Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

« Khalil Gibran revient à New York après 100 ans » : une exposition éclair au Palais de verre à New York

L’accrochage rassemble une trentaine d’œuvres d’art ainsi que la première édition de son chef-d’œuvre « Le Prophète ».

« Khalil Gibran revient à New York après 100 ans » : une exposition éclair au Palais de verre à New York

Vue générale de l’exposition dédiée à Gebran Khalil Gebran au Palais de verre à New York. Photo S.Z.

« Khalil Gibran revient à New York après 100 ans », tel est le thème de l’exposition qui se tient pendant trois jours dans une des salles d’entrée du Palais de verre dans la mégalopole. Cette exposition de quelques jours rassemble une trentaine d’œuvres d’art, peintures à l’huile, aquarelles, dessins au fusain et autres médiums ainsi que la première édition de son chef-d’œuvre Le Prophète, agrémentée de douze illustrations originales de l’auteur, et aussi ses manuscrits, ses outils et pinceaux, sept carnets de notes manuscrites. Le tout provient du musée Khalil Gibran de Bécharré. Il s’agit d’un survol bien rapide pour ce poète et peintre libano-américain de renommée internationale. Parrainée par l’Université de Balamand en collaboration avec l’Université libanaise, le Conseil mondial de l’Amérique et le musée Gibran de Bécharré, et sous la houlette de la mission du Liban à l’ONU, « cette exposition dans les locaux des Nations unies n’implique pas l’approbation de l’ONU », affiche clairement cette institution.

Carnets de Gibran Khalil Gibran. Photo S.Z.

« Le Prophète » : un message de paix universel

Les œuvres de ce poète, écrivain et peintre s’articulent autour des thèmes de la famille, du mariage, de la femme, de la nature, de l’amour et de la religion. Le Prophète, un livre de 26 fables poétiques en prose écrit en anglais et publié en 1923 par Alfred A. Knopf, est son chef-d’œuvre le plus célèbre qui a marqué de nombreuses générations. L’exposition montre des fragments de cet ouvrage disposés dans un présentoir en verre. Un second présentoir en verre abrite ses manuscrits, ses carnets et ses outils et pinceaux.

Première édition du « Prophète » publiée en 1923 par Alfred A. Knopf. Photo S.Z.

Gibran Khalil Gibran meurt le 10 avril 1931 à New York, à l’âge de 48 ans. Le Prophète est entré dans le domaine public aux États-Unis le 1er janvier 2019. L’auteur a ordonné qu’à sa mort les redevances et les droits d’auteur sur ses documents reviennent à sa ville natale de Bécharré, au Liban. Le Comité national Gibran (GNC) de Bécharré, qui gère le musée Gibran fondé en 1935, est une société à but non lucratif détenant les droits exclusifs de gestion des droits d’auteur sur ses œuvres littéraires et artistiques.

La famille de Gibran, un tableau peint en 1914. Photo DR

« Le style et les idées ne font qu’un »

Les œuvres présentées au Palais de verre sont significatives. Elles reflètent la tendance picturale symboliste du début du XXe siècle. Les huiles, dessins au fusain, aquarelles et dessins aquarellés ont pour thèmes la nature, la femme, la femme et l’enfant, l’amour et la famille. Certains portraits et peintures sont signés et datés, d’autres ne portent ni signature ni date. Quelques œuvres exposées sont accompagnées de réflexions et d’impressions personnelles que Gibran Khalil Gibran décrit dans sa nombreuse correspondance avec Marie Elizabeth Haskell et son époux. Cette femme mécène qu’il a rencontrée à Boston deviendra une protectrice et une amie qui l’a soutenu financièrement. En 1908, grâce à son soutien, il part étudier l’art à Paris. C’est dans la Ville lumière qu’il étudie auprès d’Auguste Rodin. Après la mort de Gibran, Haskell achète le monastère Mar Sarkis au Liban pour l’enterrer, et dans son testament, Khalil Gibran lui léguera son atelier. Haskell a fait don des écrits de Gibran, qui comprenaient ses lettres intimes, à l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill.

Vue générale de l’exposition dédiée à Gibran Khalil Gibran au Palais de verre à New York. Photo S.Z.

Il est intéressant de lire les notes qui accompagnent certaines œuvres picturales exposées sur les cimaises de l’ONU. L’Automne, une huile signée et datée, a été présenté au Salon du printemps de 1909 au Grand Palais à Paris. « L’ouverture du Salon a été un grand événement. Je n’ai jamais vu une telle foule de ma vie, ni vu un tel enthousiasme. Parlant du Salon, la plupart des journaux français ont mentionné mon nom avec d’autres artistes que j’aurais volontiers voulu comme professeurs. L’Automne fait plutôt joli sur les merveilleux murs du Grand Palais, » écrit-il à M. Haskell, le 10 mai 1909.« L’Automne », une huile de Gibran Khalil Gibran présentée au Salon du printemps en 1909, au Grand Palais à Paris. Photo DR

La femme et la nature ont pour ce peintre une signification particulière. La Femme dans la nature est une peinture non signée et datée « Ca. 1914 ». Le peintre décrit ainsi sa vision : « Quel profit y a-t-il à imiter la Nature alors qu’elle est ouverte et si accessible à tous ceux qui voient et entendent ? Le travail de l’art est plutôt de comprendre la nature et de révéler ses significations à ceux qui ne peuvent pas comprendre (...) La mission de l’art est de faire ressortir l’inconnu du plus familier. » Et pour l’œuvre La Femme découvrant la nature, une huile signée et datée de 1912, il écrit à Mme Haskell : « Il est difficile de séparer le style du sujet. Ce qu’un homme veut dire détermine comment il le dit. S’il a une vision de la vie, il nous présente toujours cette vision sous différentes formes. Nous nous contredisons inconsciemment quand nous disons que nous aimons le style d’un homme et pas ses idées. Le style et les idées ne font qu’un. »

Gibran a aussi beaucoup peint des portraits de femmes et de sa famille et a réalisé des autoportraits. Au sujet de la toile intitulée La famille de l’artiste (Ca. 1914), il écrit à Marie Haskell, le 6 janvier 1909 : « Il y a vingt-six ans, je suis né ce même jour, il y a vingt-six ans. J’ai déjà fait vingt-six voyages autour du soleil – et je ne sais combien de fois la lune a voyagé autour de moi –, et pourtant je ne comprends pas le mystère de la lumière. Aujourd’hui, j’entends les voix de toutes les grandes et petites âmes qui ont contribué à la fabrication de mon âme. La mémoire m’apporte toutes les ombres des jours et des nuits passés. » Quant à l’œuvre au fusain intitulée Quatre faces (1915), Khalil Gibran précise dans sa correspondance à Mme Haskell : « La seule façon de travailler est de tout faire avec le meilleur qui est en vous. Avec le plus profond du cœur et avec les yeux qui sont la fontaine des larmes (…) S’il y a quelque chose dans mon travail qui attire les gens, c’est probablement ce quelque chose qui parle de la solitude en chacun de nous. » L’art et la poésie pour Gibran ont été un exercice spirituel, un pont entre la matière et l’esprit, un moyen d’élever l’homme à la connaissance divine. « L’art est un pas de la nature vers l’Infini. » L’art pictural est la contemplation de la beauté humaine, la manifestation de la perfection sensible, perçue dans sa nudité – le nu étant pratiquement le seul sujet dans la peinture de Gibran –, preuve de la réalité immanente du Créateur présent dans ses créatures.

Bio express

Enfant de l’exil, toute sa vie Khalil Gibran fera de son art un lien entre l’Occident et l’Orient. Né le 6 janvier 1883 à Bécharré, au Liban, le jeune Gibran, issu d’un milieu modeste, son père ayant appauvri la famille, immigre avec sa mère et ses frères et sœurs aux États-Unis en 1895. À Boston, il intègre une classe destinée aux immigrés et suit en parallèle des cours dans une école d’art. Doué, il est très vite remarqué par un professeur qui le présente au photographe et éditeur F. Holland Day. À l’âge de 15 ans, il retourne vivre quatre ans au Liban afin d’étudier à l’école la Sagesse à Beyrouth. Il revient à Boston en 1902 et y expose ses premiers dessins en 1904 au studio Day. Avec l’aide financière de sa bienfaitrice nouvellement rencontrée Mary Elizabeth Haskell, il étudie l’art à Paris de 1908 à 1910. En 1911, Gibran s’installe à New York. Il correspond également avec May Ziadé depuis 1912. Il meurt à l’âge de 48 ans en ayant acquis une renommée littéraire des « deux côtés de l’océan Atlantique ».

« Khalil Gibran revient à New York après 100 ans », tel est le thème de l’exposition qui se tient pendant trois jours dans une des salles d’entrée du Palais de verre dans la mégalopole. Cette exposition de quelques jours rassemble une trentaine d’œuvres d’art, peintures à l’huile, aquarelles, dessins au fusain et autres médiums ainsi que la première édition...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut