La TVA applicable au Liban ne sera désormais plus calculée au taux officiel de 15.000 livres entré en vigueur le 1er février dernier, mais à un des trois taux différents proches du marché.
C’est ce qui ressort d’un décret pris en Conseil des ministres le 18 avril dernier et publié jeudi au Journal officiel, sur lequel le gouvernement a été très discret. L’Orient-Le Jour a pu faire confirmer l’information, qui circulait déjà sur les réseaux sociaux, via le service de presse du ministère des Finances.
Contacté, l’expert-comptable Nadim Daher, trésorier du Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais (RDCL), a déchiffré la décision pour notre journal.
Pour faire simple, un importateur calculera la TVA en livres à partir d’un produit dont le prix hors taxe est en dollar à un taux fixé par une décision conjointe du ministre des Finances Youssef Khalil et du gouverneur de la Banque du Liban (BDL) Riad Salamé. Il sera en principe aligné sur celui du dollar douanier. Le taux du dollar douanier – utilisé pour calculer les droits de douanes en livres – est actuellement de 60.000 livres pour un dollar mais il pourrait augmenter en mai.
Le même importateur ou un commerçant qui vend un produit ou un service à un autre commerçant appliquera le taux de la plateforme Sayrafa de la BDL, soit 86.500 livres pour un dollar selon l’actualisation d’hier. Si enfin un commerçant vend le même produit ou service à un client final (au détail), le taux applicable sera celui du marché, ce que le texte énonce de manière détournée. La même décision précise que la TVA applicable aux frais aéroportuaires et portuaires sera également alignée sur le taux de Sayrafa. Cette décision implique que pour un produit ou un service dont la valeur hors-taxe est calculée en dollar, les 11 % de TVA seront convertis en livres à un taux entre 4 et près de 6 fois supérieur qu’à celui actuellement appliqué, qui est lui-même 10 fois supérieur à l’ancienne parité officielle de 1.507,5 livres pour un dollar. « L’autre problème, c’est que les société vont devoir gérer une comptabilité avec plusieurs taux de change vu que le taux officiel est toujours de 15.000 livres pour un dollar », constate Nadim Daher.
Cela va donc fatalement se traduire par une hausse supplémentaire de l’inflation dans un pays qui importe l’essentiel de ses besoins. Selon les dernier chiffres officiels, l’inflation en mars a bondi de 33,27 % en rythme mensuel et de 263,84 % en rythme annuel. Près de 4 ans après le début de la crise au cours de laquelle la monnaie nationale a perdu plus de 98 % de sa valeur, l’inflation affiche un taux de progression à 4 chiffres.
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Et, malgré les casserolles qui lui traînent à la patte, et non des moindres (330 millions de noisettes au taux de 1 noisette pour 1 dollar), c'est toujours Uncle Riad et son acolyte Khalil qui mènent le bal en faisant la pluie et le beau temps sur les directives financières libanaises. Pauvre pays. Tu es perdu.
Ca va mieux en le disant
18 h 29, le 29 avril 2023