Si l’inflation atteint son paroxysme au Liban de nos jours, si le pays est plongé dans une léthargie profonde voire un coma, si le gouvernement subit un morcellement continu, c’est bien à cause du peuple. Mon annonce délibérée, à une époque où ce n’est que le peuple qui en prend des coups d’ici et là, pourrait être similaire à un paradoxe, certes, mais elle ne l’est pas. Au tout début de leur marche, lorsque qu’ils sentaient vivre dans le dénouement total, dans la misère, le peuple ne faisait apparaître que des prémices d’une révolution. Le 17 octobre 2019 une escarmouche de révolution… l’espoir de renverser cette ploutocratie en héritage se dissipait au fur à mesure que les protestateurs se retiraient d’affaire. Nos rebelles, se voulant sauveurs de la situation déliquescente du pays, se tournaient vite vers leurs chefs adorés des partis qu’ils ont tant soutenus ces années, et ne reconnaissaient plus leur mobilisation commune pour leur unique intérêt : détrôner ces gouverneurs au jeu macabre. Ils tentaient à l’encontre de cela de les émuler, de les représenter dans leur foule qui revendiquait vouloir briser les chaînes qui retiennent notre pays, de se redresser et d’aller de l’avant. Il est cependant bien dommage de devoir penser que l’espoir d’une vraie révolution fasse à présent partie de la dimension onirique.
Car même lorsque le pays vit un marasme important tant à l’échelle économique que sociale, et un long parcours de trépidations, et que tous ces faits font une parjure envers la nation, il reste l’espoir en toutes les émotions et l’énergie que ce soulèvement a dégagées et qui ne pourraient en aucun cas être dissipées. Il reste aussi l’espoir de triompher de cette injustice continue. Seulement attendre ne fera qu’embrumer une situation déjà ombrageuse. C’est en la jeunesse que réside l’espoir d’un Liban qui renaît de ses décombres, qui refleurit et sublime son image d’un pays combattant aux yeux des pays qui ne pouvaient l’imaginer autre qu’une nation en constantes crises comminatoires. Pour avoir que n’est-ce qu’une lueur d’espoir il faut de la diligence, de la rapidité à agir et un exutoire efficace envers ces dépravés auxquels nous avons été assermentés maintes années.
Le Liban, « la Suisse du Moyen-Orient », reste fort au cœur de l’action et du monde. Même lorsque l’impression de la déshérence domine la vie politique et la pensée du peuple… Garder en tête le redressement après la faiblesse est source de notre notoriété !
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