Le premier juge d’instruction de Beyrouth, Charbel Abou Samra, a rejeté jeudi les recours pour vice de procédure présentés par le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé et plusieurs de ses proches suspectés de corruption, pour contester la compétence de la cheffe du contentieux de l’État, Hélène Iskandar, à se porter partie civile dans le dossier, a confirmé une haute source judiciaire à L'Orient-Le Jour. Cette décision du magistrat permet donc à l'État libanais de préserver ses droits dans toute décision qui serait prise par la justice concernant une restitution de biens mal-acquis.
Selon la source mentionnée ci-dessus, l'avocat des parties ayant présenté le recours a déclaré séance tenante qu'il ne compte pas faire appel de la décision de Charbel Abou Samra devant la chambre d'accusation. Le juge d'instruction a dès lors fixé une audience le 15 juin pour auditionner Raja Salamé, frère du patron de la banque centrale.
Riad et Raja Salamé et l'ex-assistante du gouverneur, Marianne Hoyek, étaient appelés à comparaître aujourd'hui à une audience devant le juge Abou Samra, dans le cadre des poursuites engagées contre eux, notamment pour "faux et usage de faux, blanchiment d’argent, enrichissement illicite et évasion fiscale".
L'audience a donc été consacrée aux exceptions de procédure que ces derniers invoquent depuis fin mars auprès du juge Abou Samra. En effet, la juge Iskandar s’était jointe le 15 mars à la procédure judiciaire entamée le 23 février par l’avocat général près le parquet de cassation, Raja Hamouche. Mais les Salamé et Mme Hoyek considéraient que sa démarche était illégale, Hélène Iskandar n'ayant pas obtenu en amont l’autorisation explicite du ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, qui serait selon eux nécessaire, d’autant qu’il s’agit d’une question financière.
Destitution
En ce qui concerne la procédure lancée en France contre Riad Salamé, qui a connu un important rebondissement en début de semaine avec l'émission d'un mandat d'arrêt international à l'encontre du gouverneur, plusieurs réactions ont été publiées jeudi au Liban.
Dix députés indépendants et issus de la contestation ont notamment appelé dans un communiqué commun à la destitution du gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé et mis en garde les autorités contre toute volonté de le "couvrir".
L'Union des déposants a également réagi en début d'après-midi, se disant "favorable au limogeage immédiat de Riad Salamé pour le livrer à la justice française". Dans un communiqué relayé par l'Ani (Agence nationale d'information, officielle), le collectif estime que la décision de la juge française "est une victoire de la pression populaire exercée par l'Union et ses partenaires depuis trois ans". Il dénonce également une justice libanaise "qui s'est abandonnée et a abandonné la patrie, les gens et les déposants".
commentaires (2)
Bon…c’est un début…aussi modeste soit-il, qui laisse présager au loin, quelque espoir d’Etat de droit.
Charles Ghorayeb
15 h 00, le 18 mai 2023