Le ministre sortant de l'Intérieur, Bassam Maoulaoui, a annoncé mardi de nouvelles mesures visant les réfugiés syriens au Liban, appelant les huit Mohafazat (gouvernorats) du pays à contribuer à une "campagne d'enquête nationale visant à recenser et à enregistrer les déplacés syriens", et à cesser de louer des biens immobiliers ou de délivrer des documents aux réfugiés non enregistrés.
Il s'agit de la dernière mesure en date dans le cadre d'une politique agressive à l'égard des réfugiés syriens au Liban et d'une augmentation des expulsions et de la rhétorique hostile aux réfugiés.
Dans un communiqué, M. Maoulaoui demande de "recenser et d'enregistrer tous les déplacés syriens résidant sur le territoire libanais". Selon son bureau de presse, toutes les mesures prevues dans la lettre de ministre seront transmises aux municipalités où vivent des réfugiés syriens.
Le ministre de l'Intérieur a également pressé tous les présidents des conseils municipaux, ainsi que le ministère de la Justice, de ne délivrer aucun document aux réfugiés syriens avant qu'ils n'aient fourni la preuve de leur enregistrement. Il a insisté sur le fait qu'il ne fallait pas "louer de biens immobiliers à des déplacés syriens avant d'avoir vérifié qu'ils étaient enregistrés auprès de la municipalité et qu'ils résidaient légalement au Liban". Le ministre a aussi réclamé une enquête sur le terrain de toutes les institutions détenues ou gérées par des réfugiés syriens et la vérification de leur possession de permis légaux.
M. Maoulaoui a également demandé au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) de clore définitivement les dossiers des réfugiés syriens qui retournent volontairement dans leur pays, et de s'abstenir de les rouvrir même s'ils rentrent de nouveau au Liban.
Négocier le rapatriement "immédiat"
Dimanche, le ministre sortant des Affaires sociales, Hector Hajjar, a mis en garde contre "une grande explosion entre les Libanais et les déplacés syriens au Liban" si les autorités ne réduisent pas les "tensions" sur cette question. "Si nous ne trouvons pas de solution pour réduire les tensions sur le rapatriement des déplacés syriens, on risque d'avoir une grande explosion entre les Libanais et les déplacés syriens au Liban", a prévenu M. Hajjar, dans un entretien à la chaîne locale LBC.
Le 26 avril, les autorités libanaises ont chargé plusieurs ministères de mettre en œuvre des mesures renforcées à l'égard des réfugiés syriens au Liban, après que ce dossier a provoqué des remous dans le pays. Elles ont aussi appelé le HCR à communiquer les données dont il dispose sur la présence syrienne au Liban et demandé aux services de sécurité d'empêcher toute entrée illégale au Liban en provenance de la Syrie.
Le ministre sortant de la Justice, Henri Khoury, a été chargé de négocier le rapatriement "immédiat" des réfugiés syriens et des condamnés. Le 25 avril, M. Maoulaoui avait publié une directive adressée à la direction générale des Forces de sécurité avec la mention "extrêmement urgent", dans laquelle il interdit "les manifestations de déplacés syriens et les contre-manifestations".
Le Liban a tenté, à plusieurs reprises, des rapatriements décrits comme volontaires, mais des groupes de défense des droits humains les considèrent forcés, affirmant que certains réfugiés ont été torturés et persécutés à leur retour en Syrie, où une guerre civile devastatrice a éclaté en 2011 poussant à l'exode des millions d'habitants, dont plusieurs centaines de milliers vers le territoire voisin du Liban.
commentaires (5)
Quid des syriens qui travaillent en tant que concierges d’immeubles ?
Lecteur excédé par la censure
09 h 18, le 03 mai 2023