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Moyen-Orient - Focus

Un projet de loi américain vise à freiner la normalisation de la Syrie de Bachar el-Assad

La loi prévoit d’élargir les sanctions contre la Syrie et ses soutiens au moment où le régime de Damas regagne le giron arabe après douze ans d’exclusion.

Un projet de loi américain vise à freiner la normalisation de la Syrie de Bachar el-Assad

Le président syrien Bachar el-Assad recevant le 10 mai une invitation du roi saoudien Salmane ben Abdelaziz via l'ambassadeur saoudien au l'Arabie saoudite en Jordanie, Naif bin Bandar Al-Sudairi, pour se rendre au sommet de la Ligue arabe le 19 mai à Djeddah. Photo Reuters.

Le timing ne doit rien au hasard. Une semaine avant l’arrivée historique de Bachar el-Assad, le 19 mai, à Djeddah, en Arabie saoudite, où le président syrien doit retrouver les arcanes de la Ligue arabe pour la première fois depuis le début du conflit syrien, un groupe bipartisan de députés américains a introduit jeudi 11 mai un projet de loi visant à élargir les sanctions américaines contre le régime syrien et ses soutiens, ainsi qu’à empêcher le gouvernement américain de suivre la voie de la normalisation empruntée par les pays arabes.

Nommée « loi antinormalisation du régime de Bachar el-Assad », elle vise à « interdire toute action officielle visant à reconnaître ou normaliser les relations avec tout gouvernement syrien dirigé par Bachar el-Assad ». « Les pays choisissant de normaliser leurs relations avec le tueur de masse et trafiquant de drogue impénitent qu’est Bachar el-Assad sont engagés sur la mauvaise voie », a déclaré dans un communiqué l'élu républicain Joe Wilson, coauteur du projet de loi, aux côtés notamment des républicains Michael McCaul et French Chill, ainsi que du démocrate Brendan Doyle.

« Colère des membres du Congrès »

Tandis que les pays arabes alliés des États-Unis réhabilitent la Syrie de Bachar el-Assad sur la scène diplomatique régionale en échange d’une promesse d'un contrôle accru du trafic de captagon, dont le régime syrien est le principal producteur mondial, selon les analystes, ce qu'il dément, ce projet de loi se veut un rappel fort que les crimes commis par le régime au cours des douze années d’un conflit ayant tué près d’un demi-million de Syriens ne doivent pas rester impunis. Ce projet législatif tombe ainsi au moment où le régime de Bachar el-Assad essaie de monnayer la lutte contre le trafic de drogue contre un soutien des pays du Golfe à la levée des sanctions occidentales pesant contre lui. « La réadmission de la Syrie dans la Ligue arabe a vraiment mis en colère les membres du Congrès et a révélé le besoin d’agir vite pour envoyer un message », a déclaré un collaborateur au Parlement américain à Reuters.

Le texte législatif prévoit ainsi d’étendre les sanctions prévues par la loi César de 2019, qui visent toute personne ou entité soutenant le régime syrien, aux membres du Parlement syrien et du parti Baas, ainsi qu’aux responsables du détournement de l’aide humanitaire au profit du régime. Si la loi était adoptée, la Maison-Blanche pourrait décider d’ajouter l’ONG dirigée par Asmaa el-Assad, Syria Trust for Development, à la liste des entités sanctionnées par la loi César. Le projet de loi vise également des individus impliqués dans la confiscation de propriétés pour « des gains personnels ou des raisons politiques », selon al-Monitor, en référence au décret de loi n° 10 d’avril 2018 permettant au gouvernement de saisir des propriétés privées pour construire des projets immobiliers de grande envergure.

Seront aussi visées les « transitions en nature » avec le régime syrien, ce qui pourrait remettre en question le projet de pipeline de gaz arabe, pourtant soutenu par Washington en 2021, devant acheminer du gaz égyptien vers le Liban via la Syrie et la Jordanie. La législation ouvrirait aussi la voie à des sanctions contre les aéroports acceptant des vols de plusieurs compagnies aériennes syriennes, selon le collaborateur au Parlement cité par Reuters.

Absence de stratégie 

Le projet de loi prévoit le déploiement d’une stratégie annuelle contre la normalisation, et ce pendant cinq ans, incluant notamment une révision des transactions supérieures à 50 000 dollars, dans des zones contrôlées par le régime, par des individus basés en Turquie, aux Émirats arabes unis et dans d’autres pays arabes.

Si ce projet de loi est voté au Congrès, il viendra freiner un peu plus les velléités de reconstruction de la Syrie ruinée par douze années de guerre ayant laissé ses infrastructures exsangues, le régime de Damas comptant sur le réchauffement régional pour attirer des investisseurs parmi les pays du Golfe.

Certaines voix critiques font remarquer que l’émergence possible de cette nouvelle salve de sanctions surviendrait en plein retrait de Washington dans la région. « Ni les États-Unis ni l’Europe n’ont de stratégie pour la Syrie. Ils se contentent de préserver le statu quo en essayant de freiner la normalisation régionale, sans véritables moyens pour le faire », estime un observateur préférant garder l’anonymat. Selon lui, les États-Unis n’appliquant déjà pas avec vigueur les sanctions prévues par la loi César, « il n’y a donc pas de raisons que de nouvelles sanctions changent quoi que ce soit ».

Le timing ne doit rien au hasard. Une semaine avant l’arrivée historique de Bachar el-Assad, le 19 mai, à Djeddah, en Arabie saoudite, où le président syrien doit retrouver les arcanes de la Ligue arabe pour la première fois depuis le début du conflit syrien, un groupe bipartisan de députés américains a introduit jeudi 11 mai un projet de loi visant à élargir les sanctions...

commentaires (2)

Comme le dit cet observateur anonyme, les sanctions prises n’ont jamais été appliquées avec sérieux alors pourquoi continuer à imposer d’autres. Assad sait qu’il pourra continuer ses crimes et piller le pays avec sa bande sans être inquiétés. Sérieusement, Les pays occidentaux veulent nous faire croire qu’ils sont là pour punir les crimes contre l’humanité en choisissant des subalternes et des exécutants du chef. Pourquoi ne pas s’attaquer à tête du serpent au lieu de sa queue. Assad continue à voyager et se déplacer en affichant son plus grand sourire de vainqueur sans être appréhendé. Alors qu’on nous explique en quoi consiste cette loi de condamner tout criminel qui peut tuer, massacrer et violer des centaines de milliers de ses propres citoyens sans qu’aucun responsable politique dans le monde n’ose lui demander son reste. C’est la porte ouverte à tous les dictateurs en herbe qui comptent singer les impunis puisqu’ils savent que les menaces des sanctions et des jugements ne sont que du vent.

Sissi zayyat

10 h 28, le 14 mai 2023

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Commentaires (2)

  • Comme le dit cet observateur anonyme, les sanctions prises n’ont jamais été appliquées avec sérieux alors pourquoi continuer à imposer d’autres. Assad sait qu’il pourra continuer ses crimes et piller le pays avec sa bande sans être inquiétés. Sérieusement, Les pays occidentaux veulent nous faire croire qu’ils sont là pour punir les crimes contre l’humanité en choisissant des subalternes et des exécutants du chef. Pourquoi ne pas s’attaquer à tête du serpent au lieu de sa queue. Assad continue à voyager et se déplacer en affichant son plus grand sourire de vainqueur sans être appréhendé. Alors qu’on nous explique en quoi consiste cette loi de condamner tout criminel qui peut tuer, massacrer et violer des centaines de milliers de ses propres citoyens sans qu’aucun responsable politique dans le monde n’ose lui demander son reste. C’est la porte ouverte à tous les dictateurs en herbe qui comptent singer les impunis puisqu’ils savent que les menaces des sanctions et des jugements ne sont que du vent.

    Sissi zayyat

    10 h 28, le 14 mai 2023

  • Des sanctions qui pourraient remettre en question le projet de pipeline , devant acheminer du gaz égyptien vers le Liban via la Syrie et la Jordanie... C'est dommage, maintenant d'une d'électricité par jour, nous ne beneficierons plus que de 55 minutes par jour, malheureusement ces sanctions sont totalement inadaptées et stériles, il faudrait renverser simplement cet individu et le poursuivre pour crimes...

    C…

    08 h 53, le 13 mai 2023

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