Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

Hier, aujourd’hui et peut-être demain...

Oh ! mon Dieu, il est déjà six heures trente du matin ! Vite, réveiller les enfants et leur préparer les tartines pour l’école ! Prendre un café sur le pouce avec mon mari. Sept heures trente, tout le monde est en route, la machine est lancée ! Ménage, cuisine, repassage, le tout sur un fond de musique pour la bonne humeur. J’ouvre grandes les fenêtres, le soleil inonde l’intérieur de ma petite maison. Le temps est au beau fixe et le moral aussi. Je suis heureuse ! Plus tard dans la matinée, quelques amies passeront pour une pause-café bien méritée. La discussion tournera alors autour des enfants, des prochaines vacances, des projets d’avenir… Vers deux heures de l’après-midi, c’est le retour des 200 000 volts de l’école. Tourbillon, tornade, les murs de la maison vibrent ! Cris, disputes, rires, confidences, devoirs, bains, dîner, coucher, puis le calme de nouveau. Je profite paisiblement du silence qui s’installe en attendant le retour de mon mari…

… Oh zut ! Déjà onze heures du matin ! Je cligne des yeux, aveuglée par la lumière éblouissante du soleil. Comment peut-il briller aussi fort ? Et pour qui ? Fermer les rideaux ? Je n’ai pas la moindre envie de bouger. Je préfère rester dans mon lit, mon unique havre de paix. Jadis réveille-matin de la famille, je peine aujourd’hui à sortir de ma torpeur. Un silence glacial m’enveloppe. Un silence lourd et oppressant qui m’angoisse, me paralyse presque. Je n’ai qu’une seule envie, celle de me rendormir, de m’enfoncer de nouveau dans le sommeil, loin des soucis quotidiens…

Et si j’essayais de prier ? « Seigneur, éloigne les maladies. Il n’y a plus de médicaments et les hôpitaux sont devenus plus chers qu’un hôtel 5 étoiles. Seigneur, aide-moi, donne-moi l’énergie pour me lever et aller affronter les prix qui grimpent en folie dans les supermarchés. »

Je tends ma main vers le téléphone pour appeler une amie, puis je renonce. À quoi bon ressasser les mêmes idées noires, les mêmes frustrations, le même désespoir.

Fini le temps des papotages insouciants. Les moments précieux passés avec nos enfants. Les repas gargantuesques du dimanche chez les grands-parents. Nos jeunes ont quitté le pays. Il ne reste plus que la vieillesse, la solitude et la misère. La douceur de vivre n’est plus qu’un lointain souvenir. Chacun doit lutter tout seul. Les visages sont crispés, soucieux, fermés. Le rire se fait rare. La vie ne reprend que lors des brefs séjours de ceux qui rentrent au pays pour quelques jours de vacances.

Une voix me souffle alors à l’oreille : « Courage ! Rien n’est éternel dans ce monde ! »

Oui ! Rien n’est éternel sauf ce feu dans lequel vous allez bientôt brûler. Le feu de l’enfer que vous nous avez si généreusement promis et qui ne peut accueillir que les « gens » de votre espèce. Des dirigeants insatiables, vautrés dans la corruption. Des « responsables » qui ont sciemment détruit les fondements de notre société. Vous avez impitoyablement vidé le pays de toutes ses ressources humaines. Vous avez fait de notre capitale des blocs de béton sans âme et sans le moindre espace vert. Les routes mortelles sans éclairage témoignent de votre insouciance et de votre irresponsabilité totale. Des montagnes d’ordures, un taux de pollution inégalé, une mer poubelle… Vous avez tout sapé, profitant sans vergogne de nos épargnes et nous privant d’une fin de vie digne.

Un jour, la roue finira bien par tourner, et votre immoralité vous écrasera.

Je continue ma prière avec ferveur maintenant !

« Seigneur, laissez-les pourrir, abandonnés de tous, affamés, putréfiés… Laissez-nous ouvrir très grandes nos fenêtres et accueillir la lumière du soleil à flots. Laissez-nous profiter des soirées paisibles au clair de lune dans nos villages. Permettez que nous retrouvions notre joie de vivre et faites que nous ayons appris de nos erreurs. Alors et seulement alors, nos jeunes reviendront et notre cœur recommencera à battre. »

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

Oh ! mon Dieu, il est déjà six heures trente du matin ! Vite, réveiller les enfants et leur préparer les tartines pour l’école ! Prendre un café sur le pouce avec mon mari. Sept heures trente, tout le monde est en route, la machine est lancée ! Ménage, cuisine, repassage, le tout sur un fond de musique pour la bonne humeur. J’ouvre grandes les fenêtres, le soleil inonde...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut