaire est illégal pour ceux qui ne servent pas au sein de l'armée.

M. Nader a assuré à L'Orient Today qu'il n'a plus porté d'uniforme après sa retraite et a insisté sur le fait qu'il s'habille toujours "de manière décontractée".

L'ex général devra se présenter au tribunal militaire le 26/05/2023, à 8h. Il est accusé d'avoir "porté des treillis, des casquettes militaires et des T-shirts portant l'emblème de l'armée".

"Ma convocation au tribunal n'est qu'une partie du problème ; ils essaient tout simplement de me faire taire", a déclaré M. Nader à L'Orient Today. Il a par ailleurs assuré qu'il se présentera devant le tribunal. Selon lui, les autorités "agissent de la sorte pour détourner l'attention du public des véritables problèmes auxquels le pays est confronté".

L'ancien militaire prend souvent part à des manifestations contre la détérioration des conditions de vie des retraités de l'armée, dont les salaires, dans le contexte de la crise économique qui a éclaté en 2019, ne suffisent plus à couvrir les dépenses de base en raison de l'inflation galopante des prix.

"Je respecte la loi libanaise. Je ne suis pas Nabih Berry (président du Parlement), Ghazi Zeaïter (député et ex-ministre), Abbas Ibrahim (ex-chef de la Sûreté générale) ou Ali Hassan Khalil (député et ex-ministre) pour ne pas assister à l'audience", a lancé le général à la retraite, en référence à ces responsables poursuivis dans le cadre de l'enquête sur la double explosion au port de Beyrouth, mais qui ont refusé d'être interrogés. "Je suis honoré de me rendre au tribunal, car j'ai servi mon pays loyalement dans l'armée pendant 35 ans", a-t-il ajouté.

M. Nader a en outre indiqué que trois membres de sa famille immédiate "sont morts pour ce pays en le protégeant". "Ma famille et moi-même avons beaucoup sacrifié pour cet uniforme", a-t-il ajouté.

Depuis le début de la crise économique il y a plus de trois ans, la livre libanaise a perdu plus de 90 % de sa valeur par rapport au dollar, plongeant plus des trois quarts de la population libanaise sous le seuil de pauvreté.

Le pays pâtit par ailleurs de l'absence d'un président ou d'un cabinet doté des pleins pouvoirs, ce qui a retardé les réformes nécessaires pour enrayer l'effondrement économique et financier du pays.